Dans toute la discussion actuelle entourant la nomination des juges, on semble oublier un élément fondamental: la difficulté d'exercer cette fonction.

Dans toute la discussion actuelle entourant la nomination des juges, on semble oublier un élément fondamental: la difficulté d'exercer cette fonction.

Les juges que je connais sont presque tous des anciens avocats dont la pratique professionnelle, occupée et chargée, leur permettait, parce qu'ils y consacraient plus de 60 heures par semaine, de bien gagner leur vie. Pour la majorité d'entre eux, la rémunération de la magistrature constitue un simple maintien - et parfois même une diminution - de leurs revenus, alors que le nombre d'heures qu'ils consacrent à leur fonction est toujours le même.

Plusieurs juges doivent se déplacer régulièrement en région pour siéger, ce qu'ils ne devaient faire qu'occasionnellement dans leur pratique d'avocat.

Les juges sont astreints à un devoir de réserve qui les isole souvent du milieu social où ils oeuvraient comme avocat. Ce devoir de réserve les empêche d'intervenir sur la place publique, notamment pour défendre leur fonction lorsque celle-ci y est critiquée.

Ils sont engagés, dès le premier moment où ils sont appelés à entendre des procès, dans un engrenage sans fin qui les force irrémédiablement à trouver une solution juridique complexe à tous les litiges qui leur sont soumis, dans un délai raisonnablement rapide, avec le spectre de se faire ensuite dire par une cour d'appel qu'ils ont eu tort.

Ils doivent être objectifs en tout et partout, écouter attentivement des gens témoigner et des avocats plaider, noter minutieusement et retenir tout, dans des affaires qui peuvent parfois durer plusieurs semaines ou plusieurs mois.

On a tort de considérer la nomination à un tel poste comme une faveur ou une récompense. Les gens qui l'exercent doivent s'acquitter de responsabilités parmi les plus lourdes de notre société.