Est-il légitime que des députés changent de parti politique et conservent leur siège sans se faire réélire dans leur circonscription? Les transfuges ne contribuent-ils pas à alimenter le cynisme de la population à l'endroit de la classe politique?

LES COMMENTAIRES DOIVENT ÊTRE SIGNÉS. MAXIMUM DE 150 MOTS.



Louis Bernard

Consultant et ancien haut fonctionnaire au gouvernement du Québec

UN MOINDRE MAL

Défendre à un député de changer de parti politique en cours de mandat aurait plus d'inconvénients que de continuer à le permettre. Dans notre système de gouvernement responsable, la discipline de parti est un élément nécessaire et essentiel. Mais c'est également une contrainte très exigeante qui limite sévèrement la liberté d'opinion de chacun des députés. Il y a donc un équilibre à maintenir. On se plaint avec raison que, dans notre système, les députés ministériels ne sont que des rubber stamps des décisions du gouvernement et que, chez nous, la discipline de parti est beaucoup trop rigide. Il serait donc contre-indiqué de renforcer encore cette discipline en empêchant les députés de changer de parti. Car c'est à peu près la seul menace sérieuse qu'ils peuvent faire valoir pour renforcer leur opposition à une ligne imposée par les dirigeants du parti. La démocratie, en définitive, est mieux servie par cette liberté que par sa négation, même si les électeurs d'une circonscription peuvent avoir le sentiment d'avoir été trahis. C'est, en quelque sorte, un prix à payer pour le bon fonctionnement de notre système. On a proposé, comme compromis, que le  changement de parti soit obligatoirement suivi d'une nouvelle élection. Je n'y suis pas favorable car cela aurait, en pratique, les même effets qu'une prohibition et entraînerait, le cas échéant, une dépense inutile de fonds publics.


Caroline Moreno

Écrivain et comédienne 

UNE TRAHISON

Un député démissionnaire devrait, comme tout travailleur ayant quitté son emploi volontairement, se retrouver au chômage et se voir privé d'indemnités. Quant aux transfuges qui trahissent leur parti, leurs électeurs et leur patrie, il leur faudrait rembourser les salaires et les dépenses liés à leur fonction puisqu'ils se rendent coupables de fausse représentation. François Rebello, rappelons-le, est l'un des signataires d'une lettre adressée le 11 juin 2011 à M. Jacques Parizeau («Monsieur Parizeau, faites-nous confiance») dans laquelle on peut lire : Nous sommes souverainistes, car nous croyons qu'il faut plus de Québec dans le monde pour défendre la démocratie, les valeurs de paix, de solidarité, pour le développement durable et la protection de l'environnement et pour assurer, bien sûr, le rayonnement de notre culture. Sept mois plus tard, estimant avoir été un bon soldat, Rebello s'autorise à rompre les rangs du Parti québécois par fidélité à François Legault sans égard pour les Québécois qu'il a menés en bateau : «Je ne veux pas me contenter d'attendre le grand soir», plaide l'ancien péquiste. Mais un grand soir, ça se prépare. Ça ne tombe pas du ciel. François & François s'étant, pendant des années, tourné les pouces au lieu de mettre la main à la pâte, rendent leur tablier en faisant valoir que la population n'a pas faim de souveraineté. L'appétit vient en mangeant. Encore faut-il avoir de quoi se mettre sous la dent !

Mélanie Dugré

Avocate

CRÉDIBILITÉ TERNIE

Il ne fait aucun doute que le spectacle de députés jouant à la chaise musicale a de quoi laisser sur le visage du citoyen et spectateur ordinaire une expression cynique et désabusée. Les volte-face  de députés à l'humeur variable et aux convictions changeantes sentent l'opportunisme à plein nez et nous permettent de douter de la crédibilité politique de ces élus. Malgré tout et en dépit de mon propre cynisme devant cette mascarade, je crois que chaque cas en est un d'espèce et qu'aussi tentant que soit l'exercice, il faut éviter de généraliser et d'apposer des étiquettes sur l'ensemble de la classe politique. Si le geste de M. Rebello peut sans doute s'expliquer par son amitié avec François Legault et l'absence de la CAQ du paysage politique jusqu'à tout récemment, on comprend moins ses professions de foi répétées au PQ. Quant à la néo-démocrate Lise St-Denis, les présomptions de faits jouent en sa défaveur et ses justifications manquent de sérieux. En définitive, seuls les transfuges eux-mêmes connaissent les motivations profondes qui ont provoqué ces brusques virages. Mais chacun d'entre eux devra vivre avec les conséquences de leur décision et ils auront tous une abrupte pente à remonter afin de rebâtir leur crédibilité et nous convaincre de leur sincérité.

