D'après le premier ministre Jean Charest, si le décrochage scolaire est aussi élevé au Québec, c'est parce que les parents ne jouent «pas assez» leur rôle auprès de leurs enfants. Êtes-vous d'accord avec ses propos?

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VOS COMMENTAIRES

Former de bons citoyens

Le décrochage est selon moi le résultat d'un échec social. Depuis plusieurs années, la société s'est laissé bercer dans une tendance de non-responsabilité à tous les niveaux. Nous avons enlevé toute responsabilité aux individus, aux entreprises, aux politiciens des erreurs commises. Les additions de réformes scolaires ont suivi cette tendance en retirant les bulletins chiffrés, ont laissé aller la discipline dans les écoles reflétant le manque de responsabilisation de la société. Les réformes scolaires devaient aider à une évolution et nous nous rendons compte que toutes les réformes scolaires ont été un échec total; nous avons même adopté une réforme scolaire d'un pays étranger qui avait même à l'époque conclu que c'était un échec. La société québécoise est malade de se positionner, a peur de ses racines, a peur de s'investir, a peur de travailler fort, a peur d'en faire un peu plus. Le décrochage, à mon avis, est le reflet de cette société. On a voulu créer des classes uniformes sans prendre en considération les besoins spécifiques de chaque enfant. L'intégration d'enfant à problème dans des classes aurait pu créer une synergie intéressante avec un programme solide d'entraide entre les enfants. Les compétences transversales auraient eu finalement du sens. Encore une fois, ce fut un échec, car on a oublié de donner les ressources nécessaires afin d'aider les enfants ayant des besoins particuliers. Qu'a-t-on donc créé? Des classes où le professeur est complètement brûlé et n'arrive pas à enseigner une matière, tout en répondant aux besoins particuliers des enfants qui en ont besoin et qui, par le fait même, ralentiront toute la classe s'ils obtiennent un peu plus d'attention ou prendront plus de retard, car ils seront encore plus frustrés du manque d'encadrement. Notre famille reconstituée compte quatre enfants de 10 à 20 ans. J'ai donc vu les réformes scolaires qui ont apporté des changements inutiles et confondants pour les enfants. On a oublié de leur apprendre ce qu'était une saine compétition. On a oublié la base de ce qu'est la société; un ensemble d'individus différents avec des aptitudes, des compétences et des goûts différents. Maintenant, l'école enseigne à chaque élève la même chose, sans prendre en considération leurs aptitudes, leurs compétences et leurs différences. Comment se fait-il donc que l'on soit surpris de l'échec? On en conclut donc que les parents ont une grosse part de responsabilité. Cela me faire rire et je reviens donc au premier point. Les parents d'aujourd'hui reflètent notre nouvelle société non responsable, où tous les autres sont blâmés, sauf nous. Le programme académique actuel ne s'adresse qu'à une infime partie des élèves, ceux pour qui il est facile d'apprendre et qui aiment apprendre. Les enfants manuels, artistiques, ayant des déficits ou autres se perdent dans ce programme, car il ne s'adresse pas à eux. On a enlevé les cours manuels au secondaire. Pourquoi est-il si important de viser des études collégiales et universitaires? Pourquoi ne pas préparer nos jeunes, dès l'âge au secondaire, de leurs possibilités dans la vie, de leurs aptitudes encore méconnues, de leur faire découvrir des métiers manuels, de les aider à se découvrir et non seulement d'apprendre des cours inutiles qui ne le serviront pas dans la vie? Le collégial devrait être le tremplin des connaissances approfondies pour ceux que ça intéresse d'en savoir plus et concentrer le secondaire pour faire de nos enfants québécois de bons citoyens débrouillards, qui ont le gout de travailler pour se dépasser et non des jeunes blasés de la vie, ne sachant pas quoi faire de leur peau et n'ayant aucun autre intérêt que les jeux vidéos. Le défi est grand et les parents ne reflètent que la société blasée, qui ne croit plus dans le système scolaire ou dans les politiciens. Comment voulez-vous qu'ils soient les accompagnateurs de ces enfants lorsqu'ils savent qu'ils sont à contre-courant de toute la société? Tout le monde a sa part de responsabilité dans le décrochage et, à mon avis, la problématique relève du programme d'éducation jumelé à la responsabilité des parents. Le programme est malade. Comment voulez-vous que les parents se sentent responsables? Je ne vois pas le jour où un gouvernement fera du programme d'éducation un programme adapté à la réalité des besoins des enfants et je trouve cela malheureux. Je termine en constatant qu'il est triste que nos enfants aient été des victimes de réformes inadéquates et que nous ayons eu tellement peur de rester un peuple de misère des années 1900 que nous avons oubliée les bases de ce qui fait un individu un bon citoyen.

Carole Lavallée, Candiac

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Assumons nos choix

D'après le premier ministre Jean Charest, si le décrochage scolaire est aussi élevé au Québec, c'est parce que les parents ne jouent pas assez leur rôle auprès de leurs enfants. Je ne suis pas prêt à dire que les parents sont responsables de ce désastre. Le Québec est tellement taxé et imposé que les parents n'ont pas d'autre choix que de travailler pour avoir un peu d'argent et c'est ce que les gouvernements voulaient. C'est pour cette raison que le système de garderies fut instauré. Mais le parent qui revient de son travail fatigué ne sait pas tout ce que son jeune fait. Plutôt que d'encourager le deuxième parent à travailler pour en récolter des impôts, nos gouvernements devraient encourager le parent qui reste à la maison pour s'occuper de ses enfants afin qu'il ne décroche pas, car n'oubliez pas que ce sont nos futurs contribuables. Alors, mieux vaut investir dans notre avenir, mais la société a décidé d'investir dans les garderies pour que les deux parents puissent travailler, alors il faut assumer vos choix chers Québécois.

