Jacques Parizeau le souhaite vivement, Daniel Johnson ne pense pas que cela va arriver. Croyez-vous qu'il y aura un jour un autre référendum sur la souveraineté au Québec?

Il est presque trop tard

Oui, je suis souverainiste et je crois encore que ce pays Québec demeure la meilleure solution pour préserver ce qui reste de nous dans l'ensemble canadien où nous risquons de nous perdre à jamais. Malheureusement, je me dois de constater que ce difficile combat est à lentement mourir faute de combattants. La génération des Parizeau, Michaud et bien d'autres va quitter peu à peu ce qui reste d'espoir et d'incessants combats. Je ne vois poindre d'aucune façon une relève prête à poursuivre ce défi impitoyable. Sans me prétendre un prophète sûr de lui, je dois me résigner à constater que les générations montantes sont ailleurs et autrement impliquées dans des combats environnementaux et sociopolitiques qui invitent à une solidarité qui s'éloigne d'une rhétorique passéiste et nationaliste.

Jacques Léger, Montréal

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Enfin majoritaires?

S'il y avait un autre référendum et qu'il était gagnant, les Québécois de souche se mettraient un doigt dans l'oeil en s'imaginant qu'ils seront enfin majoritaires dans leur pays. En effet, un grand nombre de Québécois de langue anglaise et beaucoup de Québécois de souche ont émigré ailleurs au Canada lorsque le PQ a pris le pouvoir et, après un référendum où le OUI l'emporterait, il faudrait s'attendre à ce que de nombreux Québécois francophones fassent de même pour éviter les soubresauts économiques qui ne manqueront pas de se produire, aux dires mêmes des chefs souverainistes. Considérant aussi notre déficit démographique et le taux de natalité élevé des immigrants, ce ne sera pas la langue anglaise la prochaine menace, ce sera la montée de l'islamisme.

Paul Lafrance

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Une vraie question

Jean Charest pourrait passer à l'histoire s'il se décidait de faire ce que le Parti québécois n'a jamais osé faire : un référendum portant sur l'indépendance du Québec. Les référendums de 1980 et de 1995 ne portaient pas sur l'indépendance du Québec. Le gouvernement de Monsieur Lévesque demanda à la population un mandat pour négocier (comment peut-on négocier d'égal à égal avec le Canada quant on a le statut d'une province?) la souveraineté-association. Si l'opération réussissait (un Québec souverain, associé économiquement avec le reste du Canada) le gouvernement péquiste promettait une nouvelle consultation populaire dans le but de faire ratifier la nouvelle entente Canada-Québec. Le Québec ayant dit non à l'opération proposée, les négociations n'eurent jamais lieu et le Québec conserva son statut de province canadienne. Jacques Parizeau avait promis un référendum rapide à la suite de l'élection du PQ en 1994. Dans son esprit, le référendum devait porter sur le fond des choses : l'indépendance du Québec. La question devait donc être claire et limpide. Sa suggestion était la suivante : « Acceptez-vous que le Québec devienne souverain en date de...? ». Cette question n'apparut jamais sur le bulletin de vote du deuxième référendum. Tout au contraire, le libellé de la question reprenait substantiellement la question posée par René Lévesque en 1980 : deux États souverains (Canada-Québec) associés économiquement et politiquement, si nécessaire. Il y avait cependant une différence marquée entre cette consultation et la première. En cas d'échec des négociations (il est facile de faire échouer une négociation), Parizeau, fin renard, ne s'engageait plus à consulter à nouveau la population sur le résultat des négociations. Son plan était connu, mais peu publicisé pendant la campagne référendaire. Advenant un échec des négociations, pendant l'année suivant le référendum, l'Assemblée nationale s'arrogeait le droit de déclarer l'indépendance du Québec, sans le demander directement à la population. Parizeau avait qualifié, semble-t-il, le stratagème de « cage à homard ». Dans l'esprit du camp souverainiste, il s'agissait de ratisser le plus large possible et de décrocher un « oui ». Ensuite, le « oui » dans la poche, le gouvernement pouvait en faire ce qu'il voulait. Si les Québécois avaient dit oui à la question de 1995, il est presque certain que les négociations Canada-Québec auraient échoué et que le Québec actuel serait un nouveau pays. Comment s'en sortir? Si Jean Charest voulait passer à l'histoire, il décréterait la tenue d'un référendum pour le printemps 2011 en affirmant que la question posée serait celle suggérée par Parizeau en 1993. Dès mars prochain, après le dépôt du budget, l'Assemblée cesserait ses travaux. Les députés, peu importe leur allégeance, formeraient deux camps : celui du « oui » et celui du « non ». L'un proposerait le maintien du lien canadien, l'autre proposerait son abandon. Les débats publics s'organiseraient sous les deux parapluies. Chacun étant libre - sans partisanerie -  de s'engager dans l'une ou l'autre option. Le peuple serait appelé à voter à une date à préciser. Si le camp du « oui » l'emportait et que le gouvernement actuel se sentait incapable de respecter le verdict populaire, il déclencherait des élections où les partis en lice, librement, se proposeraient ou pas, de mettre sur pied le nouveau pays. Un référendum étant toujours consultatif, l'un des partis intéressés pourrait proposer de respecter les résultats. Si cela arrivait, le Québec deviendrait un pays. Dans le cas contraire, il resterait ce qu'il est : une province canadienne.

