Les libéraux de Michael Ignatieff sont apparemment déterminés à défaire le gouvernement Harper en Chambre à la première occasion, ce qui forcerait la tenue d'élections générales le 9 novembre prochain. Pendant la durée normale d'un mandat gouvernemental, cinq ans, les Canadiens auront donc été appelés aux urnes quatre fois.

Les électeurs ne sont pas dupes: la décision des partis de l'opposition de provoquer des élections l'automne prochain est fondée uniquement sur des considérations tactiques. Le cynisme populaire à l'endroit des politiciens risque d'augmenter encore, de sorte que le taux de participation pourrait être plus faible que le 58,8% de l'an dernier.

 

Il est compréhensible mais triste que la population réagisse ainsi. S'il peut être agaçant d'être plongé en campagne électorale à intervalles rapprochés, on doit admettre qu'entre l'excès de démocratie et l'absence de démocratie, le premier est de loin préférable.

Quel sera l'enjeu de la campagne de 2009? La crise économique? Le Canada s'en est relativement bien tiré; le gouvernement conservateur ne peut pas s'en attribuer le mérite, mais l'oppositon ne peut pas non plus l'accuser d'être responsable de la récession mondiale. D'autant que les recettes que proposent les formations rivales ne sont pas très différentes de celle qu'a finalement cuisinée le ministre des Finances.

La réforme de l'assurance emploi? Si des changements sont en effet nécessaires, cette question seule ne justifie pas le déclenchement d'élections générales. Les isotopes médicaux? L'Afghanistan? Non plus.

Alors quoi? Le choix des Canadiens portera peut-être sur le style du gouvernement qu'ils souhaitent. Les conservateurs de Stephen Harper se sont révélés excessivement partisans et prisonniers de leurs préjugés idéologiques. Ils n'ont maté ces réflexes que lorsque forcés par leur statut minoritaire. Le chef libéral, Michael Ignatieff, avait raison lorsqu'il a déclaré, en juin dernier: «Notre pays a besoin d'un premier ministre capable de nous unir, pas de nous diviser.»

Au Québec, cette campagne électorale revêtira une couleur particulière. M. Harper s'est aliéné une forte majorité de Québécois. Ils le lui ont fait savoir l'automne dernier en votant en grand nombre, encore une fois, pour le Bloc québécois. Ce vote de protestation n'a toutefois pas empêché la réélection des conservateurs. Si les Québécois souhaitent que le Canada soit gouverné par un parti plus proche de leurs valeurs, comment doivent-ils s'y prendre?

Les sondages montrent que plusieurs électeurs de la province envisagent de voter libéral. Cependant, on sent une hésitation: qui est M. Ignatieff? Les libéraux ont-ils vraiment changé? Quelle politique proposent-ils?

S'il veut regagner la confiance des Québécois, le Parti libéral du Canada a encore beaucoup de pain sur la planche.