Les 192 États membres de l'ONU voteront aujourd'hui pour déterminer quels pays obtiendront les deux sièges vacants au Conseil de sécurité.

Le Canada doit batailler ferme avec l'Allemagne, grand favori, et le Portugal. Les positions controversées du gouvernement Harper dans les dossiers des changements climatiques et de la défense des droits de la personne pourraient nuire à ses chances. Croyez-vous que le Canada mérite néanmoins un siège au Conseil de sécurité?

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Cinglante défaite du Canada

Lawrence Cannon fait une erreur en accusant Michael Ignatieff et l'opposition libérale pour la cinglante défaite du Canada aux Nations unies hier. En déclarant que l'opposition aurait dû être unifiée aux conservateurs pour gagner ce siège, il renie les principes de démocratie et de la libre expression des idées au parlement. Cela me rappelle Georges W. Bush et sa célèbre phrase «ou vous êtes avec moi ou alors, vous êtes contre moi». Dans les faits, Stephen Harper a perdu ce siège par ses prises de position radicales qui ont froissé une partie de la planète et aujourd'hui il en paye le prix.

Daniel Beaudin, Verdun

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Une défaite relative

On aura beau blâmer l'ensemble de la classe politique canadienne, mais la véritable réponse est: ce n'était pas notre tour. Le Canada se situe au quatrième rang des pays ayant passé le plus de temps au sein de ce conseil prestigieux, avec 12 ans. Seuls, le Japon (20 ans), le Brésil (18 ans) et l'Argentine (16 ans) sont plus présents que nous. En ce qui a trait au Portugal, il n'a passé que quatre ans au sein du Conseil de l'ONU depuis sa création en 1946. Il est au même niveau que le Bangladesh, la Finlande et le Zimbabwe. Dire que c'est une défaite pour le Canada, oui. Mais ce n'est pas une défaite si lamentable que cela. Il faut savoir laisser la place aux autres. 

Louis-Martin Archambault, Laval

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Le jeu du blâme

Aujourd'hui, M. Harper blâme le chef de l'opposition, Michael Ignatieff, pour le fait que le Canada ait dû se retirer de la course pour obtenir un siège non permanent de deux ans au Conseil de sécurité des Nations unies. M. Harper devrait blâmer le vrai coupable, son ministre des Affaires étrangères Lawrence Cannon. Le 6 octobre dernier, M. Cannon est allé dénigrer notre chef de l'opposition aux Nations unies. C'était un commentaire tout à fait déplacé et inacceptable. Ceci a terni notre image et nous a fait bien mal paraître. On ne règle pas nos problèmes internes sur la scène internationale. M. Cannon devrait savoir cela. On lave notre linge sale en famille, comme au dit en bon québécois! Le Canada n'a pas obtenu ce siège aux Nations unies parce qu'il est entré dans la course très tard, le gouvernement du Canada était désorganisé et il essayait de manipuler les gens qui allaient voter. M. Harper devrait jeter le blâme sur lui-même, sur son ministre des Affaires étrangères, M. Cannon, et sur son propre gouvernement!  

Sylvie Bouchard

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Le Canada a perdu sa crédibilité

C'était à prévoir que le Canada mordrait la poussière à l'ONU. Messieurs Harper, Cannon et cie n'ont pas à mettre le blâme sur quiconque à part eux-mêmes et leur administration «à la Bush». Quand on veut être reconnus comme un pays ayant un tant soit peu de diplomatie, on ne fait pas une sortie fracassante à l'ONU lorsqu'un président d'un autre pays prend la parole, fusse-t-il ce pays nommé l'Iran. Quand on veut faire croire qu'on est démocratique, on n'envoie pas non plus nos concitoyens à la torture. Même les États-Unis ont voté pour le Canada «du bout des lèvres» et blâmer M. Ignatieff, c'est faire la preuve que le ridicule ne tue pas un conservateur. Le Canada a perdu toute crédibilité à l'échelle mondiale.

Rita Charest

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Et la solidarité dans tout ça?

L'échec du Canada à obtenir un siège au Conseil de sécurité de l'ONU est certes un dur revers pour le pays, mais il nous faut absolument comprendre les deux principaux éléments qui nous ont nui avant de sauter aux conclusions partisanes. Oui, il faut convenir que les chefs de l'opposition à Ottawa ont terriblement nui au processus d'appui à la candidature canadienne. Tant Michael Ignatieff que Jack Layton ont démontré qu'ils ne connaissent en rien l'essentiel des rapports de force qui font loi à l'ONU. Le gouvernement du premier ministre Harper est minoritaire et c'est la première fois dans notre histoire qu'il nous fallait obtenir ce siège tout en étant affaiblis à Ottawa. Le mot d'ordre des chefs de l'opposition aurait dû être clair dès le départ qu'il fallait soutenir tous les efforts du premier ministre pour obtenir ce siège, sans partisanerie et sans miner la crédibilité du gouvernement. Ils ont surtout confirmé qu'ils ne connaissent vraiment pas la règle de base qui aurait dû s'appliquer ici: un pour tous et tous pour un. L'autre élément qui jouait contre nous est bien plus subtil. On se rappellera que l'Union européenne contribue, par ses États membres, à hauteur de près de 40% du budget de l'ONU alors que sa contribution au PNB mondial est de 30%. L'UE contribue pour 44% aux ressources du PNUD et pour 80% au Fonds de consolidation de la paix. Dans le contexte d'une poussée stratégique évidente de l'Europe auprès de l'ONU, il ne faut pas se surprendre de l'accession du Portugal au conseil de sécurité de l'ONU. Rappelons aussi que les États-Unis critiquent souvent le fonctionnement actuel de l'ONU et je suis convaincu qu'à moins d'une réelle refonte interne de l'appareil onusien, il n'y aura pas beaucoup de chance pour que le Canada et les États-Unis puissent travailler ensemble au conseil de sécurité. Le poids de l'Europe grandit à l'ONU tant ouvertement que furtivement. L'Amérique est désavantagée par rapport à l'Europe et cette affaire commence à devenir irritante tant pour le Canada que pour les États-Unis. Cette situation est d'autant plus triste qu'elle porte ombrage aux efforts canadiens et américains partout dans le monde et certainement en Amérique latine, notre voisin. Le Canada et les États-Unis devront parler d'une voix beaucoup plus solidaire et notre pays devra éventuellement réfléchir à une nouvelle façon d'établir le rapport de force canadien aux Nations unies. Cela passe aussi certainement par une révision de la représentation canadienne actuelle à l'ONU qui n'a certainement pas la même force de frappe qu'avait Yves Fortier lorsqu'il était en poste à New York dans les années 90. 