Nestor Turcotte

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Un jeu dangereux

Je suis séparatiste car ce n'est pas les Anglais des autres provinces qui vont protéger le français au Québec. Ils s'en foutent et avec raison. Mais je suis d'accord pour attendre qu'il y ait assez de Québécois prêts à se séparer du reste du Canada avant de faire un autre référendum. Même si je crois que le dernier référendum a été perdu parce que la gang à Chrétien a illégalement et outrageusement dépassé le budget ($$$) permis

pour promouvoir la campagne du Non (j'espère que l'Histoire s'en souviendra !), je me dis qu'il y a des limites à reposer la même question alors que le peuple s'est déjà prononcé. C'est un jeu dangereux parce que contraire à la démocratie. On ne peut pas dire «on va faire des référendums à répétition jusqu'à temps que le Oui l'emporte». Quand le Oui l'emportera, est-ce que les Parizeau et cie accepteront que des Québécois fassent un référendum à tout bout de champ pour retourner dans la confédération canadienne ?

Quand le Québec sera gouverné par un gouvernement qui protège et promeut l'identité culturelle de la majorité des québécois et que les nouveaux

arrivants adopteront cette culture, alors, nous pourrons ensemble former un pays qui n'attend pas après les autres pour défendre sa propre identité.

Ce n'est pas l'idée d'un référendum qu'il faut annoncer, c'est la nécessité pour les francophones du Québec de prendre et garder un pouvoir qui les représente.

Michel Latour, Montréal  



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Ne plus être dépendants

Lors du grand soir de 1995, soit le 30 octobre, j'étais haut comme trois pommes. Je venais d'avoir de 2 ans. Ce soir-là, il paraît que mes parents avaient pleuré, comme la moitié des Québécois. Cette décision tragique du NON allait changer le destin d'un Québec déchiré auquel il manque, encore aujourd'hui, les outils pour se réaliser. J'aimerais voter OUI, moi aussi, pour l'avenir de mon pays: le Québec. Les dirigeants souverainistes ont donc une tâche bien précise: la réalisation de notre indépendance. Il faut arrêter toutes les chicanes droite-gauche, et se concentrer sur une indépendance gagnante. Il faut travailler activement à la construction, même avant la décision démocratique qu'est le référendum, d'une Constitution québécoise et préparer la reconnaissance internationale. Nous ne parlerons jamais assez d'indépendance, car c'est l'âme de notre peuple, notre seule chance de survie! C'est ce qui nous relie, tous et chacun! La question n'est pas de savoir s'il y aura un autre référendum, mais quand nous déciderons de ne plus être dépendants! Le référendum n'est qu'un moyen pour réaliser notre souveraineté politique, et lorsque les objectifs seront fixés, l'indépendance se fera, tout naturellement. J'ai aujourd'hui 17 ans, et même si je ne peux pas encore voter, je milite activement sur internet. Les jeunes sont intéressés à l'avenir de notre Nation, alors il faudra, un jour ou l'autre, interroger la population à nouveau.

Vincent Rioux



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Un piège

Le référendum est un piège. Celui de 1995 nous a été volé. Les Québécois doivent s'entendre pour une déclaration d'indépendance à la manière du Kosovo.

Caroline Moreno



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Le dernier, si...

Il y aura au moins un autre référendum sur la souveraineté.

Ce ne sera le dernier qu'à deux conditions:

1- Le oui l'emporte.

2- Le oui passe sous la barre du 40%.

Maurice Tituer, Montréal



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L'indépendance reste à faire

Voici deux citations qui résument ma pensée :

Tant que l'indépendance n'est pas faite, elle reste à faire. - Gaston Miron

Ceux qui luttent contre l'indépendance du Québec favorisent, consciemment ou inconsciemment, avec bonne ou mauvaise foi, la disparition de leur peuple. - Guy Bertrand

