Professeur de philosophie au collège Lionel-Groulx de Sainte-Thérèse.

Guy Ferland

Professeur de philosophie au collège Lionel-Groulx de Sainte-Thérèse.



LE PQ MINORITAIRE ET LA BALANCE DU POUVOIR À QS



Après plus de neuf ans au pouvoir, le temps a fait son oeuvre pour le Parti libéral du Québec et un changement de gouvernement serait salutaire. Mais il ne s'agit pas de changer pour changer. Un tournant majeur est nécessaire pour envisager d'autres avenues que celles proposées par le PLQ et les conservateurs à Ottawa. Toutefois, aucun parti ne se semble se démarquer et aucun chef ne gagne la faveur populaire de l'électorat. On semble vouloir élire le moins mauvais parti politique et le moins désagréable des chefs. À ce compte, un gouvernement dirigé pour la première fois par une femme pourrait apporter un vent de fraîcheur après un printemps chaud et un été torride. De plus, si le PQ était minoritaire, avec la balance du pouvoir à Québec solidaire, cela permettrait au gouvernement de prendre un virage plus à gauche sans tomber dans l'instabilité d'un référendum précipité par une pétition signée par 15% de la population. Il y aurait ainsi un véritable changement dans les orientations du gouvernement et les femmes auraient davantage de pouvoir avec Pauline Marois et Françoise David à la tête d'une coalition formée par le Parti québécois minoritaire et Québec solidaire détenant la balance du pouvoir.

Jean Bottari

Préposé aux bénéficiaires.



MINORITAIRE CAQ



En temps normal, je crois préférable d'avoir un gouvernement majoritaire. Mais avec les trois grands partis en lice qui n'ont que quelques points de pourcentage de différence, selon les plus récents sondages, il est plausible de penser qu'un gouvernement minoritaire pourrait être élu. La soif du changement, l'usure du Parti libéral ainsi que les orientations discutables et changeantes du PQ sont autant de facteurs qui peuvent, d'ici la fin de la campagne électorale, influencer la décision des nombreux électeurs indécis. Si la tendance se maintient, je prévois l'élection d'un gouvernement minoritaire dirigé par François Legault. Le chef de la CAQ pourra ainsi démontrer, comme il le prétend, à quel point il veut gouverner pour tous les Québécois, en ayant le PQ comme opposition officielle. Parions que si tel est le cas, le prochain scrutin ne sera pas très loin. M. Legault pourra déclencher une élection à sa guise en s'appuyant sur la popularité de ses réalisations parmi l'électorat. Mais il reste encore quelques jours avant que nous allions aux urnes et tout peut encore arriver.

Adrien Pouliot

Président de Draco Capital.



MINORITAIRE LIBÉRAL



On peut bien vouloir du «changement», mais il faut savoir quoi mettre à la place.  La gouvernance souverainiste de Mme Marois nous ramènerait dans des chicanes référendaires et constitutionnelles économiquement déstabilisantes dont la grande majorité des Québécois ne veulent pas.  De son côté, M. Legault, tout en promettant un ménage, propose de « mieux » dépenser l'argent qu'il espère épargner plutôt que de le retourner aux contribuables ou de réduire la dette pour effectuer une vraie cure minceur.  Il serait ainsi le premier politicien depuis 40 ans à être capable de bien gérer notre pieuvre tentaculaire étatique.  Les libéraux, dont le bilan est peu reluisant, ont le plan économique le moins pire, mais qui ne mène pas à une réduction notable de la taille de l'État.  Comment choisir parmi ces trois maux?  Un gouvernement minoritaire formé par le moins pire d'entre eux aurait peut-être l'avantage de menotter l'Assemblée nationale et de ralentir la croissance du Léviathan étatique.  Dans ce sens, un gouvernement libéral minoritaire soutenu par les caquistes n'aurait d'autre choix, poussé par les conclusions de la commission Charbonneau, de nettoyer la corruption et, encouragé par M. Legault, pourrait entreprendre les réformes de notre appareil gouvernemental que M. Charest a abandonné faute de courage et d'appui dans la population et à l'Assemblée Nationale.

Adrien Pouliot

Philippe Faucher

Professeur au département de science politique et chercheur associé au Centre d'études et recherches internationales de l'Université de Montréal.



