Si le premier ministre du Québec avait voulu dégager une priorité parmi toutes les suggestions qui lui ont été faites lors de la Rencontre économique 2010 tenue cette semaine, il lui aurait été facile de le faire. En effet, un thème a nettement émergé des discussions sur l'avenir économique de la province: l'éducation.

Évidemment, chaque dirigeant d'entreprise et de syndicat, chaque lobby, chaque maire a mis ses intérêts de l'avant. C'est ainsi que pour un, l'agriculture devrait figurer en tête des préoccupations du gouvernement, pour l'autre, ça devrait être les transports collectifs; pour un autre encore, l'entrepreneuriat est la clé de notre développement. Toutefois, de l'avis général, notre prospérité future dépend avant tout d'un facteur: une main-d'oeuvre bien formée.

 

Le Québec ne prendra pas sa place dans le monde par son poids démographique, économique ou militaire. Il lui faudra être plus productif, plus innovateur, plus audacieux, plus exportateur. Cela nécessite que le système d'éducation assure au plus grand nombre une solide formation générale, comprenant la maîtrise du français et d'autres langues. Les jeunes dont l'avenir réside dans un métier doivent avoir accès à une formation professionnelle de qualité et valorisée. Nos universités doivent être en mesure de rivaliser avec les meilleures pour ce qui est de qualité du corps professoral et de la modernité des infrastructures de recherche.

Jean Charest a exprimé cet objectif en souhaitant que de plus en plus d'étrangers viennent étudier ici en raison de la qualité de notre système d'éducation. «Attendez-vous à ce que nous fassions des gestes en ce sens», a-t-il déclaré jeudi. Cependant, M. Charest a de la même façon dit oui à presque toutes les requêtes qui lui ont été signifiées pendant la rencontre.

Or, ce qu'il faut, c'est que l'amélioration de la formation soit LA priorité du Québec. Dans un contexte budgétaire difficile, cela nécessitera de dépenser moins dans d'autres domaines. Le gouvernement a la responsabilité de convaincre la population que l'avenir du Québec dépend de son système d'éducation, que par conséquent c'est dans ce secteur que devraient d'abord être investies les énergies du gouvernement, des entreprises, des syndicats et des familles.

Nous parlons d'investir les énergies, car l'excellence de la formation ne dépend pas seulement des argents qu'on y consacre. Ce n'est pas faute de dollars si le renouveau pédagogique des dernières années semble voué à l'échec, mais parce que l'approche choisie n'est pas appropriée. Ce n'est pas non plus faute d'argent si les jeunes continuent de bouder la formation professionnelle.

Jeudi, le président des Manufacturiers et exportateurs du Québec, Simon Prévost, s'est dit «obsédé par l'éducation et la productivité». C'est une obsession que la société québécoise doit absolument faire sienne.