En réponse à la lettre d’Isabelle D. Bergeron, « Infirmière ou servante écarlate ? », publiée le 26 août

D’entrée de jeu, je veux dire que j’ai été très touché par la lettre de Mme Bergeron. Son message est celui de centaines d’infirmières et d’inhalothérapeutes à travers le Québec, et je l’entends bien.

L’objectif de notre gouvernement est d’éliminer le plus rapidement possible le temps supplémentaire obligatoire (TSO). Le TSO ne peut pas être un mode de gestion durable pour notre réseau de la santé. Il devrait être réservé uniquement aux situations urgentes et imprévues.

Le TSO doit être l’exception, non la norme.

On a hérité d’un système de santé où la philosophie de gestion consistait à avoir le minimum de personnel soignant pour réduire les coûts salariaux. Malheureusement, cette approche a entraîné le besoin de recourir de plus en plus au temps supplémentaire et aux équipes volantes lorsqu’il manquait de personnel. Au fil des ans, le cercle vicieux du TSO n’a fait qu’empirer.

Depuis notre arrivée au gouvernement en octobre 2018, nous avons posé de nombreuses actions structurantes pour redresser la situation dans notre réseau de la santé, principalement dans le contexte de la pandémie.

J’ai surtout en tête les nouvelles conventions collectives, négociées par ma collègue Sonia LeBel au Conseil du trésor, qui prévoient une nette amélioration des conditions de travail et salariales pour le personnel, mais aussi l’ajout de personnel. Je ne peux passer sous silence l’embauche de près de 10 000 nouveaux préposés en CHSLD, ce qui a libéré nos professionnels d’une énorme charge de travail afin d’améliorer la qualité de vie du personnel, et aussi des patients.

De plus, nous continuons de travailler à rétablir une véritable équité entre le personnel de notre réseau de santé public et les agences de placement. Le recours à cette main-d’œuvre hors réseau était aussi une pratique courante et s’inscrivait dans la philosophie de gestion des précédents gouvernements.

La pandémie nous a montré tous les effets pervers que ce mode de gestion peut engendrer, notamment en termes de mobilité de main-d’œuvre dans un cadre de protection et de contrôle des infections. Nous avons enfin eu le courage de baliser le fonctionnement de ces agences pour éviter des situations préjudiciables dans un contexte d’urgence sanitaire sans précédent, en tenant compte des particularités régionales.

J’ai bien l’intention de continuer, en collaboration avec les partenaires syndicaux, à instaurer des mesures pérennes pour éliminer le plus rapidement possible le recours systématique au TSO et aux agences externes.

Nous avons une vision ambitieuse : appliquer un mode de gestion axé sur la stabilité et non la mobilité, et ça passe par l’élimination du temps supplémentaire et du recours aux agences de placement.

Nos objectifs sont clairs : réduire la pression sur le personnel, embaucher des infirmières à temps plein, revoir nos processus de gestion des horaires et favoriser la conciliation travail-famille. Pour cela, nous avons déjà mis en place des primes incitatives pour les infirmières qui travaillent pendant des quarts défavorables.

À toutes nos infirmières, infirmières auxiliaires et inhalothérapeutes, je veux vous remercier du fond du cœur pour votre travail, votre dévouement et votre passion. Depuis des années, vous donnez un service de qualité aux Québécois. C’est à nous de vous fournir un environnement de travail à la hauteur de vos attentes.

Le changement de culture dans le réseau de la santé est amorcé. Ce n’est pas terminé, j’en conviens : nous sommes bel et bien au début de cette transformation tant attendue.

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