Mélanie Dugré

Donald Riendeau

Avocat et conseiller en éthique

LÉGITIME OUI, MAIS ÉTHIQUE ?

Une fausse idée largement véhiculée est que le député doit représenter sa circonscription en prenant fait et cause pour ses électeurs. Il ne s'agit que d'un processus d'éligibilité et de légitimité, non de loyauté. Une autre image tout aussi fausse et répandue est que le député doit être loyal à son chef et son parti politique.  Or l'article 43 de la Loi sur l'Assemblée nationale stipule que le « député jouit d'une entière indépendance dans l'exercice de ses fonctions ». Un député doit donc agir dans le meilleur intérêt du «peuple du Québec» et doit lui-être loyal avant même son parti et son chef. D'ailleurs, la fameuse ligne de parti ne se retrouve nulle part enchâssée dans une loi ou un règlement, il s'agit d'un héritage provenant de la Chambre des communes britannique où jadis, du temps où ils portaient l'épée, les membres d'un parti ne devaient pas franchir la ligne de séparation entre les deux séries de banc pour éviter les confrontations. Malgré ces explications, plusieurs électeurs seront choqués par les récents transfuges puisqu'ils ont avant tout voté pour un parti. Au final, c'est une question d'éthique pour le transfuge face à lui-même, ses électeurs, ses collègues et aux Québécois.

Antonin-Xavier Fournier

Professeur de sciences politiques au cégep de Sherbrooke

UN GESTE INCOMPATIBLE

Lorsque le premier ministre britannique Benjamin Disraëli structura la vie partisane et parlementaire à Westminster dans les années 1860 et 1870, il poursuivait l'objectif louable de fournir au système parlementaire la discipline et la stabilité. La solidarité partisane, à l'époque, n'était pas perçue d'une manière négative. Au contraire, elle devait permettre d'encadrer la vie politique et de combattre ce que l'on appelait la « surpuissance » du parlement. C'est qu'alors les députés étaient en quelque sorte des électrons libres. Cette grande liberté des parlementaires et l'avènement de la responsabilité ministérielle provoquèrent de nombreuses crises politiques. La solidarité partisane obligea donc les députés à former des groupes parlementaires et à adhérer à un programme commun défendu par le chef d'un parti politique. Le député perdait ainsi une partie de sa liberté, mais il facilitait aussi grandement la possibilité d'être élu grâce à la machine électorale partisane. Les transfuges politiques, en refusant de se faire réélire sous leurs nouvelles couleurs, travestissent en quelque sorte un système qui les a mis au monde et pose ainsi un geste peu compatible avec le système qui est le nôtre.

Richard Vigneault

Consultant en communication et membre de l'Idée fédérale

LA FIN DE LA LOYAUTÉ?

La langue de bois, les promesses non tenues, les brusques changements de cap, la géométrie très variable des convictions nourrissent le cynisme. Le problème des transfuges n'est pas tellement une question de légitimité, mais de loyauté et de crédibilité. Changer de camp en politique est toujours une opération délicate. Tout le monde veut être au pouvoir, mais en général, on adhère à un parti pour défendre des idées. Si le PQ condamne François Rebello, assimilant son geste à une traîtrise de l'électorat, François Legault se réjouit de cette « acquisition » - c'est le mot qu'il a utilisé -, réaffirmant en cela son approche gestionnaire.  Il est clair qu'en changeant de camp pour des motifs qui apparaissent comme purement électoralistes, la loyauté à un chef, à un parti et à ses idéaux, à un programme et aux valeurs qu'il véhicule ne semble pas avoir été une préoccupation pour M. Rebello. Quant à sa crédibilité, les électeurs de sa circonscription jugeront. En précisant qu'il demeure souverainiste alors que son nouveau chef affirme ne plus correspondre à cette définition et veut tout faire pour éviter d'en parler, le député de Laprairie pose le pied sur un terrain glissant. Voilà un homme qui vient de mettre entre parenthèses tout ce en quoi il a cru depuis 20 ans. Pas besoin d'être cynique pour en arriver à se demander si le député de Laprairie aura, pour se faire réélire, dû sacrifier non seulement sa loyauté et sa crédibilité, mais également ses convictions. 



