La lettre d'opinion de Claude Blouin intitulée « Vers la séparation ? », qui a été publiée lundi dernier, a suscité plusieurs réactions de nos lecteurs.

Nous pouvons aimer notre pays sans pourtant aimer son gouvernement actuel. Si M. Blouin ne partage pas la moralité du premier ministre Harper, 60 % des Canadiens ont partagé son opposition lors des élections du 2 mai. Stephen Harper n'est pas la culmination finale d'une divergence irréconciliable entre le Québec et le Canada. Plusieurs Québécois ne sont pas en accord avec ses idées (mais il y a une ancienne tendance conservatrice au Québec qui existe toujours). Néanmoins, Stephen Harper n'a ni la capacité ni l'intention de renverser l'histoire de son pays, où le Québec et les Québécois jouent un rôle intégral. La notion manichéenne d'un ROC qui s'oppose au Québec n'existe pas : plusieurs autres régions canadiennes ont des différences de valeurs, de culture et même de langue tout comme le Québec. Les conservateurs ne seront pas en pouvoir pour toujours. Mais, entre temps, nous ne pouvons pas oublier que notre pays est imparfait mais formidable, peu importe le gouvernement du jour.

Ariel Shapiro, étudiant au cégep

Comme M. Blouin, je ne me reconnais pas dans le Canada que Stephen Harper est en train de façonner. Pire, ayant quitté les États-Unis il y a sept ans pour cette même raison, et en tant que nouveau Canadien qui a choisi de vivre dans un pays autrefois reconnu dans le monde comme un champion de la paix et de la tolérance, je me sens trahi par le virage à l'américaine pris par le gouvernement conservateur. Je suis prêt à appuyer toute solution qui pourra sauvegarder le droit des gens progressistes d'avoir au moins un pays en Amérique du Nord où ils peuvent se sentir représentés, où leurs valeurs ne sont pas mises à l'écart.

Richard Foltz

Les positions d'extrême droite du gouvernement Harper commencent à me donner le goût de l'indépendance à moi aussi. Il est évident que le ROC voit quelque chose que je ne vois pas ou que je ne ressens pas. Ça me désole de le voir détruire toutes ces belles valeurs de paix, et de justice que nous avons mis tellement de temps à construire.

Michel Guilbault

Moi, mon Québec ne se reconnaît pas dans les « chialeux » toujours prompts à accuser le fédéral de maux pourtant inhérents au seul Québec. M. Harper serait donc intolérant, répressif, sectaire, quasi fascisant, sourd aux opprimés du grand capital, et oeuvrerait de façon machiavélique à marginaliser un Québec victime. Avec pour résultat une séparation inéluctable d'un Canada « d'extrême droite ». Or le G20 considère comme exemplaire la gestion canadienne (et pas celle du Québec !), au même titre que celle de la Corée du sud, de la Nouvelle Zélande et des réformes suédoises. M. Harper a appris le français et ne me semble pas se venger d'un Québec envers lequel il n'a aucune dette électorale. Exemplaire dans sa vie privée, bon père de famille, M. Harper nous a réconciliés -enfin ! - avec notre voisin et allié. Canado-Québécois depuis 1986 (une immense chance et un privilège), il me faut remonter à Brian Mulroney pour égaler mon enthousiasme et mon admiration sans nuance pour notre très honorable M. Harper.

Emmanuel David, Saint-Bruno