Que cherche à faire le ministre de l'Éducation, Yves Bolduc? Depuis son entrée en fonction, le ministre multiplie les déclarations concernant ses priorités et accumule les impairs. À trop vouloir en faire, on finit par ne pas avancer.

La réforme tous azimuts en éducation que semble vouloir entreprendre le gouvernement, comme l'a révélé hier notre collègue Tommy Chouinard, laisse perplexe.

Dans le cadre de la révision des programmes, Québec plancherait sur une réforme pour réduire - voire abolir - les commissions scolaires, revoir la taxation scolaire et transférer certains pouvoirs aux municipalités. Une réduction du financement des écoles privées, la création d'un ordre professionnel pour les enseignants et une diminution du nombre d'examens ministériels seraient aussi à l'étude. Ouf!

Plusieurs de ces idées sont dans l'air depuis un moment. Certaines constituent des avenues intéressantes à explorer, comme nous l'avons déjà mentionné dans ces pages.

D'autres ont fait l'objet d'une analyse dans le récent rapport sur le financement, l'administration, la gestion et la gouvernance des commissions scolaires (rapport Champoux-Lesage).

Si les idées ne sont pas toutes nouvelles, il est toutefois légitime de se questionner sur la cohésion d'ensemble. Quelle est la pertinence de se lancer tous azimuts?

Des doutes subsistent aussi quant à la légitimité dont jouit le ministre pour mener à bien ces changements qui ne se feront pas sans heurts. Sa cote de crédibilité est au plus bas. Le milieu ne semble pas témoigner d'un grand respect à son égard. Déjà, sa nomination à l'Éducation avait été accueillie tièdement; il était clair qu'il s'agissait d'un prix de consolation pour avoir cédé sa place à Gaétan Barrette comme ministre de la Santé.

Depuis sa nomination, Yves Bolduc a commis plusieurs bourdes. Il a trop souvent fait des déclarations malhabiles, parfois carrément inadmissibles pour un ministre de l'Éducation. Il n'est pas un bon communicateur. Non seulement son message passe mal, mais le ministre donne aussi l'impression de ne pas comprendre les subtilités du milieu.

Pour procéder à une réforme majeure, la communication est primordiale. Le ministre doit convaincre la population du bien-fondé de ses orientations. Quel but vise-t-il?

L'éducation représente trop souvent un terrain fertile à l'implantation de réformes qui changent au gré des orientations politiques et qui n'aboutissent pas.

Avant d'entreprendre une réforme majeure en éducation, il est primordial d'en expliquer la pertinence. Il faut aussi se demander si le ministre en poste est la bonne personne pour lancer un tel chantier.