Le retour des Fêtes aura été brutal. À un moment de l'année où l'accent est mis sur les retrouvailles familiales et l'importance des liens du sang, voilà qu'un couple décide d'anéantir sa famille. Depuis cette terrible découverte, la semaine dernière, dans un bungalow de Saguenay, c'est la consternation. Non seulement chez les proches mais à la grandeur du Québec. Par quel chemin désespéré peut-on en arriver là?

Car évidemment le premier réflexe est toujours de tenter de comprendre, de donner un sens à un événement qui défie toute logique et toute compréhension. Difficile, toutefois, de tirer quelque conclusion que ce soit puisqu'on ne sait pas encore ce qui s'est vraiment passé. Quel a été l'événement déclencheur qui a poussé ce couple à concevoir ce terrible scénario? Lequel des deux parents a influencé l'autre? Et surtout, pourquoi avoir mis fin aux jours de trois jeunes enfants?

 

Nous revient, comme un éclair, la scène insoutenable de la fin des enfants de Joseph Goebbels dans l'excellent film La chute, sur les derniers jours d'Adolf Hitler. Douloureux.

On a parlé de difficultés financières du couple, des faillites et des insuccès professionnels du père, Marc Laliberté, 46 ans. Certains tentent même de faire passer cette famille comme la première victime de la crise économique. Le beau symbole, en effet.

Mais ne laissons pas cette symbolique tragique et les interprétations trop romantiques nous faire oublier la terrible réalité. Trois enfants innocents sont morts par la faute de leurs parents.

On ne sait pas ce qui a motivé ce couple à commettre un acte aussi violent mais une chose est toutefois certaine, il y a à l'origine de ce geste une très grande détresse. Une profonde dépression explique probablement cette immense fragilité face aux coups durs de la vie. L'enquête et le procès de Cathie Gauthier le confirmeront possiblement.

Un tel drame aurait-il pu être évité? À une époque où nous tentons de tout prévenir, les accidents de la route comme les accidents de la vie, la question revient inlassablement. Les proches des victimes se blâmeront peut-être de n'avoir rien vu ou de ne pas avoir réagi à certains signes. Évidemment, la culpabilité est inutile. Nous ne sommes pas tous des psychologues, et les signes de détresse ne sont pas toujours évidents. Parfois, aussi, certaines personnes démolies cachent bien leur jeu jusqu'à la fin. Que peut-on y faire? À part, peut-être, essayer d'offrir une oreille attentive et un peu de compassion à ceux qui nous entourent.

nathalie.collard@lapresse.ca