Je m’appelle Évelyne, j’ai 14 ans et je fais de la gymnastique de compétition en sport-études. Je pratique ce sport depuis que je suis toute petite et j’ai beaucoup souffert des règles sanitaires concernant la COVID-19.

Durant le premier confinement, je me suis bien adaptée aux consignes. J’ai fait plusieurs entraînements virtuels que les coachs de mon club ont organisés pour qu’on maintienne notre forme, et quand c’était possible, il y a eu des entraînements à l’extérieur et même parfois des cours privés. Lorsque l’entraînement d’été régulier a recommencé à l’été 2020, j’étais vraiment contente. J’allais enfin pouvoir recommencer à pratiquer ma passion malgré le fait qu’il n’y avait pas encore de compétition.

Quand l’année scolaire 2020-2021 a recommencé, je suis entrée en secondaire 1 en sport-études. C’était la première année où je m’entraînais cinq jours par semaine. Peu après, les sports ont encore une fois été annulés mais comme j’étais en sport-études, j’ai eu la chance de continuer à m’entraîner presque normalement en groupes « bulles-classes ». Au début, j’étais satisfaite qu’il n’y ait pas de compétition. Je trouvais que c’était plus de stress qu’autre chose après tout ce qu’on avait vécu avec la pandémie. Environ une fois par mois, mon club de gymnastique organisait des simulations de compétition seulement pour les athlètes en sport-études. L’objectif était qu’on soit prêtes lorsque les compétitions allaient recommencer. Pour moi, c’était assez de pression comme ça, je n’avais pas envie de retourner à la vie normale tout de suite. J’étais donc satisfaite de mon année sans compétition ; j’ai pu m’améliorer et apprécier mon sport d’une autre façon.

Au début de l’année scolaire 2021-2022, quand j’ai appris que les compétitions approchaient à grands pas, j’étais très stressée à l’idée d’avoir une première compétition depuis deux ans, surtout que je revenais d’une blessure.

Il était temps de reprendre tous mes mouvements et de les maîtriser pour la compétition. Finalement, ma compétition, qui a eu lieu en novembre 2021, s’est très bien déroulée. J’ai eu de très bons résultats. C’était la première fois que j’avais une place presque assurée pour la finale provinciale qui a normalement lieu à la fin de la saison de compétitions. En plus, grâce à cette compétition, j’ai développé ma confiance en moi et j’ai réussi à gérer mon stress comme jamais auparavant. J’avais, étonnamment, hâte à la prochaine compétition ! Quelques semaines plus tard, mes coachs m’ont appris que j’étais inscrite pour faire la qualification des Jeux du Québec même si je n’avais pas toutes les exigences de ce niveau. J’étais excitée d’avoir un nouveau défi !

Nouvelle interruption

Malheureusement, il y a un peu moins d’un mois, toutes les compétitions sportives ont été suspendues par le gouvernement, sans distinction entre les sports d’équipe et les sports individuels. J’étais très déçue. J’avais juste recommencé à avoir une routine d’entraînement plus assidue et à retrouver plus de plaisir à pratiquer mon sport. Je suis surtout déçue que nous soyons pénalisées en grande partie à cause des sports d’équipe comme le hockey parce que, disons-le, les cas proviennent surtout du hockey, et ce depuis le début de la pandémie. J’en ai été témoin dans ma classe de sport-études puisque quand il y avait un cas, c’était souvent un joueur de hockey qui était positif à la COVID-19 et les autres sports étaient rarement touchés.

C’est ce qui m’a poussée à écrire cette lettre aujourd’hui. Pourquoi annuler les compétitions de tous les sports quand ce sont les sports d’équipe le principal problème ?

Durant ma compétition du mois de novembre, les règles sanitaires étaient très bien respectées. Chaque club était isolé des autres tout au long de la compétition. Sur le très grand plateau de compétition, nous étions au total 20 gymnastes, environ 10 coachs, 2 juges par appareil et quelques bénévoles. Ceux-ci nettoyaient les appareils entre chaque rotation et tout le monde portait son masque. Nous aussi, les gymnastes, nous portions notre masque et nous l’enlevions seulement lorsque nous nous apprêtions à faire notre routine. Il y avait aussi très peu de spectateurs et les gradins étaient suffisamment grands pour que chaque famille soit éloignée des autres.

Bref, je me sentais très en sécurité et je n’avais pas peur d’attraper la COVID-19. Il n’y a même pas eu de remise de médailles pour éviter un rassemblement à la fin de la compétition ! Même si j’étais déçue de ne pas vivre mon premier podium depuis longtemps, je trouve que c’était un bon compromis pour nous permettre d’avoir une compétition.

Tout ça pour dire que je trouve cela injuste que les sports individuels soient traités de la même façon que les sports d’équipe alors que ce sont plutôt les sports d’équipe qui sont plus à risque d’avoir une éclosion. Je parle de mon sport, mais je suis certaine que les autres sports individuels vivent la même réalité.

J’aimerais que les sports individuels aient la chance de poursuivre leur saison, qu’on nous laisse faire nos compétitions, nous dépasser individuellement, développer notre confiance en soi, avoir un but à atteindre et un peu plus de pression ! Plusieurs choses que j’ai réalisé qu’il manquait dans mon sport sans les compétitions.

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