Les activités des tribunaux sont presque paralysées depuis ce matin: les 450 procureurs de la Couronne et les 1000 avocats et notaires du gouvernement sont en grève. Ils réclament que leur salaire soit ajusté à la moyenne canadienne, qui est de 35% à 40% plus élevé. Le gouvernement Charest estime qu'il ne peut accéder à leur demande pour être équitable avec les autres employés de l'État. Qu'en pensez-vous?

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Vivre selon ses moyens

Si l'on puisait dans les fonds réservés pour les bonis des hauts fonctionnaires ou dans les généreuses primes de départ de nos élus qui détiennent déjà les salaires les plus élevés comme députés provinciaux, on aurait sûrement une base intéressante pour mieux payer les procureurs qui nous représentent devant les tribunaux. Ce secteur n'est que la pointe de l'iceberg. Le monstre gouvernemental doit être révisé et aminci, afin de redistribuer adéquatement les taxes que l'on puise allègrement dans notre portefeuille. On doit arrêter d'acheter les votes avec des luxes qu'on ne peut se payer. Le gouvernement doit agir comme le contribuable, c'est-à-dire vivre en fonction de ses moyens et non de ses rêves.

Andrée Carle

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La négociation avant tout

Partout au Québec, les 450 procureurs aux poursuites criminelles et pénales du Québec ont déclenché la grève, mardi matin. Ils réclament un rattrapage salarial de 40% par rapport à leurs homologues du reste du pays. Par contre, le gouvernement nie cet écart et parle plutôt d'une différence de salaire de 10% à 12%. Personnellement, je crois que le gouvernement a la capacité financière pour répondre en grande partie aux demandes des procureurs. En effet, au sommet de l'échelle, les procureurs québécois gagnent 102 700$, alors que leurs collègues des autres provinces reçoivent entre 135 000$ et 140 000$ et il manquerait 200 procureurs au Québec. Les procureurs auraient pu débrayer à l'expiration du contrat de travail en avril 2007, mais l'adoption de la loi 43, fixant les conditions de travail dans la fonction publique, en décembre 2005, avait cependant privé les procureurs du droit à la négociation jusqu'en avril 2010. C'est une nouvelle négociation qui s'enclenche, mais malheureusement elle se fait encore par la peur et publiquement. Le gouvernement libéral de Jean Charest doit arrêter de se cacher et négocier de vraies conditions de travail pour tous les employés de l'État.

Jocelyn Boily, Québec

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La capacité de payer des contribuables

Je travaille comme préposé aux bénéficiaires depuis 27 ans. Mon salaire, après toutes ces années, est de 18,50$ l'heure. Dernièrement, le gouvernement de Jean Charest nous a accordé pour la première année (avec la bénédiction des centrales syndicales) de la convention collective qui n'est pas encore signée, un mirobolant 0,5% d'augmentation. J'adore mon boulot et mes patients me valorisent et me donnent la force de continuer malgré les ratées d'un système qui est de moins en moins centré sur les besoins humains et de plus en plus sur les attentes budgétaires. Les procureurs de la Couronne, tout comme les médecins omnipraticiens et spécialistes, ainsi que les policiers, se retrouvent toujours en négociations après les quelque 500 000 fonctionnaires provinciaux dont je fais partie et profitent chaque fois d'augmentations supérieures aux nôtres. Dans le réseau de la santé, le Conseil des services essentiels, en cas de grève, établit à 90% le ratio d'employés nécessaires au bon fonctionnement de nos centres hospitaliers. Ce ratio irréaliste fait en sorte que certains hôpitaux se retrouvent avec un plus grand nombre d'intervenants lors d'une grève. Le même organisme demande aux procureurs de la Couronne de garantir que 50 d'entre eux, sur 450 soient présents en cas de grève. Or, qui entre les procureurs et les infirmières a un plus grand rapport de force? C'est du pareil au même à chaque séance de négociations. Que ce soit la sacoche de Mme Jérôme-Forget ou la capacité de payer de M. Bachand, les travailleurs de la santé et de l'éducation sont toujours ceux qui doivent faire les frais de l'incompétence et de l'incapacité de ce gouvernement à tenir tête aux policiers, médecins et procureurs. Raymond Bachand, qui affirme sans rire que son gouvernement fera 62% de l'effort budgétaire, sera-t-il assez courageux pour offrir, comme il l'a fait avec moi, 0,5% d'augmentation aux procureurs du Québec? J'en doute. Les centrales syndicales qui se targuent d'avoir une bonne entente négociée, fixant mes conditions de travail et salariales, vont-elles, en mon nom ainsi qu'au nom de mes consoeurs et confrères, dénoncer haut et fort les demandes que font les procureurs? J'en doute aussi. Et moi qui croyais que j'étais indispensable dans ce dédale administratif qui ne tient pas compte de ma dévotion et ma compassion envers mon prochain. Que de naïveté!

