Tous les éléments semblaient réunis pour une véritable Fête «festive» sauf que l'effervescence n'y était pas. Les artistes étaient dynamiques; l'animateur Gildor Roy s'était bien préparé; le temps était idéal; mais il y avait autant d'enthousiasme dans la foule que de bulles dans un verre de champagne éventé. On pourrait dire que la chanson la plus représentative de l'état d'esprit des gens présents aura été Ma vie c'est d'la marde de l'Acadienne Lisa Leblanc.

La zone dite festive aux alentours des plaines ressemblait plus à une zone en état de siège qu'à un endroit où les gens pouvaient s'éclater. Sur la Grande-Allée, les restaurants et terrasses étaient très loin d'être bondés et les gens y déambulaient comme des automates, sans étincelles dans les yeux; au Parc de la francophonie, une quinzaine de personnes encourageaient le groupe qui s'égosillait sur scène; à place d'Youville, malgré le nombre de décibels qui fracassaient des records, pas plus d'une cinquantaine de fêtards étaient sur place. Par contre des policiers partout. Beaucoup de représentants de la loi et de l'ordre. Beaucoup trop. Une vraie farce.

Le maire Régis Labeaume doit être heureux de voir qu'à force de faire croire aux gens que leur sécurité était en danger à cause des méchants manifestants potentiels, il aura réussi à présenter une Fête nationale grand public bien polie, lisse, insipide, sans joie et sans âme. Malheureusement. Il en aura profité pour confisquer encore un peu plus des libertés individuelles.

La Fête nationale 2012 à Québec passera à l'histoire comme un rendez-vous manqué.

Jean-Yves Roy, Boucherville

GUY A. LEPAGE A DÉPASSÉ LES BORNES



Trop c'est trop! Notre pontificateur national, Guy A. Lepage, a dépassé les bornes dimanche soir comme présentateur du spectacle de la soi-disant Fête nationale. De façon pas toujours subtile, il a réussi à politiser à outrance cette fête qui se veut rassembleuse.

Quand arrêterons-nous de lui fournir pareille plateforme? Il doit bien y avoir parmi les Québécois de talent quelqu'un qui pourrait remplir adéquatement cette fonction depuis trop longtemps maintenant manipulée par Guy A.! Son débordement d'opinions personnelles ne devrait-il pas être censuré par les responsables de la Fête? Par contre un immense bravo pour Isabelle Boulay qui, à mon sens, a su faire remonter d'un cran la qualité du spectacle par un témoignage à la fois sincère et émouvant. Elle est digne de la relève.

PHOTO : OLIVIER PONTBRIAND, LA PRESSE

De façon pas toujours subtile, Guy A. Lepage a réussi à politiser à outrance cette fête qui se veut rassembleuse.

Claude Champagne, romancier et dramaturge

COMME BELLE ET BUM

En 2000, mon collègue Pierre-Yves Lemieux et moi, en compagnie du metteur en scène Fernand Rainville, avons eu le mandat de réaliser le gala des Masques. Pour ma part, d'entrée de jeu, il était clair que je voulais changer la formule, rendre ce gala plus théâtral, célébrer le théâtre québécois. Je pense que nous avons réussi. Les textes des présentateurs, les numéros, la facture, tout avait été repensé.

C'est dans cet état d'esprit, je crois, qu'il faudrait renouveler le spectacle de la Saint-Jean.

Samedi soir, parce que ma fille adore la musique, nous avons regardé une partie du spectacle sur les plaines, à Québec. Je n'ai pas vu la différence entre l'émission Belle et Bum et un spectacle de la fête nationale. En gros, des artistes sont venus à tour de rôle interpréter leurs chansons.

Est-ce que la musique est la seule façon de célébrer notre culture?

Où était les poètes, les danseurs, les comédiens, les peintres et autres fleurons culturels d'ici?

Les spectacles de la Fête nationale n'ont pas une mise en scène digne de ce nom. Les seuls auteurs sont ceux qui écrivent les textes des télésouffleurs. On ne raconte rien. On danse et on chante les derniers succès.

Mais où est la fierté?

De nombreux artistes s'illustrent tout au long de l'année, dans diverses disciplines. Ils sont notre culture, pas seulement les chanteurs populaires.

J'imagine la troupe des Belles-soeurs venir chanter. J'imagine des comédiens livrer des extraits percutants de pièces d'ici. J'imagine un montage de scènes de films québécois. J'imagine des oeuvres de peintres projetés tandis que des chanteurs et des danseurs performent. J'imagine des poètes enflammer la foule. J'imagine des humoristes nous dérider en soulignant nos travers. J'imagine des politiciens de toute allégeance présenter les numéros, des personnalités de tous les domaines, des héros de la vie ordinaire et dire leur fierté.

Je rêve?

Je ne crois pas.

Nous sommes un peuple reconnu partout dans le monde pour notre créativité. Soyons fiers de nous. Osons l'imagination.

PHOTO : OLIVIER PONTBRIAND, LA PRESSE

Est-ce que la musique est la seule façon de célébrer notre culture? Où était les poètes, les danseurs, les comédiens, les peintres et autres fleurons culturels d'ici?