Pierre Durocher, Trois-Rivières

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J'approuve

Comme politicien et premier ministre, je ne suis pas l'un de vos partisans. Ce matin cependant, je prends connaissance de votre déclaration sur le décrochage scolaire et là, je vous approuve. L'éducation des enfants passe en premier par les parents. Je suis parent de quatre jeunes adultes diplômés, trois universitaires et une au niveau collégial. Mon épouse et moi avons refait notre primaire et notre secondaire et notre collégial. Nous connaissons le milieu universitaire après y avoir été impliqués trois fois. Pour nous rendre là,  mon épouse a quitté le travail après la naissance de notre deuxième, car les garderies étaient trop chères à 140$ pour deux enfants et cela, sans reçu. Nous avons consacré notre temps à leur faire aimer l'école et à y trouver du plaisir. Ils nous ont fait voyager à travers la province avec leurs activités parascolaires, tout cela à nos frais. Aujourd'hui, avant de naître, un enfant doit réserver sa place en garderie à 7$, et les parents ont droit à un congé d'un an rémunéré. Il faut ensuite les placer à la garderie de l'école et puis, les petits déjeuners sont servis gratuitement dans plusieurs endroits et n'oublions pas les camps de vacances à l'été. Au niveau primaire et le secondaire, les parents ont besoin d'être de bons gestionnaires pour planifier toutes ces activités éducatives. Quel est le rôle de parents en 2010? Blâmer les intervenants qu'ils ont choisis pour éduquer l'enfant quand ça ne va pas bien ou prendre le temps d'éduquer l'enfant? L'État donne-t-il trop au parent pour lui permettre d'avoir une carrière tout en lui permettant de délaisser le devoir fondamental de parent? Aujourd'hui, nous sommes fiers de nos enfants et eux sont fiers de leurs parents pour les efforts que nous avons faits.

Raymond Desjardins

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Nous n'avons pas tous les torts

Je n'accepterai jamais ce genre de propos tout à fait erroné de mon premier ministre et je veux savoir sur quoi sont basées ces affirmations, qui ne me semblent que des paroles en l'air, sans fondement. Je crois que la majorité des parents font ce qu'ils peuvent pour que leurs enfants poursuivent leurs études. Que nous soyons nantis ou non, que nos enfants fréquentent l'école privée ou publique n'a aucune importance. Un enfant qui veut apprendre sera motivé. Tous les outils sont là, il ne lui reste qu'à les utiliser. À lire certains d'entre vous, on jurerait que vous êtes en mesure de décider pour votre adolescent et qu'il n'a pas droit de parole. Si un jeune décide qu'il en marre de l'école, il n'ira pas. Point! Parce que ce sont des enfants rois et ils ont eu tout ce dont nous avons été privés et plus encore! Très jeunes, ils veulent l'autonomie, trouver un boulot et faire de l'argent. Ils sont endoctrinés pour notre beau système de surconsommation. Nos valeurs fondamentales ont fondu rapidement et tout doit aller rapidement. Ils sont drôlement brillants nos enfants, mais je me demande s'ils auront compris quelque chose de fondamental de notre bref passage ici-bas.  

Annick Côté, Saint-Jérôme

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Je n'en reviens simplement pas

Mes fils ont 28 et 25 ans et l'un d'eux est un décrocheur. Encore aujourd'hui, je sais que mon fils n'aimera jamais le système scolaire. Ce n'est pas fait pour lui. Il est toutefois retourné à l'école et il étudie en soutien informatique. Mon autre fils a terminé le collégial et il va aller à l'université. Je peux vous avouer que je suis le genre de mère à encourager les études et à soutenir mes fils, sans toutefois les aider à faire leurs devoirs. Il faut dire que je préfère l'époque, des bulletins chiffrés et des devoirs, le soir venu, au lieu d'une liste complète des devoirs pour la semaine, ce que je trouve très décourageant pour certains enfants! Alors, je ne pense pas que je suis la seule responsable dans le décrochage de mon plus jeune! M. Charest, nous savons tous que les parents ont leur rôle à jouer dans l'éducation de leurs enfants! Vous n'apprenez rien à vos citoyens! Pourquoi cette attaque? Donnez-nous votre soutien! Ce que vous faites présentement, c'est simplement nous lancer la balle, faute d'idée. En bonne Québécoise je vais la prendre, et pendant ce temps j'espère que vous aussi M. Charest, vous allez prendre vos responsabilités!

Lynn Garand

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Tellement d'argent

J'espère que les gens vont voir dans le message de Jean Charest la face cachée. Pour ma part, j'y ai vu un aveu de perdant face à l'immense somme d'argent investie dans le système d'éducation depuis son élection. Informez-vous de tout les gens qui gravitent autour des élèves supposément en difficulté et posez-vous des questions si le fameux montant énuméré est investi au bon endroit....

Mario Allaire

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Une mesure trop simple

C'est bien vrai que trop de parents ne sont pas présents pour encourager leurs enfants à étudier. Pour bien des familles, l'importance des études est reléguée au niveau inférieur. Toutefois, avec des classes de 30 étudiants, sans compter les cas de comportements difficiles, d'intégration, etc., il est impossible de faire progresser une classe normalement. On comprend alors pourquoi les biens nantis envoient leur progéniture dans les établissements privés. Si le gouvernement a vraiment à coeur d'amener les jeunes à poursuivre des études, il devrait réduire le nombre d'étudiants par classe et aussi tenir compte des étudiants en difficulté dans ces classes. Mais il s'agit sans doute d'une mesure trop simple, que ni le gouvernement et encore moins les syndicats ne semblent disposés à reconnaître.

F. Martel

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Non, non et non!

Nos enfants passent plus de temps à l'école qu'à la maison et celle-ci est là pour les élèves et non pas le contraire. Les parents doivent confier, par la loi, leurs enfants à l'école et aux programmes du ministère de l'Éducation, aux commissions scolaires, aux enseignants et finalement à tout un système social politique en place qui, en fin de compte, mettrait sur les épaules des parents l'ultime responsabilité des échecs scolaires pour des enfants sous l'emprise de la société bien avant la famille. Ceux-ci sont toujours en 2010 sous la gouverne d'une super instance chaotique, dont font les frais nos enfants et leurs parents, quand on pense que même au cégep, un autre système unique et révolu et à l'Université, il y a de multiples changements de va-et-vient mettant en cause une structure éducative toujours bureaucratique et farfelue, dont même les élèves sortant du système ne maitrisent toujours pas le français, pourtant enseigné dès la première année. Non, parents ne peuvent faire des miracles entre 19 h et 21 h, soit juste après le souper et avant les préparatifs du coucher. Bien des parents à bout de souffle aimeraient eux aussi faire comme bien des gens nantis et confier le temps si précieux de l'éducation au système privé, offrant les bons outils pour parvenir au succès. Nous avons quatre enfants ayant eu à 16-17 ans le super diplôme de secondaire V. Maintenant, l'un est à l'université, deux sont au cégep et un autre est diplômé en construction

