Alors que la plupart des pays occidentaux peinent à se remettre des effets de la récession, Statistique Canada a annoncé hier qu'il s'est créé pas moins de 93 000 emplois au pays en juin. Depuis un an, 403 000 emplois ont été créés au Canada, ce qui compense pour presque tous les emplois perdus durant la crise.

Alors que la plupart des pays occidentaux peinent à se remettre des effets de la récession, Statistique Canada a annoncé hier qu'il s'est créé pas moins de 93 000 emplois au pays en juin. Depuis un an, 403 000 emplois ont été créés au Canada, ce qui compense pour presque tous les emplois perdus durant la crise.

C'est au Québec que le marché du travail a le mieux performé depuis juillet 2009: 117 000 emplois se sont ajoutés. On compte aujourd'hui dans la province 49 000 emplois de plus qu'avant le début de la récession.

Pour saisir le contraste entre la situation de l'emploi au Canada et celle dans plusieurs autres pays industrialisés, il suffit de feuilleter les plus récentes Perspectives de l'emploi, publiées cette semaine par l'OCDE. On peut y lire que dans les 31 pays membres de l'Organisation, 17 millions de personnes se sont retrouvées sans emploi à la suite de la récession. Et même si la reprise s'est amorcée, elle ne sera probablement «pas assez vigoureuse pour faire disparaître rapidement les hauts niveaux de chômage et de sous-emploi que l'on observe actuellement sur le marché du travail».

Pourquoi le Canada, notamment le Québec, fait-il si bien? Les gouvernements ne manqueront pas de s'attribuer le mérite. Le premier ministre québécois, Jean Charest, soulignera l'impact de son programme d'infrastructures, soutenant qu'il avait «anticipé la récession». Or, si ces milliards ont en effet permis d'amortir le choc de la récession, c'est plus par chance que grâce à la clairvoyance des libéraux. En annonçant ces investissements dans son budget de 2007-2008, la ministre des Finances de l'époque, Monique Jérôme-Forget, n'avait pas soufflé mot de l'impact prévu sur la croissance économique. Il s'agissait plutôt de faire en sorte «que nos infrastructures, qui sont parfois source d'embarras, soient demain source de fierté».

Le premier ministre fédéral, Stephen Harper, notera de son côté que la réglementation bancaire canadienne a préservé notre système financier du pire de la crise internationale. C'est exact, mais cela n'a rien à voir avec les politiques du gouvernement conservateur; la prudence des banques canadiennes est une question de culture davantage que de législation.

Moins amochées par la récession, moins craintives étant donné la solidité du système financier canadien, les entreprises d'ici craignent moins de se remettre à investir et à embaucher. Aux États-Unis, pendant ce temps, le secteur privé s'assoit sur des liquidités de plus en plus imposantes.

La morosité politique est en vogue au Canada. À entendre les bulletins de nouvelles et les commentateurs, on a l'impression que tout va mal : les gouvernements gaspillent, les politiciens sont corrompus, les projets sont paralysés. Les données publiées hier par Statistique Canada nous rappellent qu'en ce qui concerne le plus important, l'emploi, le pays s'en tire fort bien merci.