Avec ses candidats vedettes Jacques Duchesneau et Gaétan Barrette, la Coalition avenir Québec et son chef François Legault peuvent-ils aspirer à prendre le pouvoir? LES COMMENTAIRES DOIVENT ÊTRE SIGNÉS.

Marc Simard

Professeur d'histoire au collège François-Xavier-Garneau, à Québec



LA PORTE EST OUVERTE



Avec l'arrivée des candidats Barrette et Duchesneau, la CAQ obtient une véritable chance auprès de l'électorat. Pas parce que ce parti ne comptait pas de candidats de valeur avant (on n'a qu'à penser aux ex-adéquistes Deltell, Bonnardel et Roy et à Claire Samson ou Maud Cohen) que parce que les nouveaux venus sont des personnalités colorées et populistes qui savent faire vibrer les cordes sensibles des électeurs. Le PLQ est usé par neuf ans de pouvoir et de trop nombreux scandales (bien que la preuve qu'il soit corrompu reste à faire). Son chef est honni par une grande partie de la population et il aurait dû laisser sa place à un nouveau leader qui aurait pu lui redonner vigueur et crédibilité. Ceux qui pensaient voter libéral en se pinçant le nez ont désormais une solution de rechange. Le PQ est un parti grevé par l'impopularité de son option (qui voudrait d'une aventure à la grecque avec une dette de 250 G$ et des responsabilités supplémentaires?) et la personnalité de sa leader qui manque trop souvent de jugement (les carrés rouges!) et change d'avis au gré du vent. Ses nouveaux candidats vedettes (essentiellement des journalistes) n'ont rien pour stimuler la ferveur des masses. L'élection de 2012 pourrait bien enclencher la phase finale du déclin de la coalition péquiste, qui a déjà perdu son aile gauche (QS).



Le manque de charisme du chef caquiste constitue certes un handicap. Mais celui-ci peut désormais marquer plusieurs points en martelant le trinôme central de son message : changement, intégrité et mise au rancart des querelles constitutionnelles.

Marc Simard

Robert Asselin



Directeur associé de l'École supérieure d'affaires publiques et internationales à l'Université d'Ottawa

SOLUTION SIMPLISTES

À elles seules, les candidatures de MM. Duchesneau et Barrette ne font pas de la CAQ un parti prêt à gouverner le Québec. D'abord, on ne peut pas assumer qu'ils seront nécessairement de bons ministres de facto. À sa première journée comme candidat de la CAQ, M. Duchesneau a d'ailleurs démontré qu'il était un électron libre et que la modestie n'était pas sa plus grande qualité. Ensuite, on doit juger un parti politique par la rigueur des propositions qu'il met de l'avant. S'il est vrai que M. Legault a identifié des problèmes qui doivent être corrigés (la dette, la productivité, l'éducation), les solutions qu'il a présentées pour le moment sont plutôt simplistes et ratent la cible. Ainsi, le Québec ne deviendra pas une pépinière à Ph.D en éliminant les commissions scolaires et on ne trouvera pas soudainement un médecin de famille à tous les Québécois juste en le disant, après moult essais de réformer un système très complexe.

Robert Asselin

Denis Boucher



Associé au sein d'un cabinet de relations publiques

ARMES EXPLOSIVES

L'arrivée de MM. Barrette et Duchesneau est nul doute un excellent coup pour la CAQ, du moins pour l'instant... Les deux hommes sont reconnus pour leur franc-parler. Ce qui était un atout dans les rôles qu'ils jouaient auparavant pourrait s'avérer une arme particulièrement explosive en politique. À preuve, moins de 24 heures après l'annonce de la candidature de M. Duchesneau, le chef de la CAQ devait déjà contredire son candidat vedette. Néanmoins, ces candidatures pourraient certainement se traduire par des appuis plus importants pour la CAQ et resserrer encore davantage des élections où aucun scénario ne semble impossible. Mais il reste encore quatre semaines de campagne et, en politique, c'est une éternité. D'ici le 4 septembre, les médias se feront un point d'honneur d'analyser plus en profondeur les affirmations de ces deux candidats. Rappelez-vous de François Rebello. Annoncé en grandes pompes, ce candidat très volubile à son arrivée est maintenant plutôt discret après avoir fait quelques déclarations malhabiles. Voyons maintenant ce qui se passera avec ces deux nouveaux candidats. À tout le moins, on sait que cela viendra pimenter la course électorale.