Jean Bottari, Saint-Mathias-sur-Richelieu

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Des revendications légitimes

D'abord, sachez que la demande des procureurs et juristes de l'État n'est pas d'obtenir 40% d'augmentation, comme le laisse entendre le gouvernement (qui, par cette affirmation, ne cherche qu'à s'attirer la faveur du public), mais bien de mettre sur pied un comité indépendant qui sera chargé de fixer le salaire de ces derniers en considérant le marché pancanadien et les capacités de payer de l'État. Bien entendu et depuis le début, le gouvernement réfute cette demande en sachant très bien qu'il y a de fortes chances que l'augmentation soit plus substantielle que ce qu'il aura négociée. De plus, le recours à des services juridiques se paie à fort prix. Actuellement, si l'État mandatait des firmes d'avocats privées pour combler ses besoins, les coûts représenteraient de trois à quatre fois la facture des services offerts par les procureurs et juristes actuellement en place. En sommes, oui, les services offerts par les procureurs et les juristes demeurent coûteux, mais ils sont essentiels et demeurent abordables, même une fois les salaires ajustés. C'est pourquoi je considère les revendications des procureurs et juristes tout à fait justifiées, non seulement pour assurer le bon fonctionnement actuel de l'appareil juridique de l'État, mais aussi pour en assurer son avenir, ce qui est loin d'être garanti, considérant la maigreur des salaires, car actuellement, l'intérêt et la vocation pour ce cadre de travail sont les seuls arguments de conviction à joindre la fonction publique. Je dis donc à Mme Courchesne et M. Charest de mettre leurs culottes et d'endosser les revendications légitimes des procureurs et juristes de l'État.

Steve Raymond

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Québec: professionnels à rabais

Le Québec commence à se distinguer sur la scène nationale par son mépris des professionnels travaillant pour le public et le parapublic. La question de la rémunération et du nombre des procureurs et des autres légistes du gouvernement ne date pas d'hier. Mais ce matin, la vice-première ministre Normandeau faisait preuve d'une mauvaise foi crasse et mensongère, en mettant en doute la bonne foi des procureurs dans le processus de négociation et la pertinence de la grève, comme si leur action était précipitée après des années à laisser traîner les choses. Ce gouvernement persiste et signe. Un autre groupe de professionnels est en train de cheminer laborieusement vers une équité salariale selon le diplôme, soit les psychologues du réseau de la santé. Ils reçoivent le même salaire avec un doctorat, qui est obligatoire depuis quelques années, qu'une travailleuse sociale avec un baccalauréat. Le réseau est en train de perdre ses professionnels à un rythme en augmentation constante. L'écart de salaire avec certaines provinces est pratiquement du simple au double. Je suis prêt à parier que, pour ce gouvernement, ceci n'est pas un problème à régler. Que dire des conditions de travail des enseignants et des infirmières? Enfin, que dire des professionnels qui arrivent d'autres pays, et qui travaillent bien en dessous de leurs qualifications? Qu'est-ce qui se passe dans la mentalité québécoise, dans nos gouvernements, pour que les professionnels soient si peu valorisés, au contraire des gens d'affaire et autres entrepreneurs en construction?

Éric Michel

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Des acteurs indispensables

Les demandes des procureurs de l'État sont plus que raisonnables. Le gouvernement ayant bâillonné les procureurs lors de la précédente grève, quoiqu'illégale, le conflit que l'on vit aujourd'hui n'est que la réapparition de problèmes structurels qui perdurent depuis des années au sein du ministère de la Justice. Lorsque l'on sait que la charge de travail du procureur québécois est presque le double de son confrère ontarien; lorsque l'échelle salariale commence à environ 50 000$, alors qu'au privé, elle commence à 70 000$, lorsque cette même échelle est plafonnée à 103 000$ au Québec, alors qu'en Ontario elle l'est à 195 000$; lorsque les jeunes quittent en trombe après une courte carrière pour se diriger en pratique privée; lorsque le gouvernement refuse d'embaucher, alors que la demande le justifie depuis des décennies; vous en conviendrez qu'il est grand temps que l'on accorde une plus grande priorité aux procureurs de l'État, ces acteurs indispensables du système de justice.

Michael Lu

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Sans justice, le chaos

Si la santé et l'éducation sont des secteurs importants au Québec, dites-vous que la justice l'est presque autant. Sans justice, ce serait le chaos. Donc, le gouvernement n'a pas d'autres choix que de faire un bout de chemin dans un rattrapage salarial de l'ordre d'environ 25% sur cinq ans et d'engager environ 100 procureurs au cours de l'année qui vient. Le gouvernement ne comprend pas le principe de négociation. Il pousse souvent ses employés à des mesures de derniers recours, et ensuite, il est lui-même coincé. Pour financer la justice, le gouvernement pourrait doubler les frais chargés en cour, doubler les amendes données par les juges, car il y a trop de monde qui conteste les billets de contraventions et autres petits méfaits, ce qui bloque les cours de justice.

Carol Vermette

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Un salaire mérité

Les procureurs de la Couronne méritent un salaire supérieur aux autres avocats et leur nombre devrait être suffisant. Les autres avocats, notaires et grattes papier glorifiés n'en méritent pas tant.

Yvon Porlier