Alain Geoffroy, bachelier en administration des affaires

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Analphabétisme au Québec

Bien des parents ont à coeur la réussite de leurs enfants. Votre récente déclaration imputant la responsabilité du décrochage scolaire des enfants québécois à leurs parents a de quoi choquer les personnes peu alphabétisées qui fréquentent les organismes de notre réseau. Vous n'êtes pas sans savoir, monsieur Charest, que 1,3 million de Québécois âgés de 16 ans et plus ont de graves difficultés avec la lecture et l'écriture selon l'Enquête internationale sur l'alphabétisation et les compétences des adultes réalisée en 2003. Ignorez-vous que parmi celles-ci, un grand nombre exercent un rôle parental? Doutez-vous vraiment du désir profond qu'ont ces parents que leurs enfants obtiennent et développent toutes les connaissances et tous les outils nécessaires à leur réussite? Ces connaissances qui permettraient à leurs enfants de quitter la pauvreté et l'exclusion dont ils sont eux-mêmes souvent victimes? Les travailleuses et travailleurs de notre réseau, eux, n'en doutent pas, puisque tous les jours ils sont témoins de leur détermination et de leur volonté. Vous n'avez pas, monsieur Charest, à dire aux personnes peu alphabétisées que les enfants apprennent de leurs parents, qu'ils suivent l'exemple de leurs parents. Ils le savent déjà très bien. Pour ces nombreux Québécoises et Québécois, c'est une des raisons qui les incite à entreprendre courageusement, à l'âge adulte, le défi d'une démarche d'apprentissage dans un groupe populaire en alphabétisation. Et c'est ici que vous devez prendre vos responsabilités, monsieur Charest, en tant que plus haut représentant de la population québécoise. Ces nombreux parents vous rappellent vos devoirs, dont ceux de ne pas ignorer les milliers d'adultes peu alphabétisés et de mettre en place les ressources adéquates pour contrer l'analphabétisme. Car pour eux, le lien entre le décrochage scolaire, l'analphabétisme, la pauvreté et l'exclusion est évident. Concrètement, monsieur le premier ministre, quels moyens avez-vous développés pour permettre un système scolaire qui accueille la différence au lieu de l'exclure? Quelles mesures avez-vous prises pour faciliter financièrement la participation des adultes à une démarche d'alphabétisation? Que faites-vous pour consolider l'effort des groupes populaires en alphabétisation au Québec, dont l'expertise est reconnue depuis plus de 30 ans? Monsieur Charest, vous ne pouvez pas ignorer les liens entre la lutte au décrochage scolaire, la lutte à l'analphabétisme et la lutte à la pauvreté. Quelles responsabilités vous reconnaissez-vous en tant que premier décideur politique du Québec pour contrer ces problèmes?

Christian Pelletier, coordonnateur du Regroupement des groupes populaires en alphabétisation du Québec (RGPAQ)

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La faute du voisin

Les parents n'aident pas assez les jeunes à la maison, les enseignants n'ont pas eu accès à la bonne formation pour le renouveau pédagogique, les bulletins sont trop «intellectuels», la ministre ne fait pas suivre les bons financements aux bons postes, les commissions scolaires sont déficitaires et ne savent plus ou donner de la tête, nommez-les, ils sont trop nombreux. Ce que mes 36 ans de métier et ma formation continue liée à mon travail d'enseignant-chercheur m'ont permis de cerner, c'est que le fonctionnement de l'école actuelle demande à l'élève de s'adapter à l'école, de s'adapter à l'enseignant, de s'adapter au système. Trop de fois, j'ai vu les enseignants de mes enfants penser qu'ils ne travaillaient pas assez fort, alors qu'ils sont seulement lents d'apprentissage. Trop de fois comme consultant, j'ai vu des parents penser, tout comme les enseignants de l'élève que j'évalue, qu'il est paresseux, alors qu'il est seulement lent d'apprentissage. Et pourtant, le «système» les oblige à aller vite, les oblige à agir d'une manière incompatible avec leur fonctionnement, les évalue comme pas intéressés, paresseux, et les «expulse» indirectement en les faisant doubler, accumuler du retard, les fait décrocher de l'école à laquelle ils ne peuvent s'adapter. Je vous donne un exemple d'adaptation qui fait regimber le système, car la pédagogie traditionnelle se base souvent sur d'anciennes représentations qui, anciennement, cherchaient à reconnaître les meilleurs pour en faire des comptables, des médecins, des avocats. Qui a déjà étudié avant une dictée donnée par l'enseignant? Poser la question, c'est y répondre : personne. Pour l'élève en difficulté, l'enseignant remet à l'élève la dictée une ou plusieurs journées à l'avance. Celui-ci, avec l'aide des parents (qui en majorité, dans ce contexte, se sentent compétents et utiles), va faire et refaire la dictée jusqu'à ce que l'élève ait une meilleure maîtrise. L'élève veut même la pratiquer la fin de semaine pour réussir et se faire dire en classe qu'il passe plutôt que de se faire «classer» encore en échec. Ce que j'expérimente depuis quelques années auprès de cette clientèle et qui fonctionne très bien pour l'estime de soi, l'amélioration des connaissances et l'application dans un texte. Mais les «purs et durs» de la pédagogie traditionnelle n'arrivent pas vraiment à comprendre cette adaptation aux capacités de l'élève, car on nivelle par le bas, nous répètent-ils. Je peux cependant affirmer (c'est trop facile à démontrer) que l'élève qui travaille d'arrache-pied sa dictée à la maison ne peut que s'améliorer et cherchera alors le plus souvent à s'améliorer. Son estime de soi sera meilleure et ses parents et ses enseignants ne penseront sans doute plus qu'il est paresseux : lent, mais pas paresseux. Il faut donc se creuser les méninges pour changer la pédagogie traditionnelle pour une pédagogie de la maîtrise. On peut reproduire cet exemple dans les autres matières. La peur du «système», c'est fort possiblement que des élèves moyens ou rapides profitent du système d'aide à l'apprentissage tel qu'exposé plus haut. Mais cette peur ne devrait pas et ne doit pas faire «éjecter» de l'école par l'abandon scolaire les élèves plus lents d'apprentissage. C'est un choix «humanitaire» qu'il faut souhaiter, pas un choix «traditionnel».