André Colpron

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Fort probable

Que l'on soit pour ou contre l'idée de la souveraineté du Québec, un constat simple s'impose: malgré les hauts et les bas des partisans de cette option, des divisions, des sondages, des démissions de chefs de partis, des scandales de commandites, des non qui l'emporte, au-delà des gouvernements en place ou de leur opposition, du (hélas!) grand écoeurement collectif face à la politique qui sévit partout où l'on va, la question nationale demeure sans cesse dans le paysage politique québécois : comme quelque chose dans le garde-robe qui traîne, mais qu'on ne se résigne pas à jeter. Notre nature différente (langue, culture politique, valeurs, rapport à l'Autre, institutions, histoire longue durée, etc.) face à un pays ayant une majorité anglophone fait que l'idée de l'affirmation de l'identité québécoise dans la fédération canadienne restera encore longtemps comme débat chez bien des gens de cette province. Que l'on soit séparatiste ou non, peu importe, c'est notre statut de cas à part au sein du Canada qui cause directement la présence et le maintien de la question nationale au sein des débats politiques. La présence continue de cette question sous-entend aussi le fantôme d'un futur référendum, idée demeurant dans la même boîte rangée dans le même garde-robe. Compte tenu de la présence de formations politiques souverainistes représentant une part importante des suffrages à chaque élection et ce, aux deux paliers de gouvernement, un prochain référendum est fort probable, surtout devant le contexte provincial actuel. Ne me demandez pas de dire si le oui ou le non sera vainqueur.

Yannick Cormier



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Pas de sitôt

J'ose croire qu'il y aura un jour un autre référendum sur la souveraineté du Québec. Mais ce ne sera pas de sitôt.  Lucien Bouchard attendait les conditions gagnantes et Pauline Marois, actuelle chef du PQ, nous parle de conditions appropriées. Parmi ces conditions, les militants et députés du PQ devraient aussi tenir compte du cynisme qu'une grande majorité d'entre nous entretenons envers la classe politique, tous partis confondus. Le PLQ multiplie les bourdes depuis 2003. Pendant ce temps, le PQ semble incapable de profiter de la vague de mécontentement général face au gouvernement Charest.  Mme Marois est une femme dont l'expérience politique et l'engagement ne font aucun doute. Pourtant, son image et son charisme, ou manque de charisme, c'est selon, ne font pas d'elle une personne en qui certains d'entre nous voudrions confier les destinées d'un pays. Il y a aussi les sempiternelles chicanes publiques entre les anciens et actuels membres du PQ qui ne peuvent faire autrement que reléguer aux oubliettes un éventuel référendum.  La personne qui dirige le PQ doit, en mon humble avis, clarifier la position référendaire et dire haut et fort que la souveraineté du Québec est son but premier.  Il lui faut aussi tout mettre en oeuvre afin de convaincre les jeunes nés au Québec dits de souche et les personnes,  qui comme moi, sont nés de parents immigrants. Cela dit, je suis tout à fait d'accord avec la déclaration faite par M. Parizeau lors de la soirée référendaire d'octobre 1995. Il a osé affirmer que le référendum a été perdu grâce à l'argent et les ethnies. Qui, depuis ce jour au PQ, a osé tenir de telles déclarations fracassantes mais réalistes? À la veille de ce référendum, 70 000 Canadiens se sont massés au Québec afin de nous déclarer leur amour. Où sont-ils aujourd'hui? Ou sont-ils alors que le Québec est dans le rouge et que le gouvernement fédéral n'en a que faire?   Un autre référendum? Non merci. Pas pour l'instant, car la direction du parti souverainiste n'a visiblement pas les deux mains sur le volant et est loin d'être prête.

Jean Bottari, St-Mathias-sur-Richelieu  



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Oui, éventuellement

Est-ce qu'il y aura un autre référendum sur la souveraineté du Québec? La réponse me semble évidente: oui!

L'explication est simple: tant que le Québec ne fera pas partie de la constitution canadienne, il y aura de velléités majeures d'indépendance au Québec.

Évidemment, je ne crois pas naïvement que l'inclusion dans la constitution fera disparaître tous les irrédentistes de la souveraineté mais plutôt que tant qu'il n'y aura pas d'accord Canada-Québec satisfaisant pour la majorité québécoise nationaliste (qui, répétons-le, est une majorité), les souverainistes garderont un argument majeur pour prôner la séparation. Est-ce que j'exagère avec cette question constitutionnelle ? Je ne crois pas, la constitution a un impact majeur sur la portée des lois qui peuvent voir le jour au Québec et a donc une influence significative sur notre « vivre ensemble » commun.

Puisque nous savons tous qu'un nouvel accord constitutionnel n'est pas près d'arriver, on peut logiquement en déduire qu'un autre référendum viendra éventuellement...

Arthur Billette, Québec



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Du harcèlement

Les politiciens harcèlent la population jusqu'à écoeurantisme aiguë, en arguant comme prétexte que les gens n'ont pas compris. Alors on reprend les référendums en espérant que les gens vont se lasser et finir par se rendre, sans se soucier des frais que cela engendre. C'est un manque de respect et véritablement du harcèlement que de faire des référendums à répétition sur un thème refusé.

Bien sûr qu'il y en aura un autre, puis un autre, et encore un autre référendum. Je déplore que les politiciens ne comprennent pas le NON, tout comme les violeurs ne comprennent pas le NON. Quand ils comprendront enfin, ils changeront leur ligne de pensée et proposeront enfin d'autres avenues possibles et respectueuses de la population.

Francine Vézina, Chicoutimi