Qu'est-ce qui a motivé l'homme qui, chevauchant un scooter devant une école juive de Toulouse, a tué un professeur et trois enfants âgés de 2 à 8 ans, faisant aussi des blessés? C'est la question qui se posait, hier, alors que les médias du monde entier relayaient le sentiment d'horreur ressenti en France.

En pleine course à la présidence, en effet, le pays a stoppé net le tintamarre électoral.

Le président Nicolas Sarkozy et son principal adversaire, François Hollande, se sont précipités dans cette ville du sud-ouest plutôt calme et prospère, berceau de l'avionneur Airbus. Mais les deux hommes n'avaient à offrir que des questions. Notamment sur un lien possible entre cet événement et deux autres, survenus la semaine dernière dans la même région et impliquant apparemment la même arme et le même deux-roues.

Trois militaires français ont été tués et un autre, gravement blessé, lors de ces agressions. Les victimes, des parachutistes, étaient d'origine maghrébine et antillaise.

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Donc: pourquoi?

Il n'existe pas tant de raisons de tuer. Il y a la haine à connotation raciale, religieuse, idéologique ou simplement personnelle. Il y a l'intérêt, celui des individus, des familles, des clans. Il y a enfin le dérèglement mental, côté obscur de la nature humaine qui demeure mystérieux.

La tuerie d'hier suggère la haine antisémite, bien sûr, dont le moins qu'on puisse dire est qu'elle n'est pas inconnue en France. S'il s'avère que l'événement est isolé, la mouvance islamiste sera soupçonnée. Mais si un lien se confirme avec les deux autres agressions meurtrières, cette piste sera moins probante.

Pour quelle raison, en effet, aurait-on visé de façon spécifique, d'abord des militaires, ensuite des juifs? On voit mal le rapport... bien que l'implication de soldats destitués en 2008 pour cause de sympathie néonazie soit envisagée par la police. Et si le casus belli se trouve, non dans l'uniforme, mais dans la couleur de peau des quatre paras assaillis, ce sera un peu pareil: il s'agirait alors de cette haine globale de l'«étranger» - juif, noir, maghrébin, peu importe - qui, justement, est centrale dans l'idéologie des néonazis.

Enfin, des psys favorisent l'hypothèse du tueur fou.

Ils évoquent le Norvégien Anders Breivik (massacre du 22 juillet dernier, 77 morts), signifiant par là qu'un système «logique» de pensée et d'action peut, chez l'être humain, coexister avec la folie. Le tueur de Toulouse pourrait ainsi «être engagé dans une logique suicidaire qui laisse craindre le pire, comme une prise d'otages sanglante où il mettrait fin à ses jours», suggère dans cette veine un ex-officier de la police judiciaire (Le Figaro).

Bref, aussi bien dire que, pour l'instant, on s'y perd.

De sorte qu'il vaut vraiment mieux attendre avant de pointer un doigt accusateur.