Jacques Tétreault, maîtrise en psychopédagogie conseiller en apprentissage et auteur de «Apprentissage lent et intelligence»

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Pathétique

Je suis entièrement d'accord avec les propos de M Charest. Beaucoup trop de parents sont inadéquats au Québec. La preuve : nos enfants. Élever un enfant pour qu'il soit autonome dans une société comme la nôtre requiert des parents responsables, qui sont eux-mêmes autonomes. La plupart des diplômés universitaires placent leur carrière en premier et ne font pas d'enfants. Ceux qui n'ont pas d'éducation ou de civisme en font plein! Il y a tellement d'adultes qui n'ont pas d'allure et qui ont des enfants. Alors, les enfants emboitent le pas. Et nous qui, un jour, rêvions d'un Québec indépendant... Né pour un petit pain, comme ils disaient. C'est pathétique!

Maxime Blais, Trois-Rivières

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L'école pour les filles

Je viens de prendre connaissance des propos tenus par notre premier ministre et je suis scandalisée! Je suis la mère de deux garçons et je peux vous dire que le volet académique n'a pas toujours été une tâche facile ! Combien de fois suis-je intervenue pour rencontrer un professeur et sans compter ma présence en tant que membre du conseil d'école. Et je lis que c'est la faute des parents? Ouf! C'est difficile à avaler !  L'école et les garçons en général, c'est une équation qui n'a pas de résultats toujours positifs. Et ça ne date pas d'hier. Mes garçons ont 18 et 21 ans et à l'époque, on parlait de décrochage scolaire surtout chez les garçons. Donc, ça fait longtemps que le problème existe! Et qu'a-t-on fait? On a diminué le nombre d'heures d'activités physiques dans les programmes pédagogiques, valorisé les programmes concurrents des écoles privées, et ce, à l'intérieur du système public, au détriment des autres élèves. De plus, on a implanté une réforme scolaire totalement stupide, avec le retrait du bulletin chiffré et le retrait de la reprise de l'année scolaire lorsqu'il y a échec. Le manque d'activité physique, le manque d'encadrement de la part du personnel enseignant, le manque de sujet qui peut intéresser les garçons et le manque de modèle masculin à l'école amènent les garçons vers un décrochage, à moins que la présence des parents les aide à passer au travers. Pourquoi, monsieur le premier ministre, les filles réussissent-elles plus que les garçons? Pourquoi voit-on maintenant plus de filles en science ou en médecine? C'est normal de voir des filles réussir autant que les garçons, mais pas au détriment de l'autre sexe. Parce que l'école est faite pour les filles! Croyez-vous que les parents ne s'occupent que de leurs filles? Qui est responsable? Sûrement pas exclusivement les parents. Vous me faites rire avec vos publicités de parents qui aident les enfants à la maison. Monsieur le premier ministre, essayez donc de prendre vos responsabilités et cessez de pointer du doigt vos concitoyens.

Sylvie Vaillancourt, Sherbrooke

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Jean Charest a raison

Bien qu'il soit un peu tard pour faire ce genre de sortie et que Jean Charest soit en sérieux manque de crédibilité pour faire passer son message, je crois qu'il a raison, en partie... Je mentionnerais simplement qu'il est en effet nécessaire que les parents s'informent de ce que le jeune vit à l'école, qu'il s'enquiert de ses devoirs et travaux, mais surtout qu'ils l'encouragent à faire de son mieux et le complimentent lors de bons coups. J'aurais tendance à croire qu'une bonne majorité des parents font cet effort, mais bon... Cependant, je ne suis pas sûr que les parents aient à s'asseoir avec les jeunes pour faire leurs devoirs avec eux. Non pas pour leur épargner du temps, mais plutôt parce qu'ils n'ont habituellement pas les connaissances pour effectuer le travail que l'enseignant aura fait avec ses élèves sur la matière donnée en devoir. Est-ce que les automobilistes vont s'assoir avec les ingénieurs lors qu'ils sont sur un chantier de construction d'un pont pour leur dire comment ils feraient ceci ou cela? Tant mieux si des parents peuvent aider leurs enfants dans leurs devoirs, mais sinon qu'ils s'abstiennent ou qu'ils le fassent en fonction de recommandation de l'enseignant, par exemple si l'enfant a des problèmes de lecture. Pour le reste, le plus important demeure à mon point de vue d'encourager et de supporter ses enfants, ce qui sera déjà un gros plus.

Vincent Beaucher, Sherbrooke

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Décrochés de la vie

Si les parents s'impliquaient davantage dans les apprentissages de leurs enfants, il en résulterait évidemment moins de décrochage: les parents s'impliquent dans les activités sportives avec une telle ferveur, qu'il est inconcevable de constater que la même ferveur ne concerne pas l'instruction qui est la base de leur future carrière. Je ne suis pas une admiratrice de Charest, je n'ai pas voté pour lui, mais, pour une fois, je dois admettre qu'il a raison. Les parents remettent à l'État toutes leurs obligations. Il est difficile, pour le système, de remplacer les parents, qui jouent le rôle de motivateurs principaux dans la réussite scolaire. L'ambition personnelle de chaque individu pour l'obtention de plaisirs futiles passe avant la réussite de leur progéniture. Les parents vont porter leurs jeunes à la garderie tôt le matin, ils passent la journée à l'école, et retournent en garderie jusqu'à l'heure du souper. Encore un peu, et les parents vont exiger que les enfants aient soupé, aient été baignés, qu'il ne reste plus qu'à les coucher. Et ils sont surpris du décrochage scolaire? Ce n'est pas une vie souhaitable, pas plus que les animaux en cage. Les jeunes décrochent parce qu'ils n'ont pas reçu l'amour nécessaire, tout comme un nouveau-né qui a besoin de soins affectueux dès ses premiers mois de vie.

