Vendredi dernier, les députés du Parti québécois ont choisi comme thème du débat hebdomadaire de l'opposition : « Les avantages de la souveraineté ». Libéraux et caquistes se sont moqués de ce choix « surréaliste ». L'argumentaire des péquistes l'était tout autant.

Les députés de l'opposition officielle ont soutenu que les petits pays réussissent généralement mieux que les grands, s'appuyant (en les caricaturant) sur les conclusions de deux économistes américains. « La Norvège, le Danemark, la Belgique, ce sont des petits pays qui performent plus parce qu'ils sont plus homogènes, parce que c'est plus facile pour eux d'adopter des politiques ambitieuses en termes économiques », a dit le chef par intérim du PQ, Stéphane Bédard. Passons sur le cas de la Belgique, qui est tout sauf homogène et qui est constamment menacée d'éclatement. On trouve bien sûr de petits pays parmi les États les plus prospères de la planète ; mais il y en a aussi des grands, dont les États-Unis, l'Allemagne et... le Canada. Si l'indépendance politique était gage de succès économique, la province de Québec ne jouirait pas d'un niveau de vie plus élevé que celui de quelque 160 États souverains.

Parmi les raisons de se séparer mentionnées par les péquistes vendredi, deux sont revenues à plusieurs reprises. Première raison : la décision d'Ottawa d'imposer un péage sur le nouveau pont Champlain. « Le fait de ne pas être un pays, qu'est-ce que ça fait ?, a demandé le député de Chicoutimi. Ça fait que, peu importe ce que nous allons décider, le fédéral peut décider qu'il y aura quand même un péage. » Puisque, dans un Québec indépendant, l'argent pousserait dans les arbres, il n'y aurait évidemment pas de péage sur les routes et les ponts. Pourtant, de plus en plus de pays adoptent ce mode de financement des infrastructures routières. C'est notamment le cas de la Norvège, du Danemark et de la Belgique.

Deuxième raison de faire l'indépendance, selon les péquistes : le projet Énergie Est, un pipeline qui transporterait au Québec, puis au Nouveau-Brunswick le pétrole des sables bitumineux de l'Alberta. « Au Québec, nous croyons qu'il n'est pas de notre avantage de faire de notre fleuve ou de nos chemins de fer une autoroute du pétrole albertain », a lancé M. Bédard. Pas un mot sur les avantages que procurerait ce projet aux deux raffineries de la province. On comprend que dans un Québec pays, le transport du pétrole canadien serait interdit, par oléoduc ou par train. Cependant, un Québec séparé n'aurait aucune objection à ce que le fleuve Saint-Laurent soit une autoroute pour le pétrole algérien et mexicain.

Le chef de l'opposition officielle a conclu : « Souhaitons que les Québécois ont trouvé dans ce débat des arguments pour choisir bientôt que le Québec devienne un pays ». Nous y avons plutôt trouvé la démonstration du dépérissement du discours indépendantiste. Décidément, le prochain chef du PQ aura du pain sur la planche.