Fleuron québécois, le programme des services de garde à contribution réduite prend l'eau. Pour colmater les brèches, il faut trouver une solution au problème qui perdure depuis sa création: le financement.

La facture dépasse les deux milliards annuellement. La part défrayée par les parents est passée de 20% initialement à 13,5% aujourd'hui. L'État finance la majorité de ce programme essentiel qui contribue à préparer les jeunes enfants pour l'école et qui favorise la présence des femmes sur le marché du travail.

Le gouvernement Couillard s'est privé d'un revenu annuel de 125 millions en annulant la hausse décrétée par les péquistes qui faisaient passer le tarif de 7 à 9$ par jour. Un revenu qui aurait été le bienvenu.

La décision du gouvernement Marois n'avait pourtant pas soulevé l'indignation populaire comme cela avait été le cas en 2003, lorsque le gouvernement Charest avait haussé le tarif une première fois.

Un rapport sur la qualité et la pérennité des services de garde, piloté par l'ancien sous-ministre Maurice Boisvert, avait recommandé en décembre dernier d'augmenter la contribution parentale, tout en suggérant de prévoir des mesures pour alléger le fardeau des plus démunis.

Dans leur analyse des finances publiques, Luc Godbout et Claude Montmarquette ont aussi conclu à la nécessité d'augmenter les tarifs.

Pourquoi s'en priver? Le premier ministre Couillard craint un choc tarifaire pour les familles à faible revenu, qui devraient débourser 1000$ de plus par année pour deux enfants. Il préconise plutôt l'indexation.

Or, ce ne sera pas suffisant pour renflouer les coffres, car cela aurait dû être fait il y a longtemps. C'est tout le problème. Inévitablement, le statu quo entraîne un jour un dégel des tarifs qui fait plus de mal et suscite plus de grogne qu'une indexation qui suit le coût de la vie.

Dans ce contexte, il n'est pas étonnant de voir resurgir l'idée de moduler le tarif en fonction des revenus des parents. Les réactions négatives n'ont pas tardé à fuser.

En 2003, le gouvernement Charest avait mis trois propositions sur la table, dont celle-ci, avant de trancher en faveur de la hausse du tarif unique.

La modulation en fonction du revenu remet en question un principe fondamental du programme qui est celui de l'universalité. Les familles aisées paient déjà plus par le biais de leurs impôts. Faut-il en rajouter?

Un tel changement dans la gestion quotidienne des services de garde représente aussi un casse-tête administratif, sans compter que cela risque de catégoriser les enfants selon les revenus de leurs parents. Le gouvernement doit écarter cette option parsemée d'embûches.

Ce problème de financement du réseau devrait entraîner une réflexion plus large sur la gestion du réseau et sa nécessaire réorganisation. Nous y reviendrons demain.