Le contraste ne pouvait être plus frappant.

Le contraste ne pouvait être plus frappant.

Dès son retour du sommet du G8, le président des États-Unis s'est rendu dans la ville de Joplin, au Missouri, dévastée par une tornade une semaine plus tôt. Après avoir constaté l'ampleur des dégats et réconforté les familles des 142 disparus, M. Obama a participé à une cérémonie religieuse. Son allocution fut d'une grande sensibilité, pleine de tristesse et d'espoir, de compassion et de détermination.  

Ce même dimanche, le premier ministre du Canada faisait du tourisme en Grèce, insensible au sort des centaines de Québécois dont la maison pourrit dans l'eau depuis plus d'un mois.

Vrai, il n'y a aucune commune mesure entre ces deux catastrophes naturelles, l'une brève mais meurtrière, l'autre interminable mais aux conséquences essentiellement matérielles. N'empêche, la visite de Barack Obama à Joplin illustre parfaitement ce qu'un chef de gouvernement peut, doit faire lorsqu'une partie de la population de son pays traverse une épreuve. M. Obama n'a pas fait semblant de contribuer au nettoyage en prenant une pelle dans ses mains; personne ne lui demandait cela. Le président a écouté les sinistrés, il a partagé leur douleur, il a trouvé les mots pour leur insuffler le courage dont ils auront besoin: «On ne peut pas prévoir quand et où une terrible tempête va frapper, ni la gravité des dommages qu'elle va provoquer. Ces choses-là nous dépassent. Pour autant, nous ne sommes pas impuissants devant l'adversité. La manière dont nous réagissons lorsque la tempête frappe dépend de nous.»

Surtout, le président s'est solennellement engagé à ne pas abandonner les gens de Joplin: «Comme président, je vous promets que votre pays vous épaulera tout le long de ce parcours. Les caméras vont peut-être se tourner vers un autre événement, mais nous serons à vos côtés jusqu'à ce que Joplin soit rebâtie. Nous ne partirons pas!»

Voilà ce que les sinistrés de la Montérégie espéraient entendre de la bouche du premier ministre du Canada. Il est maintenant trop tard pour que M. Harper se rende sur place et qu'on croit à sa sincérité. Mais au moins, qu'il ordonne à son gouvernement de tout faire pour aider les gens qui ont de l'eau jusqu'à la taille depuis des semaines. Qu'il somme son ministre de la Défense d'adapter à ces inondations d'une durée sans précédent les politiques régissant l'intervention des Forces armées lors de catastrophes naturelles. La Défense nationale devrait reconnaître que la situation d'urgence justifiant la présence des militaires pourrait se prolonger après le retrait des eaux.

Un vrai chef de gouvernement, ce n'est pas seulement celui qui se coiffe d'un casque de guerre lorsqu'il visite les troupes en zone de guerre. C'est surtout celui qui est sensible aux malheurs de ses concitoyens, qui sait panser leurs plaies dans les périodes difficiles. Malheureusement, Stephen Harper n'a pas encore appris cette facette fondamentale de son devoir.