«Je suis pour une gauche sérieuse, celle qui ne décevra pas, celle qui ne déviera pas, qui ne se détournera pas de ses engagements.» - François Hollande (3 avril 2012)

Dimanche, à Paris, des dizaines de milliers de militants de gauche ont manifesté contre les politiques d'austérité mises en place par le président socialiste, François Hollande. Le même jour, à Montréal, les membres de Québec Solidaire ont rejeté l'idée d'une alliance électorale avec le Parti québécois, étant donné les «politiques d'austérité néolibérale» adoptées par le gouvernement de Pauline Marois. En France comme au Québec, la gauche est amèrement déçue du gouvernement qu'elle a fait élire.

Malgré des conjonctures politique et économique différentes, il y a des similitudes entre les deux situations. On est d'abord frappé par la vitesse avec laquelle l'insatisfaction s'est installée, à gauche et dans l'électorat en général. Les trois quarts des Français sont mécontents du gouvernement Hollande; au Québec, 65% des gens sont insatisfaits du travail des péquistes.

Le président et la première ministre sont en partie victimes de la grogne généralisée à l'égard de la classe politique; les citoyens sont impatients, leurs attentes irréalistes.

Cependant, M. Hollande et Mme Marois portent une large part de responsabilité pour le sort qui leur est fait. Ils ont beaucoup promis, nourrissant eux-mêmes l'irréalisme de l'électorat. Une fois au pouvoir, les deux ont fait moins, et parfois le contraire de ce qu'ils avaient dit.

Ce virage, particulièrement marqué dans le cas québécois, frappe par sa rapidité. Il est arrivé dans l'histoire qu'un parti de gauche, après quelques années au pouvoir, se voit forcé de tempérer son zèle socialisant. Dans les cas du Parti socialiste de François Hollande et du Parti québécois de Pauline Marois toutefois, le changement s'est produit dès leur arrivée au gouvernement. Ce qui donne à penser que le discours de gauche n'était qu'un appât électoral.

Le leadership de M. Hollande et de Mme Marois fait aussi l'objet de dures critiques. On parle de faiblesse, de louvoiements, voire d'incompétence.

Enfin, il y a l'éthique. Après les années Sarkozy et Charest, on avait promis aux Français et aux Québécois une gouverne d'une intégrité sans faille. À Paris, l'affaire Cahuzac et à Québec, les nombreuses nominations partisanes, ont tôt fait de rappeler aux électeurs que le PS et le PQ sont des partis de pouvoir, proches de l'establishment comme leurs adversaires, rompus aux vieilles façons de faire de la politique.

De part et d'autre de l'Atlantique, la déception est à la mesure de l'écart entre le profond changement annoncé et la triste réalité livrée.