Nous avions perdu de vue Francis Boulva depuis la fin de 2001, année au cours de laquelle ce jeune prodige avait raflé plusieurs prix lors d'expositions scientifiques au Canada et à l'étranger. Cela lui avait valu d'être nommé Personnalité de la semaine de La Presse, le 20 mai 2001. La Presse l'avait aussi choisi parmi les 30 «leaders de demain». «À l'écouter, écrivait à cette occasion notre collègue Marie-Andrée Amiot, on a peine à croire que Francis Boulva n'a que 18 ans. Son discours scientifique rappelle celui d'un adulte chevronné. Équilibré, réfléchi, lucide, étoffé.»

Nous avions perdu de vue Francis Boulva depuis la fin de 2001, année au cours de laquelle ce jeune prodige avait raflé plusieurs prix lors d'expositions scientifiques au Canada et à l'étranger. Cela lui avait valu d'être nommé Personnalité de la semaine de La Presse, le 20 mai 2001. La Presse l'avait aussi choisi parmi les 30 «leaders de demain». «À l'écouter, écrivait à cette occasion notre collègue Marie-Andrée Amiot, on a peine à croire que Francis Boulva n'a que 18 ans. Son discours scientifique rappelle celui d'un adulte chevronné. Équilibré, réfléchi, lucide, étoffé.»

En cette fin d'une année marquée par les attentats du 11 septembre, nous lui avions demandé de rédiger un texte sur les aspects de la vie qui méritent d'être célébrés. Son texte commençait par la citation de Sagan, en épigraphe. Puis, Francis écrivait : «Avez-vous déjà regardé les feux lointains du ciel obscur de février? Les aurores qui dansent dans la haute atmosphère, le croissant de lune dans les brumes du matin? C'est magique, pas vrai? Moi, je reste bouche bée à la vue de tout cet univers.»

Depuis le temps où l'adolescent émerveillait son entourage par son intelligence, sa passion pour l'astronomie et son enthousiasme, Francis a entrepris des études en médecine. Il a choisi la pédiatrie. Au Centre hospitalier pour enfants de l'est de l'Ontario, où il faisait sa résidence, il a touché une multitude de patients, de parents, de médecins et d'employés par son dévouement, sa gentillesse et sa joie de vivre. Dans le montage de photos préparé par les résidents à la fin de l'année académique, «Francis était dans presque toutes les photos!» se rappelle la responsable du programme, la docteure Sarah Lawrence.

Cet été, à 27 ans, Francis Boulva complétait son stage à Iqaluit, au Nunavut. Il a commencé à souffrir de maux de tête. La douleur est vite devenue intolérable. Le 15 juillet, on lui a découvert une tumeur au cerveau. Trois semaines plus tard, la trop courte, mais exceptionnelle vie de Francis a pris fin. Ses funérailles ont lieu ce matin. « Francis, tu es maintenant la plus belle des étoiles », a écrit une amie dans le registre en mémoire du défunt.

Lorsque, ado, il obtint le privilège de scruter la voûte céleste à partir de l'observatoire du mont Mégantic, Francis Boulva eut une pensée pour le grand Galilée: «J'aurais aimé être à ses côtés... Partager un seul instant les rêves d'un homme qui fut témoin de quelque chose de plus grand que lui.» Profondément croyant, Francis a rejoint le Ciel qu'habite l'âme du génie depuis près de quatre siècles. Il y sera heureux: de là, la vue sur l'univers est sans pareille.