Denis Boucher

Jean Bottari



Préposé aux bénéficiaires

TOUT EST MAINTENANT POSSIBLE

Il y a quelques jours à peine, jamais je n'aurais songer à appuyer la CAQ. Il est évident qu'avec la venue de Jacques Duchesneau et Gaétan Barrette, la CAQ représente mieux mes valeurs. M. Duchesneau incarne l'honnêteté l'ordre et la discipline. Crédible et ayant un CV bien rempli en matière de lutte à la criminalité, Jacques Duchesneau est un acquis de taille pour la CAQ et possiblement pour le Québec en entier. Quant à Gaétan Barrette, son franc-parler, ses grandes connaissances du milieux de la santé ainsi que son attitude plus que positive face aux défis qu'il aurait à relever en tant que ministre de la Santé ne peuvent que motiver mon intérêt envers un possible appui pour son parti. Selon moi, ces deux candidats à eux seuls changent le paysage électoral habituel qui prône la ligne de parti et la langue de bois tout en prenant pour dupe la majorité de l'électorat. Si des personnes de cette envergure croient pouvoir au sein de la CAQ faire mieux que Jean Charest et ses troupes qui font du sur place depuis trop longtemps, ne méritent-ils pas notre confiance? Faire pire que le PLQ n'est pas impossible, mais hautement improbable!

Jean Bottari

Jean Gouin



Directeur général de la Fédération des médecins résidents du Québec

DE LA DISCIPLINE

La campagne électorale n'en est qu'à ses débuts que déjà la CAQ fait le plein de candidats-vedettes. Les Gaétan Barrette, Claire Samson, Maud Cohen et le petit dernier qui vient à peine de faire le saut, Jacques Duchesneau, sont d'excellentes prises pour le parti que dirige François Legault. Tout comme les autres chefs des formations politiques qu'il affronte, M. Legault aspire au pouvoir et les candidats qu'il a dégotés depuis deux semaines démontrent qu'il n'est pas en campagne pour perdre ou encore jouer les seconds violons le 4 septembre. M. Legault a soif de pouvoir et on ne peut le blâmer de s'entourer de gens qui lui donneront le coup de pouce nécessaire pour accéder au bunker du premier ministre. Par ailleurs, avoir des personnalités de cette trempe dans son équipe ne sera pas de tout repos pour le chef caquiste. Ces personnes sont toutes des personnages publics qui n'hésitent pas à monter au créneau pour faire valoir leur point de vue. Toutes ces têtes d'affiche devront se serrer les coudes, avoir un esprit d'équipe à toute épreuve et respecter les consignes du chef caquiste. De la discipline quoi. M. Legault devra avoir la poigne nécessaire pour faire régler l'ordre dans sa coalition, pour éviter les faux pas durant la campagne. Une chose est sûre, on ne s'ennuiera pas avec une telle brochette de candidats.

Jean Gouin

Nestor Turcotte



Retraité de l'enseignement collégial

LES GROSSES PRISES

La Coalition avenir Québec prend de plus en plus de place dans l'actualité politique. Cela me rappelle la remarque de Daniel Johnson en 1966 qui disait : «Parlez-en en bien, parlez-en en mal, peu importe; l'important c'est qu'on en parle.» Ce matin, toute l'information est orientée vers une déclaration de Jacques Duchesneau au sujet de la nomination des ministres. On parle de la CAQ sur tous les réseaux. Cela a un double effet : un premier effet est de mettre le Parti québécois dans l'ombre et de faire oublier un discours négatif et maintes fois répétées; un deuxième effet est de permettre à Jean Charest de voguer sans souci et de faire calmement, devant les caméras, des annonces qui plaisent à l'électorat. Il ne fait aucun doute que l'arrivée de certains candidats caquistes fort connus dans le public ne peut qu'aider cette formation qui n'a pas encore une année d'existence. La CAQ a des personnalités fortes, qui imposent par leur connaissance dans un domaine précis de l'activité publique et qui ne peuvent que galvaniser les enjeux majeurs de la présente campagne. Personnellement, j'aimerais voir trois ou quatre des «gros canons» caquistes (en éducation, santé, justice, etc.) se mesurer avec leurs vis-à-vis, dans des débats sectoriels et évidemment télévisés. Le 4 septembre prochain, il n'est pas impossible que la CAQ rallie bon nombre d'électeurs désabusés des deux grands partis traditionnels. C'est «c'est le temps que ça change», pourquoi ne pas essayer d'opérer le changement dans la boîte de scrutin. La majorité silencieuse dont on parle tant, s'exprimera peut-être beaucoup plus qu'on ne le pense. Les boîtes de scrutin donneront peut-être une grosse boîte à surprise. On verra bien. Il y a certains visages que je ne détesterais pas ne plus voir le soir, sur mon écran de télévision.

