Après plusieurs semaines de tourmente, Pauline Marois a repris le contrôle du Parti québécois. À l'encontre de ce qu'on attendait il y a à peine 10 jours, le conseil national de la fin de semaine s'est déroulé dans l'harmonie et conclu dans l'enthousiasme.

Dans l'espoir de séduire les électeurs désabusés, les péquistes ont adopté une série de mesures visant à accroître l'imputabilité des institutions politiques du Québec. Ces mesures n'auront pas pour effet de «changer la politique», comme le prétendent les péquistes. Cependant, certaines d'entre elles sont bien fondées. Pensons à l'interdiction qui serait faite aux députés de changer de parti, à la création d'un poste de «directeur parlementaire du budget», chargé de présenter des analyses indépendantes des finances publiques, et à la comparution, devant une commission parlementaire, des personnes nommées à des postes de haut niveau par le gouvernement.

Pour reprendre en main son parti, Mme Marois a toutefois dû faire un compromis regrettable; elle a laissé ses militants adopter une résolution ouvrant la voie à la tenue de référendums d'initiative populaire. En vertu d'une telle mesure, si un nombre suffisant de citoyens exigeaient, en signant un registre, une consultation populaire sur un sujet donné, le gouvernement devrait tenir le référendum en question. La chef du parti a souligné qu'un éventuel gouvernement péquiste consulterait les députés et la population sur les règles qui baliseraient ces référendums d'initiative populaire. N'empêche, là où cette formule a été mise en place, elle a souvent produit des effets pervers, entre autres en limitant considérablement la marge de manoeuvre des gouvernements. Par ailleurs, les motivations des partisans de cette mesure sont apparues clairement en fin de semaine: il s'agit là d'une «deuxième voie», d'un «outil supplémentaire» pour arriver à l'indépendance. La chose est d'autant plus préoccupante que, selon ce que Mme Marois a expliqué hier, le Parti québécois n'a pas l'intention de préciser, avant le prochain scrutin, les modalités de ces référendums.

Cela dit, ceux qui annonçaient la fin du leadership de Pauline Marois, voire la mort du Parti québécois, se sont lourdement trompés. Grâce à l'habileté et à la détermination de Mme Marois, la formation souverainiste sort revigorée de ce conseil national. Aux prochaines élections, le PQ comptera une équipe de députés et de candidats de fort calibre, de même qu'un programme concret et ambitieux, un programme dont plusieurs volets sont collés aux préoccupations actuelles des Québécois.

La politique est imprévisible mais, chose certaine, au cours des derniers jours, Mme Marois a gagné le respect de beaucoup de Québécois. C'est peut-être un premier pas vers une remontée du PQ dans les sondages.