Claude Blouin

Avocat

TOUT DÉPEND DES CIRCONSTANCES

La légitimité s'évalue en regard de la moralité et de l'éthique. Les cas de transfuges doivent s'apprécier individuellement, en regard des circonstances de la décision. C'est manifestement la cause du changement de parti qui m'apparaît la plus importante. Lorsqu'il s'agit d'un virage  majeur, il s'impose, je crois, que le député doit démissionner et fournir l'occasion aux électeurs de le confirmer dans son rôle primordial de représentant de la volonté populaire.

Lorsque le député du parti gouvernant qui a été élu pour participer au pouvoir exécutif le quitte, la population et les institutions du comté concerné souffriront très probablement d'un changement de côté de chambre. Là encore, même si le député reproche un comportement illégitime de son parti, je crois qu'il n'a  d'autre choix que de donner aux électeurs la possibilité de confirmer qu'ils s'associent au désaveu ou à la rébellion de leur représentant. À moins qu'une élection soit imminente. Dans tous les autres cas, il me semble que la légitimité du geste tiendra au caractère personnel ou d'intérêt public de la cause de la démission, de l'existence ou non d'une vague favorable au parti du démissionnaire en regard de sa popularité personnelle tant lors de l'élection que lors de la démission, du fait qu'il s'associe ou non à un parti concurrent ou siège comme indépendant.

Denis Boucher

Associé au sein d'un cabinet de relations publiques.

LES ÉLECTEURS TROMPÉS

En réponse à la question du jour, le mot loyauté me vient à l'esprit. Le choix de se présenter pour un parti ou un autre n'est pas un geste que l'on doit poser à la légère et surtout pas pour se laisser tenter par la nouvelle saveur du mois. Lorsqu'un individu se présente sous la bannière d'un parti, il doit comprendre que la plupart du temps, les électeurs le porteront au pouvoir non pas pour ses qualités personnelles mais bien pour l'option politique qu'il ou elle représente. Libéral, péquiste, adéquiste ou marxiste-léniniste, c'est le choix que les électeurs prennent. Rappelons-nous l'élection de tous ces députés néo-démocrates au Québec.

En changeant de parti en plein milieu de mandat, on se trouve à tricher les électeurs et à contribuer à les rendre encore plus cyniques. Qu'un député ou un conseiller municipal souhaite changer de parti n'est pas un crime. Tout le monde a le droit de changer d'idée mais il serait peut-être plus sage d'attendre à la prochaine élection ou encore de démissionner si nos convictions sont à ce point heurtées que l'on ne puisse vivre plus longtemps avec sa conscience. Une situation quand même paradoxale, puisque cette personne est quand même à l'aise avec le fait d'avoir fait faux bond aux électeurs qui lui avaient confié le mandat de les représenter sous une bannière que ceux-ci avaient majoritairement souhaitée. Un député peut bien quitter son parti mais il n'a pas à imposer sa décision à ceux et celles qui l'ont élu. N'est-ce pas un des fondements de la démocratie?

Denis Boucher

Jean Gouin

Directeur général de la Fédération des médecins résidents du Québec

ON ÉLIT UN DÉPUTÉ, PAS UN PARTI

La récente défection du député François Rebello du Parti québécois vers la Coalition avenir Québec fait jaser et couler beaucoup d'encre. Certains ne comprennent pas le geste posé par le député Rebello, d'autres le questionnent, alors que d'autres encore le taxent d'opportuniste. François Rebello ne s'en cache pas, lui. Il veut être intimement associé au pouvoir et prend les moyens pour y parvenir. Des défections en politique, il y en a, et il y en aura toujours, et celle de M. Rebello ne fait pas exception, mais elle nous permet de nous demander si la défection d'un député devrait conduire à une élection partielle. On pourrait se poser la même question lorsqu'un député est bouté hors de son caucus parce qu'il a commis une faute répréhensible, ou parce qu'il a décidé que la ligne de son parti était intenable. Comme électeur, nous élisons un député qui est membre d'un parti. Nous n'élisons pas un parti. À preuve, c'est l'ensemble des députés d'un parti qui lui permet  d'accéder au pouvoir. Conséquemment, le député d'une circonscription représente ses électeurs et ce, peu importe son étiquette politique. Que celui-ci choisisse de siéger comme indépendant ou de se rallier à un autre parti, c'est un choix qu'il fait et que ses commettants sanctionneront lors des prochaines élections. Pour également appuyer ce propos, prenons le député qui décède. La circonscription étant orpheline de son député, on procède donc à une élection partielle pour trouver la personne qui représentera le mieux les intérêts des électeurs. On ne procède pas par nomination, en prétextant la couleur de son parti d'appartenance. Nos politiciens répondent aux tendances du moment et, de ce fait, il est normal qu'il y ait mouvance au sein de la députation entre deux élections.