F. Vézina, ex-enseignante

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Cessons de critiquer

Enfin, le gouvernement a mis ses culottes! Je suis d'accord avec Jean Charest,, car il faut que les parents s'intéressent plus à leurs enfants. Ils ont besoin d'être encouragés et aidés. On doit être à l'écoute de leurs besoins et cesser de critiquer les professeurs et le gouvernement.

Aline Moreau

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Une vérité difficile

La société serait gagnante si l'un des parents restait à la maison pour veiller à l'éducation des enfants. L'éducation des enfants serait mieux supervisée et il y aurait moins de délinquance juvénile. Je suis pour que le gouvernement verse une compensation aux parents qui veulent demeurer à la maison pour s'occuper de leurs enfants. Jean Charest a raison. Il a mis ses culottes, mais il va sûrement en payer le prix. La société n'aime pas toujours entendre la vérité.

Denis Bouchard

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Assumons nos choix

Je suis en bonne partie d'accord avec le premier ministre. Bien que le système ne soit pas parfait, il est vrai que les parents ont un rôle fondamental à jouer quand il s'agit de l'éducation de leurs enfants. Et l'éducation implique la valorisation de l'instruction, ce que doit faire l'école. Rien à voir avec le public ou le privé, avec une ligne idéologique ou autre. J'ai enseigné au secondaire à Toronto et devinez qui étaient les premiers de classe? Les Asiatiques! Pourquoi? Parce que les parents donnent toute son importance à l'école. En passant, il s'agissait d'une grosse « Comprehensive high school », c'est-à-dire une polyvalente. J'ai assisté à des rencontres de parents qui étaient désolantes : « Trop de devoirs, pas assez de temps pour les amis, les loisirs..., j'arrive tard de l'ouvrage, alors... ». Bien sûr que les parents ont leurs contraintes, mais qui n'en a pas? Il y a des choix à faire et nous devons les assumer.

Richard Lapointe, Sainte-Marie



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Nous sommes responsables

M. Charest a tout a fait raison de remettre une partie de la responsabilité de l'éducation des enfants sur le dos des parents. Cependant, il s'agit là d'une simple évidence et il est incompréhensible que ce discours soulève autant de passion. Où en sommes-nous rendus, comme société, pour que l'on doive se faire rappeler nos responsabilités de parents par notre premier ministre? Nous ne sommes pas que des géniteurs : nous sommes des accompagnateurs. Nous sommes responsables du suivi scolaire de nos enfants, de leur motivation, de leur comportement. Je travaille dans le milieu de l'éducation et je ne connais pas un professeur qui provoque ses élèves. Malheureusement, rejeter le blâme sur l'enseignant trop exigeant, sur les règlements trop rigoureux, sur les services manquants, c'est le mécanisme de défense des parents. Comme si se mentir à soi-même nous donnait meilleure conscience de ne pas mettre en priorité dans nos vies du temps de qualité avec nos enfants. Et je ne parle pas du temps que l'on passe à les voyager chez un ami, au cours de hockey, etc., mais plutôt assis autour de la table à discuter de ce qu'ils ont appris à l'école pendant la journée. C'est à se demander si l'on ne devrait pas obtenir une formation pour devenir parents. Voilà une responsabilité de plus pour notre cher système scolaire : former les parents à devenir des bons parents! Hausse du taux de décrochage en prévision ?

É. Lussier, Outaouais



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Des responsabilités scolaires pour M. Charest

Il est facile de juger les parents et les enfants, quand on a des enfants talentueux, qui performent et qui vont dans une école privée. Vous devriez comprendre que ce n'est pas le lot de tous les parents. Depuis que mes enfants fréquentent le secondaire, je ne cesse de découvrir le manque de responsabilisation du gouvernement à ce niveau. N'est-ce pas là où se joue l'avenir du Québec? Ma fille a dû changer de collège, après lock-out suivi de menaces de grève. Quel est le rôle du gouvernement? Aucun. Ni officiel, ni fonctionnel, ni informel. Débrouillez-vous parents et élèves. Nous avons appris cela avec stupéfaction. Que fait le gouvernement pour s'assurer de le pratique d'une certaine démocratie au niveau des écoles privées? Rien. Aucune loi ne vient imposer quelque exigence que ce soit, malgré les subventions offertes. Les décisions peuvent être prises par un directeur d'école, une directrice des services pédagogiques, par un comité qui ne connaît pas l'enfant. Le conseil d'administration n'a pas être à être composé d'une proportion de parents. Aucun processus décisionnel ou d'appel n'est imposé. Je suis mère d'un enfant très intelligent, mais atteint de TDA-H, une maladie encore trop peu connue. Même le corps professoral n'est pas au fait de cette maladie, malgré le haut de taux de diagnostic, notamment parmi les garçons. Manque de formation des formateurs? Nous avons dû faire face récemment à un « licenciement » (thème utilisé par l'école) par son école privée, sur recommandation de la directrice des services pédagogiques. Rien à faire, aucun outil pour se faire entendre. La solution réside-t-elle du côté public? Son problème le plus marquant étant sa difficulté à s'organiser et à penser avec une analyse des conséquences, nous trouvions suicidaire de l'inscrire dans notre école de quartier, de 1800 élèves. Il existe d'excellentes écoles publiques, mais elles ont en commun la gestion de petits groupes, souvent très contingentés. Nous sommes des parents ayant toujours pris nos responsabilités, mais la vraie vie indique qu'un adolescent n'apprécie pas ce questionnement quotidien, que dans les écoles publiques, les parents sont très peu informés des devoirs et examens, que les ressources pédagogiques sont débordées par les lourds cas et leur proportion est élevée. Malgré tout le bon vouloir d'un parent, son implication demeure limitée. Public ou privé, là n'est pas le débat, du moins pas pour le moment. Que Madame Beauchamp veuille restaurer une certaine équité pour les collèges qui ne vivent pas selon les valeurs humaines prônées sur le site internet, cela me semble souhaitable comme société. Mais, cela ne règlera pas la déresponsabilisation dont votre gouvernement fait preuve. Il est grand temps, M. Charest que vous vous mettiez à vos devoirs pour tous les parents qui ont à coeur la réussite de leurs enfants.

