Les premières données issues du recensement 2011 et une étude du Centre sur la productivité et la prospérité de HEC Montréal, publiées la semaine dernière, révèlent les risques démographiques et économiques qui pèsent sur le Québec.

La croissance relativement faible de la population québécoise fait inexorablement baisser son poids au Canada. En 2011, la province ne représentait plus que 23,6% de la population canadienne, contre 28,9% en 1951. Ensemble, la Colombie-Britannique et l'Alberta comptent désormais plus d'habitants que le Québec.

Cet affaiblissement démographique se traduit par une atrophie politique. Et cette tendance est accentuée par les choix politiques des Québécois qui, par leur vote aux élections fédérales, ont choisi de se cantonner dans l'opposition.

Selon l'étude de HEC, réalisée par l'économiste Martin Coiteux, l'écart de revenus entre les ménages québécois et ceux des ménages des provinces à l'ouest du Québec s'est accru au cours de la dernière décennie. De plus, l'avance du Québec par rapport aux provinces atlantiques a diminué. En 2009, après impôts et transferts, un Québécois adulte gagnait en moyenne 9146$ de moins par année qu'un Albertain et 4740$ de moins qu'un Ontarien.

Bien sûr, comme le montre une autre analyse, publiée celle-là dans Le Québec économique 2011, les Québécois jouissent d'une qualité de vie enviable. «Au chapitre du bien-être de sa population, le Québec présente d'incontestables forces par rapport aux pays de l'OCDE: qualité du logement, compétences en lecture, état de santé, faible criminalité, etc.», écrivent les professeurs Luc Godbout et Marcelin Joanis, de l'Université de Sherbrooke.

MM. Coiteux, Godbout et Joanis se rejoignent pour une conclusion fondamentale: «Le Québec fait face à d'importants défis quant à sa capacité à maintenir ce niveau de bien-être dans l'avenir.» (Godbout et al.) C'est-à-dire que le déclin démographique et la pauvreté relative de la province menacent la capacité de l'État et des individus de payer pour les biens et les services qui assurent cette qualité de vie.

Pourquoi les Québécois perdent-ils du terrain par rapport à leurs voisins? L'étude de Martin Coiteux confirme ce qui a été dit souvent, mais que la plupart des Québécois ne veulent pas entendre: le retard est causé par un taux d'emploi trop bas de même que par une productivité et un nombre d'heures de travail insuffisants. «À défaut d'engager sans tabou ce débat, le Québec pourrait malheureusement courir le risque de se retrouver un jour au dernier rang des provinces canadiennes en ce qui concerne le revenu et le niveau de vie de ses citoyens», conclut-il.

Si les Québécois veulent maintenir leur qualité de vie et leur influence au sein du Canada, ils doivent agir en conséquence. Cela nécessitera toutefois un changement culturel qui, pour l'instant, n'apparaît pas à l'horizon.