RETOUR À LA PRUDENCE



Un gouvernement minoritaire est l'issue la plus probable et la plus souhaitable des élections du 4 septembre. C'est l'image de notre désarroi. Convoquée dans l'urgence, cette consultation, bien qu'annoncée et attendue, donne une forte impression d'improvisation. Les programmes des principaux partis se contredisent et manifestent une absence préoccupante de projet rassembleur. L'électorat a perdu ses repères : indépendance contre fédéralisme, social-démocratie contre collectivisme ; la dette, l'environnement ou les garderies ? Tout se mélange dans une surenchère démagogique (à l'exception de Madame David, laquelle sereinement se contente de promettre la lune). Trop d'enjeux divisent et on ne sait pas ce que l'on veut. Des exemples? On ne peut pas à la fois proposer un moratoire sur le gaz de schiste et le pétrole (virtuel), proposer d'augmenter les redevances sur les ressources naturelles et s'opposer à toute hausse des tarifs d'électricité. Augmenter le nombre de patients par médecins ne réduira pas le temps d'attente dans les urgences. La pensée comptable se heurte à la pensée magique. L'incompréhension demeure totale. Un gouvernement minoritaire imposera une trêve de prudence. Les partis devront se mettre à l'écoute de la population, renouveler leur leadership, et faire preuve de cohérence dans leurs engagements. Tous les partis nous disent : « C'est moi ou le chaos ! ». Les électeurs avec sagesse, parce qu'ils n'aiment pas être bousculés, répondent: « Alors ce ne sera personne ! » Rendez-vous dans deux ans.

Philippe Faucher

Nestor Turcotte

Retraité de l'enseignement collégial.



UN GOUVERNEMENT RESPONSABLE



Les Québécois doivent être réalistes. Les finances de la province sont catastrophiques. Les responsables? Les deux vieux partis : libéral et péquiste. Le Québec vit avec de l'argent emprunté et qui plus est, il gaspille à gauche et à droite. Qui plus est, il est mal administré ou il est trop administré. Le PLQ semble être pour le moment hors course. S'il était réélu, mettrait-il tous ses efforts à redresser la situation? Économiquement, il n'a pas fait pire que d'autres gouvernements. Il a même fait mieux. L'odeur de corruption flottant dans l'air, il semble qu'il ne peut reprendre, haut la main, le pouvoir. Le PQ est un parti qui a troqué son programme par soif du pouvoir et nage dans le flou artistique (dixit Jacques Parizeau). Sa démarche référendaire est boiteuse. Et le plan pour l'indépendance demeure inconnu. S'il y en un ! Les nombreuses contradictions de Pauline Marois pendant la campagne me font douter de sa compétence pour occuper le poste de premier ministre. Minoritaire, avec indulgence ! La CAQ représente un renouveau politique. Elle abandonne le clivage fédéraliste-souverainiste. Sa réforme annonce de grands vents. Aura-t-elle le courage d'opérer ces grandes métamorphoses dans les structures étatiques? Il faudrait bien que quelqu'un s'y attelle un jour. Pour ce faire, la CAQ doit obtenir l'appui de la majorité des citoyens. Sinon, la CAQ minoritaire ne pourra pas avancer. Mon souhait : un gouvernement faiblement majoritaire et qui aura le courage de réaliser les transformations promises. Sinon, à quoi peuvent bien servir les élections?

Nestor Turcotte

Donald Riendeau

Avocat et conseiller en éthique.



FAIRE DE LA POLITIQUE DIFFÉREMMENT



Jean-Claude Deschênes, mandarin de l'État, me disait récemment de manière imagée que la politique était l'alternative à la bataille de ruelle... Malheureusement, depuis quelques années, la politique pendant et après les élections est devenue une bataille de ruelle où l'intérêt des partis prime celui des citoyens. Il est souhaitable que le futur gouvernement minoritaire, le cas échéant, évite de se comporter avec arrogance comme roi et maître. Le système électoral n'est pas un chèque en blanc pendant cinq ans, ce n'est que le début. Il devra se souvenir que seulement 30-35% des électeurs ont voté pour lui et qu'il doit servir tous les Québécois. Quant à eux, les partis d'opposition devront résister à la tentation de mettre systématiquement des bâtons dans les roues du parti au pouvoir dans le seul objectif d'être élu, plongeant ainsi le Québec dans l'immobilisme. Le Québec a beaucoup évolué depuis quelques années devenant moins naïf, plus critique et davantage sensible aux comportements non éthiques. Au lendemain des élections, nous aurons tous un rôle de « chien de garde » de l'intérêt de tous les Québécois. Citoyens, journalistes et spécialistes devront ramener à l'ordre les élus au pouvoir et dans l'opposition lors de comportements déviants et leur rappeler qu'ils sont là pour nous servir et non pour se servir.

