Il est vrai que le lock-out décrété par la Ligue nationale de hockey samedi dernier aura un impact néfaste sur le chiffre d'affaires des commerçants du centre-ville de Montréal qui bénéficient directement des retombées des matchs du Canadien à domicile.

Les restaurateurs, vendeurs de produits dérivés, locateurs d'espaces de stationnement et hôteliers des alentours du Centre Bell pâtiront sans contredit du conflit de travail qui oppose l'Association des joueurs aux propriétaires du circuit Bettman.

Cependant, il serait faux d'affirmer que l'interruption des activités du Tricolore est mauvaise pour l'économie québécoise dans son ensemble.

D'une part, plus de la moitié des dizaines de millions de dollars déboursés par les partisans pour remplir le Centre Bell sont versés en salaires aux joueurs de l'organisation. C'est même le coeur de la pomme de discorde entre les deux parties: la LNH veut ramener de 57% à 46% la portion des revenus des équipes affectée à la rémunération.

Certes, les joueurs donnent environ 48% de leur paie en impôts dans les coffres de l'État. Mais, à quelques exceptions près, ces multimillionnaires sur patins, originaires de l'étranger ou d'ailleurs au pays, passent une bonne partie de l'année à l'extérieur du Québec (particulièrement lorsque le Tricolore est exclu des séries!). Ils dépensent et investissent donc une portion non négligeable des sommes allongées par les amateurs hors de la province. Conséquemment, cet argent ne profite aucunement à l'économie d'ici.

Par ailleurs, le Canadien fait partie de la catégorie des équipes fortunées de la ligue. Une quote-part de ses revenus est redistribuée aux formations plus pauvres du circuit. Ce sont ainsi des millions de dollars supplémentaires qui s'envolent aux quatre coins du continent nord-américain sans profiter à l'économie du Québec.

Pour les amateurs de hockey professionnel, les irréductibles du Canadien, le lock-out amène son lot de frustrations. Ce sont des centaines d'heures de passe-temps qui sont gâchées par cette dispute contractuelle entre multimillionnaires.

Ceci dit, il est permis de croire que les détenteurs d'abonnement de saison et les acheteurs occasionnels de billets ne laisseront pas dormir cet argent qui leur est rendu disponible à contrecoeur. Ces milliers de dollars qu'ils se feront rembourser mensuellement par le Canadien, ils les dépenseront vraisemblablement pour aller au resto, au cinéma, pour pratiquer eux-mêmes des sports ou pour s'acheter des biens de consommation. Cet argent profitera à un bien plus grand nombre de salariés québécois que lorsqu'il se concentre dans les poches déjà bien garnies de quelques joueurs de hockey. Ainsi, le partisan déçu fera néanmoins rouler davantage l'économie du Québec que s'il se servait de son pécule pour assister à des parties de la LNH.

Comme quoi le lock-out peut aussi être un mal pour un bien.