La STM vient de perdre un joueur. Je n'en peux plus de la STM. Je m'achète une auto.

Me connaissant, je regarderais les petites voitures, raisonnables et peu gourmandes. Car j'ai le réflexe écolo qui sied si bien à la frange bon garçon de mon groupe socio-économique. Pas tous les boomers sont d'irresponsables pollueurs! Je fais partie de ceux qui utilisent un vélo pour leurs déplacements l'été, et les transports en commun l'hiver.

Mais c'est fini tout ça! J'ai fait ma part pour ce qu'on appelle la protection de l'environnement.

Je veux bien être bon citoyen, un Montréalais modèle, mais le prix à payer est trop élevé. À la longue, on finit par abandonner. C'est terminé, souffrir les transports en commun, et l'heure de la revanche a sonné. Ça sera de la grosse cylindrée, merci beaucoup. De préférence une Hummer d'occasion, une grosse picouille honteuse qui pollue comme dix. Maudit que ça va être le fun!

Si votre autobus, mettons la 146, arrive à votre arrêt à l'heure prévue, c'est votre jour chanceux. Allez tout de suite vous acheter un billet de loterie. Si votre chauffeur n'est pas de cette majorité qui vous bardasse comme vulgaire marchandise en vrac, en freinant tout aussi violemment qu'il n'abuse de l'accélérateur tandis que vous vous agrippez tant bien que mal, vous projetant sur votre pauvre voisine de gauche puis sur celle, encore moins accommodante, de droite, alors prenez le numéro de matricule en note et faites une lettre de félicitations à la direction de la STM, cc au syndicat.

Ce chauffeur-là n'aura pas fini de faire rire de lui le matin au garage.

Est-ce qu'on parle du métro? C'est un sujet trop déprimant. «La STM vous remercie de votre compréhension...»

Ça serait si simple, de faire des transports en commun une alternative correcte, sympathique et invitante. Mais cela n'arrivera pas de sitôt. Tant et aussi longtemps que le passager sera un usager et non un client, une personne qui compte pour l'entreprise, il faudra oublier ça.

Et moi, comme on dit, j'en ai mon truck...