Photo fournie par Donald Riendeau

Donald Riendeau.

Jana Havrankova

Médecin endocrinologue.



MINORITAIRE ET COOPÉRATIF



Nous avons vu ce qu'ont apporté « les mains sur le volant » accordées aux libéraux en 2008 : de multiples décisions irréfléchies, une arrogance sans fin, un manque de respect pour la démocratie parlementaire. Un gouvernement majoritaire, même s'il n'est majoritaire que « grâce » à notre système électoral uninominal à un tour désuet, pense que tout lui est permis. L'actuel gouvernement libéral a accédé à sa « majorité » par le vote de 42 % des votants. Comme seulement 57 % des électeurs se sont présentés aux urnes, ce gouvernement « majoritaire » n'a été élu que par 24 % des citoyens. Même si un parti s'empare de la majorité des sièges le 4 septembre, il parait douteux qu'il obtiendra la majorité des votes. Cela devrait lui indiquer qu'une coopération entre les élus des divers partis s'impose, peu importe le parti au pouvoir. Des coalitions ponctuelles basées sur les enjeux précis devront voir le jour. Par exemple : un médecin de famille pour tous. Tout le monde est d'accord. Il convient alors de discuter rationnellement, des faits à l'appui, comment atteindre ce but. Chers parlementaires, renoncez à la politique politicienne antagoniste et gaspilleuse des énergies! Est-ce trop vous demander de coopérer dans l'intérêt du bien commun?

Jana Havrankova

Jean Gouin

Directeur général de la Fédération des médecins résidents du Québec.



MINORITAIRE PQ

Il y a une nette différence entre le parti que j'aimerais voir au pouvoir et celui souhaitable pour l'instant. Mais, quel qu'il soit, ce devrait être un gouvernement minoritaire. Actuellement, aucun des partis aptes à former le prochain gouvernement ne mérite la majorité pour gouverner à sa guise. Nous avons assisté tout au long de cette campagne à une valse des promesses où tout un chacun pouvait y trouver son compte, notamment en santé et sur le plan social. Mais de là à croire que ces promesses seront réalisées, il y a un fossé qui sera difficile à franchir, car le nouveau gouvernement devra vraisemblablement modifier ses priorités, lorsqu'il prendra connaissance des grands dossiers laissés en friche. C'est sur le plan économique que j'ai été le plus déçu. Nous vivons une situation économique vacillante et, à voir les milliards que l'on nous a promis, je trouve que cela ne fait pas sérieux. Il aurait été plus sage de s'engager fermement à ne plus faire de déficit annuel, plutôt que de nourrir notre dette à long terme, et de trouver des moyens pour réduire celle-ci sur un horizon de vingt ans, comme l'a si bien fait la Saskatchewan. Nous avons besoin de changements. Les libéraux ont péché par excès de confiance, les péquistes remettent la question référendaire à l'ordre du jour et les caquistes représentent un intérêt certain, mais auront-ils le souffle nécessaire pour rallier le fil d'arrivée bon premier. Les derniers jours de la campagne nous le diront. Entre-temps, les péquistes bénéficient d'un léger avantage.

Jean Gouin

Francine Laplante

Femme d'affaires.



MINORITAIRE: RÉSIGNONS-NOUS



Je fais encore partie de ces indécis qui ont une peur viscérale de se tromper. Je n'arrive pas à arrêter de façon définitive mon choix puisque chaque jour, je suis un peu plus découragée que la veille du choix qui s'offre à moi. Aucun des partis en lice ne reflète mes valeurs et mes convictions. Ceci étant dit, je crois que même si nous avons grand besoin d'un solide gouvernement majoritaire pour remettre de l'ordre dans ce bordel, nous allons devoir vivre avec un gouvernement minoritaire du PQ,confronté à l'opposition officielle de la CAQ, le tout accompagné de quelques survivants du PLQ et de la présence encore solidaire de M. Khadir!  Je me résigne malgré moi au fait que tout sera à recommencer dans 18 mois! Décourageant, vous dites?