De nombreux lecteurs ont réagi au reportage publié dans nos pages hier sur le traitement privilégié offert par le CUSM à une dame venue du Koweït, en échange d'un paiement de 200 000$.

Jamais



Spontanément et même après réflexion, je réponds non. Notre système de santé est peut-être malade, amputé même. On annonce aussi moins d'argent pour la recherche médicale. Mais, de grâce, vous, le bon gouvernement, gérez sainement les fonds publics avant de vous aplatir lamentablement devant l'or des étrangers, en pénalisant de surcroît le peuple québécois. Il faudrait maintenant laisser passer les princesses avant mon vieux père qui a travaillé et payé des taxes durant 50 ans? Et moi, si j'offre 200 000$ au CUSM, vais-je passer devant mon frère, mon voisin, ma meilleure amie? Et qu'en est-il du bandit, du mafieux, du type qui a gagné au casino et la poule de luxe? Vont-ils passer devant moi? Ça va s'arrêter où? À 1 million ou à 10 millions? Qu'est-ce qu'on veut comme Québécois? Une société qui place le progrès social et l'intérêt collectif au-dessus des intérêts particuliers, ou un régime économique qui favorise indûment les riches et autres parvenus?

Sylvie Séguin, Montréal

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Du financement

Si j'étais un directeur d'hôpital confronté à des compressions budgétaires imposées par notre nouveau gouvernement, je planifierais au moins cinq chirurgies par année pour des étrangers. Je pourrais présenter ce projet au conseil d'administration comme une forme de campagne de financement. Pourquoi pas? Je ne crois pas que ces cinq cas affecteraient énormément la liste d'attente. Mail faudrait exiger plus que les 200 000$ facturés par le CUSM à la dame du Koweït. Cependant, les hôpitaux qui optent pour ce moyen de financement auraient des comptes à rendre au ministère de la Santé concernant les dépenses.

Pauline Gevry, retraitée

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À certaines conditions

Dans la mesure où il y a de la capacité résiduelle dans le système de santé et que l'on cesse de restreindre artificiellement le nombre de médecins qui sont formés, on pourrait y arriver. Cependant, connaissant les jeux de coulisses qui se trament entre les politiciens et les fédérations de médecins, je ne crois pas que l'on y parvienne en évitant les effets pervers que cela générerait. En pratique, il faudrait ouvrir cette filiale de notre système de santé progressivement et y dédier des médecins. Le coût de la formation serait déduit du revenu généré par cette pratique. Ainsi, nous pourrions maintenir les ressources publiques destinées aux résidents québécois et diversifier les sources de financement. Jamais, ce genre de mesure ne doit être une porte d'entrée à la mixité de la pratique.

Jean Roussel

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Pour les cas exceptionnels

Je suis tout à fait contre une telle pratique! Ma mère, qui souffre énormément d'arthrose dans les deux genoux, doit aller au privé pour avoir ses injections, car même pour une simple injection, il y a de l'attente. Imaginez lorsqu'elle devra se faire remplacer les genoux! Son médecin spécialiste voudrait bien lui faire au privé au coût de 15 000$ pour chaque genou. Ce qu'elle n'est pas en mesure de se payer! Donc, à moins d'un cas exceptionnel, si nous étions le seul pays à pouvoir soigner cette personne, et ce, dans un but humanitaire, d'accord. Autrement, c'est non.

Nathalie Gauthier

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Inacceptable

Nous sommes les experts du déficit: 200 000$ pour une chirurgie cardiaque à la Koweïtienne, interprète, chambre privée, un mois d'hospitalisation et tous les petits à-côtés de l'hôpital. Je crois que pour ce cas, le prix indiqué n'est que le montant déclaré. Notre système de santé roule de travers depuis longtemps. C'est vrai que les hôpitaux font un travail exceptionnel dans plusieurs cas, mais cela ne leur permet pas de faire sauter plusieurs règles. Nous allons nous faire opérer dans les pays du Sud pour payer moins cher, et les étrangers viennent chez nous en payant sous la table. Est-ce toujours comme ça? Si oui, l'idée n'est pas brillante.

Paul Rioux

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Incluons les riches québécois

Je ne comprends pas pourquoi on ferait une distinction entre étrangers nantis et Québécois nantis.  Si on ouvre la porte à ce qu'un étranger vienne se faire opérer au Québec pour 200 000 $, pourquoi alors un Québécois ne pourrait-il pas payer le même 200 000 $ pour éviter la liste d'attente? Parce qu'on créerait un système à deux vitesses, me direz-vous.  Mais pourquoi permettre à l'étranger d'éviter les listes d'attente alors? Alors, pour moi il n'y a que deux réponses envisageables à cette question: n'importe qui peut payer pour éviter la liste d'attente et on facture une prime aux étrangers, question de rendre notre système de santé un tant soit peu autofinancé, ou personne ne peut payer et on refuse de soigner les étrangers qui veulent payer.  La troisième voie sur laquelle seul un étranger peut se faire opérer immédiatement n'a pas sa place.

Le problème, c'est que les Québécois ne veulent pas faire le débat de la place du privé en santé. Nous vivons dans le déni et croyons encore que  nous avons les moyens de s'offrir ce système universel style « buffet à volonté », malgré le vieillissement de la population.  Le mur arrive tellement rapidement qu'on ne le voie même plus, ou est-ce qu'on regarde tout simplement ailleurs...

Martin Cossette