Aujourd'hui, j'ai mal à ma Charte, oui vous savez, la Charte des droits et libertés, celle qui me garantit un droit de manifester. Détrompez-vous! Ce n'est pas un droit garanti, car à n'importe quel moment, les policiers peuvent vous le retirer.

Aujourd'hui, j'ai mal à ma Charte, oui vous savez, la Charte des droits et libertés, celle qui me garantit un droit de manifester. Détrompez-vous! Ce n'est pas un droit garanti, car à n'importe quel moment, les policiers peuvent vous le retirer.

Oui, jeudi, j'étais à la manifestation internationale contre la brutalité policière, comme à chaque année.  Non, je n'ai rien vandalisé et je ne me suis pas fait arrêter, mais ce que j'ai vécu ce soir-là me donne la rage au coeur.

La citoyenne étudiante responsable et militante a été brutalisée, dans ses droits et dans son espoir en la démocratie. Nous étions fiers, pour une fois nous étions nombreux : des milliers pour une même cause, parce que cette année, ce n'était pas seulement les sans-abris, les minorités visibles et les gens ayant des troubles mentaux qui avaient goûté aux pratiques policières abusives, mais aussi des étudiants. Eux aussi maintenant l'ont vécu.

Je pensais à une fille que je connais qui s'est fait arrêter cette semaine et qui est accusée de voie de fait sur un policier, parce qu'elle a levé le bras pour se protéger des coups de matraque de son agresseur. «Non! Jeune fille, ne te défends pas si la police te frappe, c'est pour ton bien!»Si telle est la logique, eh bien moi, je porte plainte contre le SPVM au nom des milliers de manifestants qui, comme moi, se sont fait agresser.

Pourquoi ? Je vous raconte. Nous sommes sur Sherbrooke, nous sommes heureux, nous manifestons calmement et puis hop! on lance des grenades assourdissantes et puis des gaz lacrymogènes. Difficulté à respirer, mal de coeur,  mais le pire, c'est le mouvement de foule : 5000 personnes paniquées qui courent et essaient de fuir, de se protéger. Je me retrouve écrasée entre un mur de béton et une foule qui a peur, puis je me dis : « Mais les policiers sont complètement malades, ils vont nous tuer s'ils continuent de lancer leurs trucs!»

Les gens paniquent, peut-être de peur de perdre leur oeil eux aussi... Alors c'est à ce moment-là que la manif a dégénéré... Les gens voulaient se pousser, mais nous étions encerclés de policiers qui ne nous laissent pas passer, puis on se fait taper et puis on court plus loin encore un mur de policiers. Puis ils annoncent l'avis de dispersion : «Ceci est une manifestation illégale». En fait, ils ne veulent pas que l'on se disperse, ils veulent nous matraquer !

Et la suite, vous l'avez vu dans les médias... Les médias vous diront que c'est la faute des manifestants, c'est pour cette raison que nous avons cet relation amour-haine avec eux. « Les policiers ne sont pas violents, ils font leur travail!» Moi, je vous dis : « Protéger et servir », mon oeil!