Le Rapporteur spécial des Nations Unies sur les droits des populations autochtones, James Anaya, a déposé cette semaine un rapport sur la situation des Autochtones du Canada. Certains Canadiens voient d'un mauvais oeil l'intervention d'un officier de l'ONU dans «nos» affaires; ce n'est pas notre cas.

Comme le souligne M. Anaya, «il est difficile de réconcilier le cadre légal élaboré et la prospérité générale prévalant au Canada avec les problèmes de droits humains des peuples autochtones, problèmes qui, à plusieurs égards, ont atteint les dimensions d'une crise.» Ce paradoxe est intolérable.

Le texte de M. Anaya est nuancé. Il reconnaît l'importance des politiques mises en place pour corriger les erreurs dont les Autochtones ont été victimes. En ce qui a trait à la reconnaissance des droits ancestraux, par exemple, le Canada fait figure d'«exemple pour le monde».

Le Rapporteur spécial estime cependant, avec raison, que ces efforts sont insuffisants. Plusieurs communautés indigènes vivent une grave crise de logement qui crée à son tour des problèmes sociaux de toutes sortes. Les Autochtones sont plus pauvres, moins éduqués et en moins bonne santé que les autres Canadiens. «Le fossé entre les conditions de vie des Autochtones et celles des non Autochtones n'a pas été comblé», conclut M. Anaya.

L'étude du Rapporteur spécial aurait été encore plus utile s'il avait reconnu que les Blancs ne portent pas seuls l'entière responsabilité des tensions entre les gouvernements et les représentants autochtones. On en a des exemples dans l'actualité récente. Déterminé à améliorer l'éducation offerte aux enfants autochtones, le gouvernement Harper a conclu une entente historique avec le Chef national de l'Assemblée des premières nations, Shawn Atleo. Inscrite dans le projet de loi C-33, l'entente accorde aux réserves le droit de gérer leurs écoles. Ottawa s'est engagé à verser 1,9 milliard pour les appuyer dans cette mission. Or, l'accord a été jugé insuffisant par plusieurs chefs, au point où M. Atleo a dû démissionner.

Selon M. Anaya, le développement des ressources naturelles ne devrait pas avoir lieu sur des terres des Autochtones sans leur consentement «libre, préalable et informé». Ici, l'officier de l'ONU se trompe. La Cour suprême a établi que le Canada avait l'«obligation de consulter» les Premières nations. La consultation doit être sincère, mais elle n'équivaut pas à un droit de veto. Dans le projet d'oléoduc Northern Gateway, le promoteur Enbridge et l'Office national de l'énergie ont consulté les communautés concernées de façon approfondie. Malgré cela, des nations ont annoncé qu'elles s'opposeront par tous les moyens au projet, peu importe les modifications apportées. Cette intransigeance est déraisonnable et nuisible à la cause des Premières Nations et des Inuits. Le Rapporteur spécial de l'ONU devrait le leur faire comprendre.