France Castonguay



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Nous avons perdu le sens civique

Quand l'État permet que les écoles publiques se vident au profit des écoles dites privées, en finançant celles-ci jusqu'à 60 %, il ne fait que creuser sa propre tombe. Il est le premier responsable de ses propres malheurs. Je vis dans l'Ouest de l'île de Montréal et je constate qu'il n'y a pratiquement pas d'écoles privées anglophones ici. Les anglophones ont encore le sens de la communauté, ils ont encore ce sens « civique » que nous avons perdu. L'avons-nous déjà eu d'ailleurs? « Ne vous demandez pas ce que le Québec peut faire pour vous, mais plutôt ce que vous pouvez faire pour le Québec. »  Alors qu'ici l'État est vu comme une vache que l'on trait, légalement ou illégalement. Juste à voir tout ce qui se passe dans le monde municipal pour le constater. Les anglophones s'impliquent beaucoup plus que nous dans leurs institutions. Mettez seulement les pieds dans un hôpital anglophone et vous pourrez constater la différence. Ils croient encore dans leurs écoles publiques. L'école publique est importante et est valorisée. Pas seulement ici dans le West Island, dans le reste du pays aussi. Il n'y a qu'ici au Québec francophone où les écoles publiques sont aussi répandues et accessibles et populaires. Et c'est aussi ici que le taux de décrochage scolaire est le plus élevé. Les écoles publiques anglophones jouent encore leur rôle d'intégration sociale vis-à-vis les nouveaux arrivants. Nous au contraire nous les fuyons nos écoles publiques. Je pense maintenant que c'est l'expression d'un profond racisme vis-à-vis l'immigrant. On le fuit. Nos écoles publiques francophones à Montréal sont devenues de véritables ghettos à immigrants, à gang de rues et à décrochage scolaire. Immigrant, intègre-toi, mais ne compte pas sur nous. Un déni de responsabilité. Que l'État fasse ce qu'il a à faire, que l'école privée redevienne justement privée. Car actuellement c'est un système d'instruction public à deux vitesses que nous avons. Et l'on se déclare surpris du haut taux de décrochage scolaire? Le problème est systémique, mais tout comme pour notre système de santé l'État va se contente d'appliquer quelques diachylons ici et là par manque de courage politique. L'important n'est plus de gouverner dans les meilleurs intérêts de l'État, l'important est de se faire réélire. Mais dans l'intérêt de qui? De ceux qui organisent des élections clés en main?

Normand Cloutier

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Les parents décrocheurs

Dans son ensemble, je suis bien d'accord avec monsieur Charest quant à la responsabilité parentale. Et attention, monsieur Charest parle des parents qui ne s'occupent pas de leurs enfants, qui ne font pas de suivi à chaque jour du genre "Puis, comment cela a été à l'école aujourd'hui?", qui laissent faire et décider leurs enfants, qui ne les questionnent jamais ou presque, qui n'observent pas tel ou tel changement dans leur comportement... En fait, ces parents ont décroché de leurs enfants et ce sont ces enfants qui sont le plus susceptibles de décrocher de l'école. Personnellement, je crois que s'il y avait moins de "parents-décrocheurs", il y aurait sûrement moins d'"élèves-décrocheurs". Toutefois, cela n'enlève rien à la responsabilité prépondérante du gouvernement à l'égard de l'éducation de tous les enfants du Québec et notamment, des élèves considérés comme des décrocheurs potentiels. Là-dessus, j'ai déjà proposé, entre autres, à différents ministres de l'Éducation, du Sport et du Loisir, dont madame Line Beauchamp, et à monsieur Charest lui-même, deux mesures incitatives que le gouvernement pourrait immédiatement adopter, pour en finir avec le décrochage scolaire, l'objectif étant de cibler précisément la clientèle scolaire qui décroche de l'école, pour diverses raisons, comme, entre autres, le manque de motivation, le je-m'en-foutisme, le non-encadrement parental, l'attrait du marché du travail, l'attrait du « char », etc. Ainsi, la ministre de l'Éducation pourrait faire la déclaration suivante : « Veuillez noter que les mesures suivantes s'appliqueront pour les élèves entrant en première année du secondaire, en 2011-2012:  Dorénavant, l'âge de fréquentation scolaire obligatoire au Québec passera de 16 à 18 ans ou jusqu'au premier diplôme reconnu du secondaire. Objectif : favoriser le plus possible l'obtention d'un diplôme au secondaire. De plus, il sera maintenant obligatoire d'avoir obtenu un diplôme reconnu du secondaire ou avoir atteint l'âge de 18 ans, avant d'avoir accès au permis de conduire; ici, le gouvernement pourrait, comme élément motivateur ou comme mesure incitative, défrayer le permis de conduire et offrir gratuitement des cours de conduite à tout élève obtenant un diplôme reconnu au secondaire. Objectif : favoriser le plus possible l'obtention d'un diplôme au secondaire ». Avec espoir que le gouvernement décide enfin!

Jacques Robert, ex-conseiller d'orientation, ex-directeur adjoint, ex-directeur, ex-professeur



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L'État ne peut pas tout faire

Je suis tout à fait d'accord avec M. Charest. Je suis père de trois filles (13 ans, 9 ans et 7 ans). Mon épouse et moi avons décidé de mettre l'aide aux devoirs en priorité sur nos activités personnelles. Nous remarquons une amélioration sensible dans l'attitude de nos filles vis-à-vis les leçons et les devoirs. Elles ne ressentent plus l'impression de punition quand on leur dit « fais tes devoirs », mais plutôt un moment de collaboration entre elles et les parents. L'école reste quand même un facteur important. Un bon professeur, un bon environnement, fait toute la différence. Nous l'avons constaté avec la cadette. Elle n'a jamais eu le même titulaire pour une année complète. Par exemple, l'an dernier, dû à la H1N!, il y a deux professeurs, son titulaire et sa remplaçante, qui ont eu droit à un congé préventif d'un an. Elle a donc eu trois professeurs en l'espace de cinq mois. Par contre, cette année, c'est la même titulaire. Son rendement et son attitude se sont nettement améliorés. Félicitation M. Charest. Il est temps qu'un politicien nous dise que l'État ne peut pas tout faire pour nous. Prenons nos responsabilités en tant que parents.

