Le sixième Sommet des Amériques, tenu ce week-end en Colombie, aura surtout servi à planter quelques épines au pied de Barack Obama. Et ce, moins de sept mois avant l'élection présidentielle qui le reportera, ou non, à la Maison-Blanche.

D'abord, des problèmes récurrents sont revenus hanter le président des États-Unis. La position de Washington vis-à-vis Cuba, depuis longtemps obsolète. La guerre à la drogue, qui ne va nulle part. Ensuite, comme si ce n'était pas suffisant, l'apparente incartade d'une douzaine d'hommes des services secrets américains - alcool et prostituées, bien sûr - a titillé la planète entière.

Réglons tout de suite le cas de ce dossier à scandale.

Les hommes impliqués ne faisaient pas partie de la garde rapprochée du président, sa sécurité n'a jamais été compromise et l'événement n'a aucune connotation politique. Néanmoins, si les faits rapportés s'avèrent exacts, la trahison éthique et morale de ces fonctionnaires payés pour être irréprochables est réelle. De sorte qu'on peut compter sur les républicains et sur les médias pour défendre la vertu, condamner le vice, et transformer l'affaire en une faute imputable à Barack Obama.

Il n'avait vraiment pas besoin de ça.

Cependant, l'essentiel se trouve dans des politiques - américaines, mais aussi canadiennes - en forme de cul-de-sac.

Ainsi en est-il de la guerre à la drogue dont le premier effet, en Amérique latine, est d'entretenir dans plusieurs pays une violence insupportable. Or, le Sommet de Carthagène n'a pas fait avancer ce dossier d'un millimètre. Et, pour un, le Canada n'a trouvé à offrir que le proverbial diachylon sur la tout aussi proverbiale jambe de bois: 25 millions de dollars sur cinq ans en formation et équipements de police.

Une goutte d'eau dans une mer de sang.

Par ailleurs, c'est la question cubaine qui a vraiment fait chavirer le sixième Sommet des Amériques - au point où on se demande maintenant s'il y en aura d'autres.

Le boycottage de Cuba doit cesser, ont réclamé plusieurs chefs d'État... et pas seulement ceux de la vieille gauche à papa: le Vénézuélien Hugo Chavez, par exemple, était absent. Plus d'un demi-siècle après la révolution castriste, il est clair que l'embargo américain est dorénavant perçu au Sud comme un anachronisme et une discrimination.

C'est rigoureusement exact.

Cette situation a assez duré, en effet, d'autant plus que le régime essoufflé, inoffensif, de Raul Castro serait rapidement rendu caduc par une ouverture à laquelle la population cubaine est assurément prête.

Certes, entre les Cubains de la Floride et les Américains plus âgés qui ont un souvenir amer du Castro de la crise des missiles, ouvrir cette porte est périlleux pour le président. Et encore plus avant la présidentielle. Mais, ensuite, qu'il se nomme Barack Obama ou Mitt Romney, il devra un jour ou l'autre s'y résoudre.

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