Trois députés péquistes proposent qu'on ramène de 3000$ à 100$ par année le maximum qu'un électeur pourrait contribuer à un parti politique. À votre avis, serait-ce une bonne solution pour «briser l'influence des collecteurs de fonds» des partis et pour régler le problème des prête-noms?

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Que du financement public

La seule vrai façon de limiter l'influence de l'argent dans la politique est le financement public des partis et l'élimination totale des dons

Marc Trépanier

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Réduisons les montants autorisés

Je crois qu'il s'agit là d'une excellente idée. Les libéraux auront ainsi plus de prête-noms à trouver pour passer leur argent comptant. Une autre idée serait de limiter les dons à 400$, mais avec un crédit d'impôt remboursable (plutôt que non remboursable), mais qu'importe: déjà, le réduire à 400$ serait une bonne chose. Qui, à part les riches libéraux, peuvent donner plus?

Daniel McGown, Shefford

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Cent dollars pour changer le monde politique

Je suis tout à fait d'accord pour ces contributions à 100$, et ça m'inciterait, moi, à contribuer. Si c'était chose faite, je donnerais. Voilà une règle claire, simple et juste. Qui ne pénalise ni le riche ni le pauvre. Cent dollars, pour changer le monde politique, tout le monde est capable de trouver ça, je pense. Tout le monde a aussi envie de se mêler à la vie politique, c'est la politique qui ne regarde plus tout le monde. Je crois que ce type de contribution, accordant au particulier la même importance qu'un groupe corporatif ou qu'un président d'entreprise, pourrait encourager les gens à participer davantage à la vie politique, et qu'il se passe quelque chose de vrai dans notre société plutôt que des scandales et des commissions. Quelle honte que la scène (le cirque) politique ces jours-ci.

Mélanie Gélinas

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Décider par convictions

Non seulement je suis en faveur de limiter les dons à 100$, je suis également en faveur d'un seuil maximal réaliste des contributions globales qu'aucun parti ne peut dépasser. Ainsi, chaque parti aurait les mêmes moyens, et dans le cas des partis qui ne réussiraient pas à atteindre le maximum, ce serait un message clair de la part de la population que leur plan n'a pas suffisamment d'adeptes pour réussir et qu'il vaut mieux abandonner. Ce seuil maximal pourrait être égal à la somme des dons de 100$ que l'ensemble des électeurs québécois donnerait si tous offraient 100$, divisée par le nombre de partis dans la course. Ça obligerait les partis politiques à se concentrer davantage sur l'avenir de la province et à intéresser à la chose politique ceux qui s'y connaissent moins, dont les jeunes d'aujourd'hui qui laissent leurs parents voter à leur place. Quant aux personnes morales, elles ne devraient pas pouvoir faire de don. Il est très rare que tous les administrateurs et tous les employés penchent du même bord, et ceux qui voient les choses d'une manière différente de celle du chef d'entreprise se retrouvent finalement à donner de l'argent à un parti autre que celui pour lequel ils auraient donné leur préférence. Les convictions politiques, c'est personnel et l'on se doit de respecter ça. Ce qui est désolant dans notre système électoral actuel, c'est qu'ultimement, le sort de la province est décidé par l'argent et non par les convictions de la population. Toutes les allégeances politiques sont accompagnées de divers niveaux de richesse, ce qui fait en sorte que certains partis réussissent systématiquement à récolter plus de financement que d'autres. Les volontés de la population sont ainsi très mal représentées et l'on risque d'avoir constamment le même parti au pouvoir, même si la majorité des citoyens préférait qu'il en soit autrement. On n'a qu'à regarder la situation actuelle de la province pour le constater: nous avons un chef au pouvoir dont la majorité aimerait qu'il démissionne. Qui a élu son parti, finalement? La population ou la piastre?

Viktoria Gimbe, Montréal

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Une idée audacieuse

Je pense que l'idée des députés Nicolas Girard, Bernard Drainville et Nicolas Marceau est audacieuse et jette les bases à un débat en profondeur de la loi sur le financement des partis politiques. Elle est aussi loin d'être farfelue, comme certains détracteurs ont bien voulu le faire entendre. En outre, l'idée de limiter à 100$ la somme maximale de contribution d'un citoyen permettrait certainement de réduire l'influence des collecteurs de fonds, et a le mérite d'être plus équitable auprès de tous les citoyens selon leur revenu. Malheureusement, je vois mal comment les prête-noms pourraient disparaître, puisqu'à mon avis, ce phénomène est davantage influencé par une culture du désengagement citoyen au profit de l'engagement économique. Je considère qui plus est que toute réduction de la contribution personnelle doit être suivie d'une augmentation du financement public comme le suggèrent les députés. Ce dernier a le mérite d'être équitable de deux façons: la contribution des citoyens est égale pour chacun dans le financement public, c'est-à-dire qu'il n'y a pas de discrimination ni de sous-classe d'électeurs et le financement public est équitable pour les partis, puisqu'il est représentatif du nombre de votes. Si je ne me trompe pas, il permettrait même à de plus petits partis de recevoir plus de financement pour continuer à défendre leurs idéaux. Je ne suis toutefois pas nécessairement pour l'abolition complète de la contribution personnelle, puisqu'elle reflète encore et malgré tout l'engagement politique et contribue à favoriser la participation citoyenne. Financer un parti politique est une des façons de s'impliquer, pourvu que ce financement ne nous octroie pas un droit privilégié, évidemment. Mais encore là, c'est toute une culture de parti qui détermine les droits acquis ou non, les privilèges et les passe-droits, et ça, j'ai bien peur que tant que les citoyens continueront de bouder la politique, la culture ne se transforme pas... Un changement dans la loi sur le financement des partis politiques contribuerait certainement à rendre leurs certitudes aux citoyens aujourd'hui désillusionnés.

Anne-Marie Gagnon

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Pour assainir les moeurs politiques

Je vois d'un très bon oeil ce qui est proposé par les trois députés du Parti québécois. Je trouve que c'est le meilleur des deux mondes. Si les preuves ne sont plus à faire concernant l'importance que l'argent a prise dans le gouvernement actuel, et qu'il ne suffit que de quelques prête-noms pour faire un don substantiel au PLQ et s'attendre à d'importantes faveurs en retour, abolir le financement individuel des partis serait, selon moi, une atteinte à la démocratie. Chacun a le droit de soutenir le parti qui représente le mieux ses valeurs. Au fond, la somme de 100$ est un montant symbolique et accessible qui permet de poser un geste concret pour appuyer le parti auquel on croit. De plus, comme le financement public sera ajusté, les partis ne seront pas pénalisés par l'abaissement du plafond de dons. Le gouvernement lui-même n'aura pas à délier les cordons de la bourse davantage,  puisque le crédit d'impôt pour don à un parti politique sera aboli. Vraiment, je suis tout à fait en accord avec la réforme proposée par ces trois jeunes députés. Je crois que c'est une voie à considérer sérieusement pour véritablement assainir les moeurs politiques actuelles.

Rose-Marie Leclerc, Montréal