En janvier 2019, des médecins se mobilisaient pour dénoncer l’augmentation alarmante de la consommation de psychostimulants chez les enfants et les jeunes Québécois.

Leurs revendications ont mené les élus siégeant à la Commission de la santé et des services sociaux à tenir un mandat d’initiative sur la question, en novembre 2019, où 15 experts (médecins, chercheurs, neuropsychologues, psychoéducateurs, etc.) ont fait partager leurs connaissances, leurs expériences et leurs observations. A suivi, en décembre 2020, un rapport dans lequel la Commission formulait 17 recommandations regroupées sous 4 axes distincts⁠1 :

a) d’approfondir la recherche en santé mentale, en particulier sur la consommation de psychostimulants chez les enfants et les jeunes associée au trouble de déficit de l’attention avec/sans hyperactivité (TDAH) ;

b) de corriger et d’améliorer les pratiques de dépistage et de diagnostic du TDAH et des troubles apparentés ;

c) de s’ouvrir aux approches multidisciplinaires et collaboratives dans le traitement du TDAH et des troubles apparentés et améliorer l’accès aux services psychosociaux ;

d) d’implanter des mesures de suivi du diagnostic et du traitement du TDAH et des troubles apparentés et mieux soutenir les jeunes, leurs familles et les enseignants.

Depuis, deux ans ont passé et aucune démarche ne semble avoir été entreprise. Pourtant, le problème est encore bien réel et l’accroissement de la prescription de médication se poursuit de manière constante, comme le montre un récent rapport de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ)⁠2 sur la surveillance du TDAH et des psychotropes associés.

Le quart (24,7 %) des jeunes âgés de 6 à 17 ans ont reçu une ordonnance de psychostimulants en 2020, alors qu’ils étaient moins de 10 % en 2000.

Et ces chiffres sont sous-estimés en raison du fait qu’ils excluent les bénéficiaires d’une assurance privée et qu’ils s’arrêtent avant la pandémie, qui, on le sait, a eu des effets négatifs sur la santé mentale des enfants, des jeunes et de leurs parents.

Avec les difficultés d’accès aux services psychosociaux et aux ressources pédagogiques, les psychotropes deviennent le traitement « par défaut » pour les enfants et leurs familles, afin de ne laisser personne sans soin. Mais à quel prix ? Un traitement médical est-il réellement la solution ? Sachant que le diagnostic du TDAH est souvent lié à des difficultés scolaires, les services psychosociaux et pédagogiques pourraient répondre davantage aux besoins des enfants et des jeunes, et cela, sans effets secondaires. Vivement une réflexion collective et une action gouvernementale en ce sens.

* Marie-Christine Brault a présenté un mémoire lors des audiences de la Commission.

1. Consultez le mandat de la Commission de la santé et des services sociaux (2020) 2. Consultez le rapport de l’Institut national de santé publique du Québec (2022) Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion