Le texte «Des ti-gars infantilisés», de Robert Darlington, publié samedi dernier, a suscité de nombreuses réactions. En voici quelques-unes.

Des modèles tenaces

L'article de M. Darlington met en lumière un symptôme important de la relation homme-femme dans notre société. Tout comme l'hypersexualisation des jeunes filles, l'infantilisation des jeunes garçons renvoie à un mode de relation basé sur le contrôle et le pouvoir excluant totalement l'égalité des personnes en cause. Ces images, que charrie la publicité, nous renvoient par le fait même à notre incapacité, comme collectivité, à imaginer une autre forme de relation homme-femme que celle-là. Je ne suis pas certaine que notre société ait atteint le seuil d'un nouvel équilibre entre les hommes et les femmes. Les modèles transmis de génération en génération sont tenaces. On a beau discourir savamment sur la question, se dire que les choses ont changé, que les femmes ne sont plus ce qu'elles étaient, que les hommes eux aussi ont évolué, il suffit d'une image comme celle du ti-gars contrôlé par sa blonde pour se rendre compte que le couple est encore attardé à des comportements transmis depuis longtemps. En réalité, quand elle recourt aux clichés, la publicité nous rassure et nous conforte, elle finit même par nous convaincre que la nature humaine est ainsi faite et qu'on n'y peut rien changer. Cela est dangereux, mais la publicité n'a pas comme fonction de faire évoluer les mentalités. Les véritables agents de changement, ce sont nous.

Francine Benoit

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Un accommodement raisonnable

La publicité ne cherche jamais à diviser; pourquoi le ferait-elle? Elle règne déjà. Les publicistes veulent vendre tout en douceur, en flattant, comme le renard de La Fontaine. Les statistiques nous le disent, comme si nous ne le savions pas déjà: les hommes dominent encore le monde, mais ce sont les femmes qui dominent dans une relation de couple. Ce sont donc les femmes qui sont la cible de prédilection des publicistes. Pour maintenir leur pouvoir, les hommes doivent donc accepter quelques... concessions. Appelez ça un accommodement raisonnable.

Pierre Bérubé, Léry

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Le retour balancier

Depuis longtemps, ma femme et moi - et je suis persuadé que nous ne sommes pas les seuls - avons remarqué ces publicités à répétition qui font passer les hommes, surtout les conjoints, pour des niais, des imbéciles heureux qui écoutent docilement ce que la super femme, infaillible, supérieure et irremplaçable, leur fait dire, leur fait faire. La pub du mari qui fait «sa fameuse sauce à spaghetti», et qui étend cette sauce partout sur le comptoir et sur la cuisinière avec maladresse, nous n'en sommes pas encore revenus. Quelle démonstration de savoir-faire pour la petite fille qui assimile, au fil des années, le fait que les hommes sont tous comme les imbéciles de ces pubs. C'est le même phénomène pour le petit garçon qui grandit avec cette vision future de lui-même. Autrefois, c'était la femme qui était montrée dans ce rôle de nunuche. J'espère que le retour du balancier est rendu au bout de sa course.

Valois Turcotte

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Diviser pour mieux régner

Si les femmes ont l'air enragées, autoritaires ou germaines, c'est qu'elles sont un peu tannées de côtoyer des ti-gars infantilisés. On dirait que les mâles ne souhaitent plus vivre avec des femmes et préfèrent la compagnie de leurs amis. Et certains hommes ont l'air de trouver la situation normale. Je ne comprends pas que les concepteurs de publicité, qui sont pour la grande majorité des hommes, produisent de tels messages publicitaires. Que cherchent-ils? Diviser pour mieux régner? Les hommes d'un bord, les femmes de l'autre? C'est désespérant.

Gisèle Tétrault, Saint-Charles-Borromée