Jean Gouin

Pierre Simard

Professeur à l'ÉNAP à Québec

LA LÉGENDE URBAINE DU POLITICIEN ALTRUISTE

Ceux qui généralement courent les tribunes pour étaler leur souci du bien commun n'auraient finalement qu'une seule motivation : se faire élire et réélire. Pour l'école des choix publics, l'opportunisme des hommes et des femmes politiques n'a rien de surprenant. Les politiciens, peu importe leur allégeance, ne sont pas plus altruistes ou moins égoïstes que les citoyens : ils maximisent leur intérêt personnel. Aussi, ce sont essentiellement les sondages favorables à la CAQ qui appâtent les adéquistes, les péquistes et autres transfuges de la scène provinciale. Ce qu'il faut retenir de ce butinage politique, c'est qu'une fois qu'ils auront accédé au pouvoir, ces mêmes politiciens ne se métamorphoseront pas soudainement en gardiens de nos soi-disant intérêts collectifs. Aujourd'hui, ces politiciens n'ont aucun scrupule à vendre leur âme pour se faire élire. Demain, ils géreront vos impôts et réglementeront votre vie pour se faire réélire. Ils ne se seront pas moins calculateurs et carriéristes une fois au pouvoir! Et dire que plusieurs croient encore que notre avenir doit passer par un État fort... Finalement, l'image du politicien altruiste, désintéressé et animé par l'intérêt public n'est que légende urbaine.

Pierre Simard

Francine Laplante

Femme d'affaires

PAS LE CHOIX

Dans un monde idéal et pour respecter les électeurs, lorsqu'un député décide de changer de parti, il devrait évidemment passer par un processus de réélection. Mais comme nous n'avons vraiment pas les moyens de dépenser des sommes astronomiques pour appliquer ce processus, quel choix s'offre à nous? Interdire à un député de changer de camp, qu'est-ce que cela donnerait? Des hypocrites qui siégeraient au parlement en regardant les mouches voler en attendant impatiemment que le premier ministre déclenche des élections! J'aime mieux voir des députés comme François Rebello prendre position directement et assumer les conséquences de ses décisions que voir des députés pantins et opportunistes qui ne se mouillent jamais et ne provoquent jamais de questionnement dans la population. Si seulement le monde parfait pouvait exister! Peut-on avoir encore des convictions solides et inébranlables en 2012? Poser la question est un peu y répondre!

Nestor Turcotte

Théologien et philosophe

LES DÉSERTEURS

Le petit mot «transfuge» a une origine bien latine. Il vient du mot «transfuga» qui s'enracine dans le verbetransfugio-re et qui signifie passer à l'ennemi. On peut facilement trouver dans le verbe ci-haut mentionné l'autre verbe latin plus connu fugere qui signifie fuir. Le transfuge est donc un personnage qui fuit la réalité dans laquelle il était bien campée pour passer à une autre réalité, souvent à l'opposé de la sienne, et va planter sa tente chez l'ennemi d'en face.

