Le Grand Prix du Canada s'est déroulé hier sous haute surveillance. Heureusement, aucun incident malheureux n'est venu déranger la course et les dizaines de milliers d'amateurs de F1 ont pu profiter à plein de la fin de semaine.

Les fauteurs de troubles ont quand même réussi à perturber les activités entourant l'événement. Surtout, ils ont forcé une présence policière massive sur le site et dans le métro. Des agents dans chaque wagon, des personnes fouillées, d'autres refoulées ou arrêtées. Une situation désagréable, mais quel choix avait la police, compte tenu des incidents survenus depuis jeudi soir et des menaces multiples proférées contre «l'élite internationale d'hommes blancs occidentaux, fascinés par leur «gros chars de luxe»» ? Remarquez comme nous sommes loin de la hausse des droits de scolarité!

Cette semaine, les groupes de gauche tiendront plusieurs manifestations pour protester contre la tenue de la Conférence de Montréal, une sorte de Davos nord-américain. Selon les organisateurs de ces manifs, les participants à la Conférence ont le tort d'«encourager la mondialisation, le capitalisme, le néolibéralisme, la privatisation et l'austérité». Les manifestants ont bien sûr le droit d'exprimer leur désaccord. Mais on sait comment les radicaux veulent que l'affaire tourne: en affrontement avec les policiers dont il pourront ensuite dénoncer la brutalité.

Tout cela est l'antithèse de ce qu'a toujours été Montréal: un ville paisible dont la peur est absente. L'extrême gauche a pris la ville en otage. Elle a beau prétendre parler au nom du «peuple», la population n'est pas de son côté. Il y avait à peine quelques centaines de manifestants dans les rues de la métropole hier contre plus de 100 000 sur l'île Notre-Dame.

Beaucoup de citoyens, à Montréal comme ailleurs dans la province, sont insatisfaits du gouvernement Charest. Nombreux sont ceux qui souhaiteraient une société plus juste. La grande majorité de ces gens s'expriment lors de manifestations pacifiques et se préparent à faire valoir leur point de vue à l'occasion des prochaines élections. Les perturbateurs sont très minoritaires.

Comment ramener le calme au centre-ville? Plusieurs diront que le gouvernement Charest devrait faire des compromis supplémentaires dans le dossier des droits de scolarité. Pourtant, on a vu comment la CLASSE a envoyé promener l'ancien chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, qui constatait samedi l'intransigeance du groupe. Pour satisfaire les protestataires, faudra-t-il un moratoire sur le Grand Prix?

Il n'y a qu'une voie de sortie à la crise: des élections. Le premier ministre, Jean Charest, doit lancer la campagne le plus tôt possible à l'automne. Et la population doit répondre aux extrémistes en participant massivement à cet exercice démocratique, imparfait mais de loin préférable à l'anarchie de la rue.

apratte@lapresse.ca