La volonté de Québec d'appuyer sur l'accélérateur pour obtenir une entente négociée avec les centrales syndicales semble de bon augure, après des mois à tourner en rond.

C'est aussi une façon d'exercer de la pression, particulièrement en éducation où la Fédération autonome des enseignants, qui représente le tiers des professeurs du primaire et du secondaire, a quitté la table sectorielle au début du mois.

Le changement de ton est notable. Le président du Conseil du trésor, Martin Coiteux, affirmait la semaine dernière que le gouvernement et les centrales syndicales étaient « à des années-lumière ». Hier, il voyait « la lumière au bout du tunnel ».

Faut dire que Québec est un peu condamné à s'entendre avec les syndicats. Une loi spéciale créerait un climat de tension qui n'est pas souhaitable, sans compter que l'imposition d'un contrat de travail laisse des cicatrices.

La décision du front commun de maintenir une journée de grève le 9 décembre témoigne que, même si les espoirs sont permis, le rapprochement n'est pas évident.

C'est le cas en éducation où les deux syndicats d'enseignants rejettent d'emblée un règlement qui se ferait à coût nul et exigent un allègement de la tâche.

Faut-il y voir un premier pas ? La mise à jour économique, présentée jeudi, prévoit un réinvestissement de 80 millions en éducation l'année prochaine, une somme destinée au maintien de postes de spécialistes dans les écoles.

***

Au cours des dernières semaines, le gouvernement avait déjà jeté du lest dans ses demandes, en plus de mettre 500 millions sur la table pour la relativité salariale.

En montrant aujourd'hui son désir d'en arriver à une conclusion heureuse, le gouvernement tente aussi de rallier l'opinion publique. Il y a quelques jours, un sondage Léger montrait que 64 % des répondants croient que Québec gère mal les négociations et 51 % affirmaient appuyer davantage les syndicats que l'État.

Autre atout dans la manche des syndicats, l'Institut de la statistique du Québec a confirmé cette semaine que les employés du secteur public ont encore perdu des plumes par rapport au privé. L'écart salarial se situe à près de 10 %.

Dans ce contexte, le gouvernement Couillard doit jouer de prudence. Surtout que les négociations surviennent dans la foulée d'un jugement de la Cour suprême, mettant en cause la Saskatchewan, qui a statué que le droit de grève est constitutionnel et que la loi sur les services essentiels, votée dans cette province, était inconstitutionnelle. La partie patronale a bien sûr cette décision à l'esprit.

Le premier ministre Philippe Couillard l'a clairement dit : « La loi spéciale est la pire des solutions. » Une entente négociée est toujours préférable et, si les négociations achoppent, le gouvernement pourra alors rejeter l'odieux sur les syndicats.