Nestor Turcotte

Caroline Moreno



Écrivain et comédienne

L'ADQ RENOUVELÉE

Malgré des personnalités de la trempe de Jacques Duchesneau et Gaétan Barrette au sein de sa formation, la CAQ ne fera pas l'unanimité. Tout au plus, parviendra-t-elle à conserver le vote des électeurs adéquistes et à voler quelques appuis chez les libéraux déçus de M. Charest. Les souverainistes pour leur part accorderont leur vote, à défaut de leur confiance, au PQ, à Option nationale ou encore, à QS. Peu d'entre eux suivront François Legault dans ce qu'ils considèrent comme une trahison politique. À ce titre, le slogan de la CAQ «il faut que ça change» s'avère aussi opportun que révélateur !

Caroline Moreno

Jean-Pierre Aubry



Économiste et fellow associé au CIRANO

PLUS CRÉDIBLE

Comme nous l'avons vu lors des dernières élections fédérales avec le vote pour le NPD et lors des deux dernières élections provinciales avec le vote pour Mario Dumont et son parti, l'électorat québécois peut changer ses choix rapidement et fortement. Cette volatilité peut permettre à un parti politique de prendre le pouvoir. Dans un lutte entre trois partis de force relativement égale, tout peut arriver. L'arrivée des deux candidats-vedettes a surtout pour effet de rendre plus crédible le parti mené par François Legault et de réduire significativement la possibilité d'un vote stratégique qui pousserait certains électeurs intéressés par ce parti à le laisser tomber le jour du scrutin et à voter pour le PLQ pour éviter que le PQ ne prenne le pouvoir. En fait, si l'avancée de la CAQ se poursuit, il est possible ce parti dépasse le PLQ et attire un positionnement stratégique en sa faveur et au détriment du PLQ. Depuis le début de la campagne électorale, la CAQ a pris le leadership du débat public et a haussé sa crédibilité. Cependant, la route est longue jusqu'à la fin de la campagne électorale et il n'est pas impossible que ses deux candidats-vedettes, peu expérimentés sur la scène politique, mais très téméraires, commettent des bourdes. Quant à M. Charest, qui met peu de l'avant son équipe et qui a beaucoup de difficulté à remonter la pente sur le plan de la crédibilité, il semble ne plus être capable de remporter la victoire par lui-même et avoir besoin que ses adversaires fassent des erreurs.

Jean-Pierre Aubry

Jana Havrankova



Médecin endocrinologue

BON DIAGNOSTIC, TRAITEMENT DÉFICIENT

Avec raison, le Dr Barrette, le ministre de la Santé dans un éventuel gouvernement caquiste, veut prioritairement donner un omnipraticien à tous les Québécois. Un objectif qui trouvera l'assentiment de la population et aidera sans doute la CAQ à engranger des votes. Tous les partis aspirent à l'amélioration de notre système de soins; seule la CAQ rédige une prescription détaillée. Les Québécois devraient toutefois exiger des informations supplémentaires avant d'avaler le remède. Gaétan Barrette propose que chaque omnipraticien prenne en charge 1000 à 1600 patients. Or, beaucoup d'omnipraticiens se sont spécialisés : urgences, obstétrique, SIDA, etc. Ainsi, il conviendrait d'évaluer d'abord leur pratique actuelle : la RAMQ possède des outils pour cela. La CAQ recommande l'ouverture des cabinets sept jours sur sept. Qui paiera le personnel pour ces heures supplémentaires? Est-ce pertinent? Qui désire fréquenter les cabinets des médecins le dimanche? Étendre les plages horaires en soirée de semaine serait sans doute suffisant et moins coûteux. La CAQ veut favoriser la création des Groupes de médecine familiale. Depuis la fondation de ces groupes, combien de Québécois de plus ont bénéficié d'accès à un généraliste? Pourquoi ne pas renforcer les CLSC? La réforme de notre système de soins si nécessaire et qui tarde tant exige de la rigueur. Les solutions simplistes risquent d'aliéner la population de plus en plus informée et dotée d'esprit critique.

Jana Havrankova

Raymond Gravel



Prêtre du diocèse de Joliette et ex-député bloquiste de Repentigny

LA CAQ AU POUVOIR, NON!