Ces deux critères établis, il n'est pas facile de dire ici si M. Robello est un «transfuge». Passe-t-il à l'ennemi? Il ne semble pas, puisque M. Legault était son mentor, son inspiration, son ami depuis longtemps. En passant du Parti québécois à la Coalition avenir Québec, M. Ribello ne passe pas chez l'ennemi. Il ne fait qu'exprimer, très ouvertement, son amitié de toujours envers son mentor. M. Robello fuit-il des idées pour en adopter d'autres? Il affirme qu'il reste souverainiste. Il garde son option indépendantiste, mais la met au congélateur pour dix ans, en espérant qu'à la suite de cette congélation fort prolongée, le produit soit encore comestible. Il existe peu de transfuges, au sens strict du terme. Si un fédéraliste comme Jean Chrétien passait dans le camp indépendantiste, il n'y aurait aucune ambiguïté : ce serait un déserteur, un transfuge, un fuyard. L'avocat Guy Bertrand, en 1970, était dans le camp séparatiste. En 1995, il est passé dans le camp fédéraliste. Transfuge? Oui. Il a fui et brûlé ce qu'il avait adoré. Il y a peu de transfuges au sens strict du terme. Il n'y a que des opportunistes. Ces gens devraient se soumettre au verdict du peuple. On verrait bien si leur démarche susciterait l'adhésion d'une majorité.

PHOTO TIRÉE DU SITE WEB DE NESTOR TURCOTTE

Nestor Turcotte.

Jean Bottari

Préposé aux bénéficiaires

TRAHISON ET CYNISME

J'ai été sidéré d'entendre la député du NPD Lise St-Denis lors de sa conférence de presse expliquant sa décision de faire défection vers le PLC. Elle a dit: «Ils ont voté pour Jack Layton; Jack Layton est mort.»  Elle fait donc semble t-il le constat que les électeurs du comté de St-Maurice-Champlain n'ont pas voté pour elle mais bien pour le chef du NPD. Or celui-ci étant décédé, la députée justifie sa décision de passer dans les rangs du PLC.  Ses électeurs ont probablement voté NPD et Jack Layton. Mais n'ont-ils pas aussi appuyé les idées et le programme de ce parti? Or en faisant défection, Mme St-Denis trahit ce mince lien de confiance qui existait entre elle et la population. Les transfuges qui choisissent de quitter les rangs de leurs partis respectifs ne font qu'alimenter le cynisme que nous entretenons envers toute la classe politique. Prenons François Rebello. En décembre dernier, M. Rebello déclarait avoir confiance en Mme Marois en tant que chef du PQ. Nous voici un mois plus tard et il affirme sans gêne qu'il appuie les idées de François Legault et l'appuiera désormais. N'est-ce pas là pur et simple opportunisme? Les sondages indiquent que tel parti et tel chef ont de bonnes chances de former le prochain gouvernement. Alors oublions nos convictions politiques ainsi que les pauvres bougres qui ont voté pour nous et allons vers le pouvoir. Ainsi peut-être aurons-nous plus de chance d'être nommé ministre par un chef reconnaissant. Est-ce de cette façon que pensent ces transfuges? En sachant que mon candidat pourra joindre le camp adverse au gré des sondages, pourquoi irais-je voter pour le représentant d'un parti en particulier? Plus la liste des transfuges s'allonge, plus je considère que la politique est devenue une affaire personnelle pour ces candidats qui délaissent le bien commun au profit d'une carrière politique bien remplie. Je n'approuve pas plus que des élus quittent leur parti et deviennent indépendants car, souvent, les électeurs appuient la personne mais aussi le parti que le candidat représente.

Jean-Martin Aussant

Député de Nicolet-Yamaska et fondateur du parti Option nationale

À PROSCRIRE

Il est ici question de légitimité et d'honnêteté face à l'électorat. Il faut distinguer deux choses bien différentes qui se sont produites récemment. D'une part, le fait de créer un véhicule pour pouvoir rester fidèle aux convictions étalées en campagne électorale et, d'autre part, le fait de passer à un parti que l'on a combattu en campagne électorale. Dans le premier cas, l'élu conserve sa légitimité puisqu'il poursuit avec le même discours que celui qu'il l'a fait élire. On peut penser à René Lévesque avec la création du Parti québécois ou, plus récemment, à la fondation d'Option nationale. Le deuxième cas, celui de passer à un camp adverse existant, devrait être interdit et il faut légiférer en ce sens. On voit clairement deux classes d'élus et ce, de tout temps. Certains y sont pour des convictions profondes et font partie de ce qu'il y a de beau en politique, alors que d'autres y sont pour gérer l'avancement de leur carrière personnelle et sont à proscrire. J'ose espérer que la population québécoise saura voir lucidement à travers les cas récents et qu'elle rendra un verdict qui rehaussera la qualité de notre classe politique et de notre démocratie en général.







Photo: La Presse

Jean-Martin Aussant