La colombe s'est envolée

La colombe s'est envolée

J'ai le bonheur de vivre ma retraite loin des rigueurs de l'hiver québécois, à Celebration dans le centre de la Floride. Comme des millions d'autres enfants dans le monde, les enfants de Celebration sont rentrés à l'école hier matin, au lendemain de la tragédie de Newtown. Autrefois, les parents étaient rassurés que leurs enfants se retrouvent dans l'endroit le plus sécuritaire sur terre, l'école.

Malheureusement, ce lieu, les limbes de notre société, a perdu son statut depuis les derniers incidents tragiques. Pourquoi les personnes dérangées choisissent-elles cet endroit pour exprimer leur haine et leur folie?

Nous avons laissé s'envoler la colombe blanche de la cour de l'école, en fermant les yeux sur la recrudescence des maladies mentales.

Michel LaBrosse, Floride

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Changeons pour eux

Qu'avons-nous manqué dans l'éducation de nos enfants pour que de tels drames surviennent et se répètent? Qu'y a-t-il au coeur de l'homme pour que la haine et la folie puissent y croître si facilement?

À l'horreur indicible se disputera, dans les prochains jours, la course effrénée à l'acquisition d'armes à feu, illusion d'une sécurité maladive. Seules l'éducation et la réduction de l'écart entre les riches et les pauvres peuvent, à long terme, changer ce visage démoniaque de la toute-puissance étatsunienne.

Lorsque le dernier enfant sera enterré, retrouverons-nous nos vieilles habitudes individualistes et égoïstes? Non! Je veux croire que ces vies sans avenir laissent éclore un nouveau visage baigné de tendresse et d'espoir en un monde plus vrai, plus harmonieux, plus juste et plus aimant.

Philippe Roy, Gatineau

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La peur, outil efficace

Je vais souvent aux États-Unis, surtout en Caroline-du-Sud, pour des raisons familiales. Le vieux sociologue que je suis en profite alors pour écouter et regarder une calamité appelée Fox News. Aussi, les aléas de la vie et des péripéties familiales font en sorte que je croise un certain nombre d'individus qui se délectent de cette horreur télévisuelle et qui aiment beaucoup le Tea Party et les armes à feu. Je ne pense pas que la majorité des Américains désirent vraiment avoir des armes à feu. Mais l'argumentation dogmatique des ténors de la droite amène de nombreuses personnes à avoir peur et à se dire que ce serait plus sécuritaire avec un gun. La peur a été, depuis toujours, un efficace outil socio-politique.

Jean-Serge Baribeau, sociologue, Montréal

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Rien à voir avec Adam Lanza

Laissons donc la douleur s'estomper un peu avant de sauter aux conclusions, faire des raccourcis et tenter d'expliquer l'innommable en pointant du doigt le syndrome d'Asperger qui, s'il est vrai qu'il rend les gens qui en sont «atteints» un peu ou beaucoup hors norme, ne mérite pas d'être associé à la barbarie de Newtown.

Savez-vous, vous qui pointez du doigt l'autisme, ce que mon fils et tous les autres «Aspies» doivent affronter pour vivre dans notre société? Pouvez-vous seulement imaginer les préjugés qu'ils doivent affronter, les difficultés quotidiennes à surmonter, dans un monde qui n'est pas à leur image, dans un monde souvent trop tonitruant pour eux, trop intense? C'est vrai qu'ils sont différents, qu'ils n'ont pas beaucoup d'amis, qu'ils longent souvent les murs et qu'ils ont de drôles de manies. Mais apprenez à les connaître avant de les juger. Nous qui les côtoyons, parents et éducateurs passionnés, avons l'immense bonheur d'accompagner et d'aimer des jeunes extrêmement attachants, brillants, lucides, sensibles, qui n'ont surtout rien à voir avec Adam Lanza.

Julie Brunelle