La candidature de Jacques Duchesneau à la CAQ m'a vraiment déçu. J'aurais souhaité qu'il se présente avec le PQ. Par ailleurs, ça m'aide à comprendre le peu de nuances qu'il a faites lorsqu'il a présenté son rapport sur la corruption dans l'appareil gouvernemental. Je me rends compte aujourd'hui qu'il avait un «agenda caché», puisqu'il accusait tous les partis en place de s'être livré à des magouilles politiques pour leur financement. Au moment où il avait présenté son rapport, j'avais une grande estime pour lui. Maintenant qu'il est candidat pour la CAQ, j'ai des doutes sur la valeur de ce rapport, puisqu'il avait des intérêts personnels à défendre. François Legault l'a présenté comme l'Elliot Ness québécois, en matière d'intégrité. Je me demande jusqu'à quel point cet homme est intègre. Quant au Dr Gaétan Barrette, c'est une grand parleur et un petit faiseur. Ses promesses à l'emporte-pièce sur les solutions à apporter pour que chaque citoyen ait un médecin de famille et pour régler le problème inhumain des attentes dans les hôpitaux, me laissent perplexe. Ce n'est surtout pas un médecin qui peut régler ces problèmes; ce sont des femmes et des hommes qui côtoient les malades de près et qui sont capables d'identifier les lacunes dans le système, souvent occasionnées par les médecins eux-mêmes. J'ose espérer que les Québécois ne se laisseront pas berner par ces supposées vedettes et qu'ils voteront majoritairement pour le gros bon sens, afin de déloger les libéraux corrompus qui ont trop longtemps fait la pluie et le beau temps à l'Assemblée nationale. Il faut voter pour des candidats qui veulent servir la population et non pas des candidats qui se voient déjà ministre dans le cas de Barrette et de vice-premier ministre dans le cas de Duchesneau. Ce dernier a même dit qu'il pourrait nommer des ministres... Il se prend pour qui au juste?

Raymond Gravel

François Bonnardel



Candidat de la CAQ dans Granby

PREMIÈRE ÉTAPE

La Coalition avenir Québec comptait déjà, avant le déclenchement des élections le 1er août dernier, sur une équipe solide et talentueuse dirigée par un chef intègre et visionnaire. Depuis, d'autres importantes candidatures se sont jointes à nous afin de faire le ménage qui s'impose. Les additions de Jacques Duchesneau, de Gaétan Barrette, de Maud Cohen, de Christian Dubé et de bien d'autres encore témoignent de notre détermination à tout mettre en oeuvre pour relancer le Québec.

L'annonce de candidatures de prestige n'est par contre que la première étape de cette longue campagne électorale. D'ici le 4 septembre prochain, nous devrons expliquer aux citoyens les idées et les changements qu'un gouvernement de la Coalition avenir Québec entend appliquer. Il reste donc beaucoup de travail à faire afin de convaincre un maximum de Québécois de nous accorder leur confiance et c'est ce à quoi s'emploiera avec détermination l'équipe rassemblée par François Legault au cours des prochaines semaines. Avec un groupe d'hommes et de femmes aussi compétent et passionné, je n'ai aucun doute que la Coalition formera le prochain gouvernement.

François Bonnardel

Adrien Pouliot

Président et chef de la direction de Draco Capital

DES SOLUTIONS SUPERFICIELLES

M. Santé et M. Net sont de bonnes prises pour M. Legault et on peut s'attendre à ce que ces grosses pointures gonflent le moral des troupes et peut-être la récolte lors du dévoilement du scrutin. Demeurons néanmoins prudents car, comme le disait l'auteur Jean-Philippe Blondel, en politique, « nous sommes si fragiles, nous sommes si éphémères ». Les électeurs risquent notamment d'être déçus par la superficialité des solutions qu'apporte la CAQ aux problèmes si bien connus du Québec et qu'auront à appliquer ces deux étoiles caquistes : augmenter le salaire des professeurs de 20% en pensant que ça diminuera le décrochage scolaire; donner une prime de 33% aux médecins pour ajouter des noms à leur liste de patients en espérant que çà n'ait aucun effet sur le temps d'attente pour avoir un rendez-vous;  baisser la contribution politique maximale à 100 $ alors que ce sont justement ces limites qui créent le marché noir des élections municipales clé en main; et spéculer avec notre bas de laine québécois dans des compagnies de mines junior en espérant frapper le jackpot pour s'enrichir. Voilà de bien mauvaises idées que la meilleure volonté de célébrités médiatiques ne pourra pas transformer en politiques publiques rationnelles et bénéfiques.

Adrien Pouliot