Guy Parent, Montréal



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Un effort qui vaut la peine

Enfin quelqu'un qui ose se prononcer sur le sujet. Entièrement d'accord avec ce que dit M. Charest dans ce cas-ci. Il ne faut pas généraliser, mais tellement de parents manquent à leur responsabilité pour l'encouragement aux études. Ou ils ignorent cette facette de la vie de leurs enfants ou encore, c'est négatif, voire pénible le comportement qu'ils prennent face aux leçons et aux devoirs. Responsabiliser l'enfant à apprendre ses leçons et bien faire ses devoirs, le soutenir en révisant le tout avec lui et l'encourager positivement dans son cheminement est une combinaison gagnante. Oui, après une journée de travail, cela demande un petit effort, mais cela en vaut la peine.

France Savard, Laval

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Épître de Jean aux parents

Il me semble que, dans sa déclaration d'hier tendant à faire porter le blâme du décrochage scolaire des enfants sur leurs parents, le premier ministre Charest ait voulu se faire du capital politique avec un discours conservateur. À mon sens, le goût pour l'acquisition du savoir ne s'impose pas de force. Il doit plutôt être inscrit profondément dans notre vision du monde, notre mode de vie et la culture. Il doit ainsi imprégner l'air que l'on respire dès la naissance et nous pousser à la découverte du monde. Peut-on dire que le goût du savoir soit suffisamment répandu au Québec? Le taux de décrochage scolaire pourrait porter à croire que non. Sinon, est-ce la faute des parents? Peut-être en partie, mais si peu, car la culture ambiante ne les aide pas. En effet, comment des parents isolés peuvent-ils arriver à détourner leurs jeunes de la culture du jeu omniprésente et omnipotente dans notre société? Comment peuvent-ils arriver à leur transmettre un esprit critique face à tout ce qui, dans les messages provenant de l'ensemble des médias, les décourage de l'effort et de la recherche du développement personnel vers la maturité? Comment peuvent-ils par ailleurs, exercer leur autorité parentale sans crainte de poursuites futiles ou d'interventions bureaucratiques parfois abusives? Comment peuvent-ils contrecarrer l'influence des autres jeunes et de leur sous-culture hédoniste véhiculée par les médias sociaux et la cour de l'école? Enfin, comment peuvent-ils trouver le temps et l'énergie pour ramener les jeunes à la maison puisqu'ils doivent travailler comme des forcenés pour se procurer tout ce que la société économique globalisée leur dit qu'ils doivent posséder pour être heureux? Monsieur Charest a été élu pour diriger l'ensemble des ministères du Gouvernement ;  pas uniquement celui de l'Éducation. Chacun son métier et les vaches seront bien gardées.

Jacquelin Robin, Gatineau

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Une responsabilité partagée

Jean Charest a osé affirmer que les parents peuvent être responsables du décrochage scolaire de leurs enfants. Bien sûr, sa position appelle à des nuances. Ils ne sont pas les seuls à assumer la responsabilité de la réussite scolaire de nos jeunes. Il s'agit bien là d'une responsabilité partagée. Mais il est clair et net que le rôle des parents est un élément à considérer lorsqu'on réfléchit à la question. S'ils s'intéressent au vécu scolaire de leurs enfants, s'ils les suivent dans leurs apprentissages, s'ils s'informent sur leur journée à l'école, s'ils les encouragent, s'ils savent exiger de leurs enfants le rendement maximal que ceux-ci peuvent donner, aucun doute de telles attitudes favorisent leur progression et leur persévérance scolaire. Il ne leur appartient pas d'enseigner les contenus, ils n'ont pas directement à s'assurer de la compréhension de ceux-ci, ni de la motivation et de la stimulation des élèves. Mais les attitudes parentales appropriées et soutenues sont certainement des outils utiles aux élèves et une manière constructive d'appuyer les enseignants dans leur tâche.

Benoît Descôteaux, Montréal

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S'en laver les mains

D'après le premier ministre Jean Charest, si le décrochage scolaire est aussi élevé au Québec, c'est parce que les parents ne jouent « pas assez » leur rôle auprès de leurs enfants. Personne ne veut admettre que le système d'éducation actuel n'est pas  fait pour les garçons. Si c'était les filles qui étaient dans la situation des garçons, ça fait longtemps qu'on aurait réglé le problème. Si Jean Charest avait raison, cela voudrait dire que les parents ne s'occupent que de leurs filles, elles décrochent moins que les garçons.   Au lieu de s'attaquer au vrai problème, maintenant on va mettre la faute sur les parents. Une bonne façon de s'en laver les mains.

René Forest

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Les parents vous étonneront

Nous avons entendu les propos du premier ministre Jean Charest concernant la faible diplomation des garçons et le décrochage scolaire. Il m'apparait important, à titre de président de la Fédération des comités de parent du Québec, de lui répondre. Monsieur Charest a parfaitement raison lorsqu'il estime que les parents ont un rôle essentiel à jouer pour améliorer la réussite scolaire. Nous le répétons nous aussi sur toutes les tribunes. Nous profitons même de cette occasion pour inciter les parents du Québec à s'impliquer toujours davantage, que ce soit auprès de leur enfant ou en participant à l'une ou l'autre des structures scolaires. Bien entendu, certains parents sont absents, indifférents, mais le sont-ils plus que certains intervenants en éducation? Poser la question, c'est y répondre! Rappelons-nous que l'éducation est une responsabilité partagée. Cependant, il est indispensable de favoriser la participation des parents. Pour les inciter à prendre leur place, il importe de démontrer de l'ouverture, ce qui n'est pas toujours évident. Que l'on profite de cette intervention pour encourager les directions, les enseignants qui pourraient avoir certaines réticences à écouter le point de vue des parents à s'ouvrir à eux. Ils y trouveront, la plupart du temps, un jugement éclairé et une expérience riche dont on aurait tort de se priver. Là où ces qualités sont présentes, le succès est au rendez-vous! Demander aux parents d'en faire plus, certes, mais encore faut-il se doter d'outils qui permettent aux parents de bien tenir leur rôle. C'est pourquoi nous demandons de faire preuve d'ouverture devant les agendas des parents. C'est pourquoi nous demandons de faire attention à la capacité de payer des parents. C'est pourquoi nous insistons sur l'élaboration d'un canevas de plan d'intervention unique afin de faciliter le suivi pour les parents qui ont un enfant en difficulté. C'est pourquoi nous insistons également sur l'importance d'une intégration scolaire judicieuse et respectueuse des besoins des enfants. Il faut user de prudence lorsqu'on laisse sous-entendre que les parents ne s'impliquent pas. Nous représentons les parents du Québec et soutenons plus de 18 000 parents impliqués bénévolement qui consacrent annuellement près d'un million d'heures à l'amélioration de la réussite et de la persévérance scolaires. Cela sans compter tous les parents qui épaulent leurs jeunes au quotidien. Mais nous sommes prêts à en faire davantage. Oui, la diplomation avant 20 ans est le vrai défi auquel il faut s'attaquer. Une majorité de parents contribuent déjà et sont prêts à relever ce défi. Ces hommes et ces femmes, que l'on interpelle à titre de parents, c'est vous et moi! Les parents possèdent des compétences, encore faut-il les écouter. Qu'on laisse les parents prendre leur place. Qu'on leur facilite leur implication. Ils vous étonneront.