Pierre Harvey, M.Sc., Sherbrooke

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Un échec et une gifle prévisibles pour le Canada

Le 12 octobre dernier, le Canada a échoué dans sa tentative de décrocher un des sièges à pourvoir au Conseil de sécurité de l'Organisation des Nations unies. C'est la première fois de son histoire que le Canada échoue à obtenir une place à ce prestigieux conseil. Mais cet échec était entièrement prévisible... Depuis qu'il a pris le pouvoir en 2006 et avant son récent blitz de promotion à New York, Stephen Harper ne s'est présenté qu'une seule fois au siège international de l'ONU. Rappelons qu'en 2009, pendant que Barack Obama prononçait un important discours devant l'Assemblée générale, M. Harper a préféré se rendre dans un Tim Horton's à Oakville, en Ontario. Aussi, notre premier ministre a déjà qualifié l'ONU de «coalition de n'importe qui - du bon, de la brute et du truand». Devons-nous donc nous surprendre de la cuisante défaite du Canada le 12 octobre dernier? Le problème est que le gouvernement Harper ne cesse d'éroder la crédibilité de notre pays sur la scène internationale. Notre pays demeure le Canada, et nous - Québécois - sommes tout aussi concernés par cette érosion que nos compatriotes de l'Ontario, de l'Alberta ou d'ailleurs au pays. L'échec du Canada à décrocher un siège au Conseil de sécurité est celui de tous les Canadiens et dépasse largement la petite guéguerre que se livrent fédéralistes et souverainistes dans la Belle Province depuis belle lurette. Non seulement M. Harper a-t-il réussi à polariser le pays comme jamais auparavant, au point où il devient difficile d'envisager le retour d'un gouvernement majoritaire à Ottawa, mais il a aussi causé un préjudice considérable à l'image canadienne sur la scène internationale. En se collant trop étroitement sur la position américaine dans la défense inconditionnelle d'Israël, en faisant fi du problème des changements climatiques et en adoptant une position controversée sur l'avortement dans les pays en développement entre autres, le gouvernement Harper a préparé le terrain à l'échec qu'il a subi. Tous les analystes s'entendent pour dire que c'est un recul important pour le Canada et que la communauté internationale «punit» ainsi le Canada pour sa politique étrangère des dernières années. Le Canada devra s'adapter à la nouvelle dynamique mondiale. Depuis 2008, les États-Unis ont perdu beaucoup de plumes et peinent encore à se relever. Tout laisse à croire que l'époque où les Américains dictaient à eux seuls l'agenda politique international est révolue. Au cours de la dernière récession, des pays émergents se sont repositionnés sur l'échiquier politique mondial, ont pris du galon et se préparent à jouer un rôle beaucoup plus important sur la scène internationale. Pensons notamment à la Chine, à l'Inde et au Brésil. Les États-Unis ne forment plus la superpuissance qu'ils formaient jadis... Devons-nous aliéner nos voisins du Sud pour autant? Bien sûr que non. Les États-Unis demeureront un partenaire politico-économique important pour le Canada, mais notre pays devra s'ouvrir à la nouvelle dynamique mondiale et s'y adapter. Donc, en vue des prochaines élections fédérales, vraisemblablement d'ici le printemps 2011, posez-vous ces questions: souhaitez-vous vraiment reporter au pouvoir ce gouvernement conservateur? Souhaitez-vous un autre gouvernement minoritaire? Pire encore, seriez-vous à l'aise d'être représenté par un gouvernement Harper majoritaire? De toute évidence, seuls les partis conservateur et libéral peuvent aspirer à gouverner notre pays. Jamais le Bloc Québécois ne pourra dicter la politique étrangère du Canada. Au mieux, il joue un rôle de chien de garde «des intérêts des Québécois», mais le rôle d'un gouvernement national est de représenter les citoyens du pays, et nous sommes tous des citoyens canadiens jusqu'à nouvel ordre. Notre gouvernement national siège à Ottawa et non à Québec. L'image du Canada sur la scène internationale est ternie. Qu'on soit fédéraliste ou souverainiste, aux yeux de la communauté internationale, nous sommes tous des Canadiens. Êtes-vous à l'aise avec l'image du Canada que projette le gouvernement Harper depuis 2006? Chez moi, la défaite cuisante que vient de subir le Canada provoque un profond malaise.

Sébastien St-François, Boucherville