Les commentateurs de la tragédie d'Oslo, plus ils sont à gauche et plus ils insistent sur l'idéologie du tueur au détriment de sa santé mentale. Pourtant, quand ça fait leur affaire, ils n'hésitent pas à recourir à Freud; mais là, c'est comme si le docteur viennois n'avait jamais existé, jamais écrit. Le vrai tueur ne serait pas tellement Anders Behring Breivik que le racisme, l'intolérance, le fondamentalisme chrétien. Cela rappelle Polytechnique. Le carnage de Lépine n'était qu'un exemple extrême de la violence faite aux femmes.

Les idéologies sont néfastes, certes, mais un fou est un fou. Il me semblerait plus utile d'essayer de voir ce qui, dans notre société postmoderne, favorise ce type de folie et aussi ce qui aide le fou meurtrier à passer à l'acte. La perte du frein moral est peut-être liée à la perte des repères fondamentaux. N'avons-nous pas entrepris collectivement depuis quelques décennies de nous situer «au-delà du bien et du mal»? Ne célébrons-nous pas la folie, la violence et la mort de 1001 façons?