François Paquet, président, FCPQ

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De bonnes intentions, mais peu d'aide

Je suis orthopédagogue et je suis parent de deux magnifiques adolescents. Mon plus vieux de 16 ans a des difficultés d'apprentissage et a toujours fonctionné en classe régulière. Il y a eu toujours un plan d'intervention. Cependant, lorsqu'il est arrivé en secondaire trois, les problèmes sont davantage ressortis. Malgré nos encouragements à la maison, mon fils ne reçoit pas tellement d'aide à l'école. On veut que les enfants en difficulté soient en classe régulière, mais on ne leur donne pas assez d'appui. Les enseignants veulent aider, mais ils manquent de temps. Alors, avant de blâmer les parents, il faut mettre en place des choses et je trouve que le gouvernement parle beaucoup, mais il ne fait pas grand chose pour aider ces élèves.

Chantal Rochette, Laval, Enseignante de soutien en déficience auditive

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Je suis d'accord

Il faut recommencer à prendre ses responsabilités, comme les parents le faisaient précédemment. Il faut se prendre en main et cesser de demander au gouvernement de faire ce que nous devrions faire. Et ceci s'applique dans toutes les situations.

M. Bailette

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La responsabilité parentale

Je me disais justement, en lisant toutes les belles mesures que la ministre voulait mettre en place pour la réussite scolaire, que c'était une utopie pure et une déresponsabilisation flagrante des parents que de remettre tout le poids de la réussite d'un élève sur son professeur ou sur l'école. Lorsque toute sa vie un jeune s'est fait répéter que l'école, «ça ne sert à rien», par son père qui travaille en construction (et qui fait sans doute un salaire beaucoup plus élevé que la plupart des profs, disons-le), comment peut-il, ce jeune, être attiré vers des matières scolaires comme l'algèbre ou l'histoire? Combien de parents «motivent» les absences de leur enfant en classe pour des pacotilles, pour ne pas avoir à sévir en cas de sanctions scolaires? Combien de parents suivent vraiment l'évolution scolaire de leur enfant et surtout, s'en soucient réellement? Le rôle des parents est occulté dans ce débat sur la réussite scolaire, et c'est une chose déplorable. Les parents devraient être, au contraire, au premier plan de la réussite de leur enfant.

Karine Plouffe, enseignante de français au collégial, Gatineau

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Jean Charest, chef éducateur

Jean Charest vient de montrer son visage humain. Il parle en chef éducateur. Il parle comme un père de famille. Il invite les parents à s'occuper de leurs enfants. Il les supplie, directement et sans restriction, à consacrer du temps à leur progéniture. Il constate, comme tant de gens, que la première cellule naturelle des êtres humains héberge dans le tissu familial. Comment s'occuper de ses enfants? Pas par des cours, pas par des conférences, pas par des ateliers, mais par la présence. La présence quotidienne auprès de ceux qu'ils ont engendrés dans l'amour. Rien ne peut remplacer un père, collé à son enfant, l'aidant à écrire ses premières lettres, à composer son premier mot, à griffonner son premier dessin. Rien ne peut remplacer une mère près de son marmot, qui lui parle de ses amis à l'école, de son devoir à faire, de son petit travail à remettre le lendemain. Les poules ramassent leurs petits. C'est même biblique. Les êtres humains ramassent leurs petits sans défense, réceptifs et frêles, inhabiles, soucieux, incapables de trouver une direction, cherchant l'assurance et la demandant à ceux qui peuvent la fournir. Le premier ministre du Québec parle enfin comme un père de famille. Il touche les cordes sensibles du coeur. Il tient à ce que les parents protègent ce qui est fondamental, ce qui a besoin d'être entouré, soutenu, encouragé. Son message transcende, enfin, la ligne des partis. Il ramasse tout le monde autour de la table du foyer familial où la conversation et l'amitié engendrent les moments les plus sublimes de la vie.

Nestor Turcotte

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Le premier ministre a parfaitement raison

Les parents ne s'impliquent pas assez ou pas du tout. Les enfants sont laissés à eux-mêmes et voilà le résultat. Pour corriger la situation, encore là monsieur Charest dit vrai. Ce n'est pas sorcier, l'éducation des enfants passe d'abord par les parents. Bravo monsieur Charest.

Serge Montgrain

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Les parents n'ont pas besoin d'être jugés

Monsieur Charest, ne comparez pas le vécu de la majorité des parents du Québec à partir de votre propre expérience. Ce ne sont pas tous les pères et les mères qui peuvent se permettre les collèges privés et l'encadrement dont bénéficient vos enfants. Si vous sortiez un peu de votre confort, vous pourriez vous en rendre compte. Je ne crois pas que les parents du Québec aient besoin d'être jugés par vous.   Là où ses parents ont vraiment erré, c'est en votant pour vous. Vous n'êtes pas monsieur parmi l'élite des premiers ministres que notre province a connue bien au contraire.

Jean Chenay, Sherbrooke