M. Boulianne, en tant que médecin, la lecture de votre texte m'a attristé au plus haut point. Tout d'abord, j'ai été déçu par l'emploi du titre proposant l'utilisation de l'amiante chrysotile pour «sauver des vies», en employant pour seule justification qu'elle peut notamment fournir «aux pays en voie de développement des infrastructures sanitaires de meilleure qualité». Plutôt mince intellectuellement comme justification: c'est comme si le coût sauvé sur des matériaux de construction permettait de racheter à eux seuls les risques pour la santé des travailleurs étrangers. Il y a une teinte de double standard colonialiste à peine déguisé!
M. Boulianne, en tant que médecin, la lecture de votre texte m'a attristé au plus haut point. Tout d'abord, j'ai été déçu par l'emploi du titre proposant l'utilisation de l'amiante chrysotile pour «sauver des vies», en employant pour seule justification qu'elle peut notamment fournir «aux pays en voie de développement des infrastructures sanitaires de meilleure qualité». Plutôt mince intellectuellement comme justification: c'est comme si le coût sauvé sur des matériaux de construction permettait de racheter à eux seuls les risques pour la santé des travailleurs étrangers. Il y a une teinte de double standard colonialiste à peine déguisé!
Vous aurez beau argumenter que l'amiante chrysotile est éliminée en l'espace de quelques semaines, d'après l'étude de Hesterberg. La vérité, c'est que sur le terrain, je vois des plaques pleurales calcifiées et des stigmates de fibrose pulmonaire des décennies après des expositions chez des travailleurs de la construction, garagistes, ouvriers montréalais... pas des mineurs de l'Estrie.
J'ai le regret de vous annoncer que vous vivez dans une bulle de déni: il n'y a pas que le cancer du poumon et le mésothéliome. Les effets sur la santé de la fibrose pulmonaire sont plus difficilement quantifiables, mais constituent une cause de morbidité liée à l'exploitation de l'amiante qui réduit l'espérance de vie des personnes exposées.
Je reconnais l'ampleur de votre loyauté envers vos concitoyens. Mais de grâce, ne le faites pas au détriment de leur propre santé et celle des autres victimes.
À l'heure des bilans, le poids pourrait être lourd sur votre conscience.
* L'auteur réagit à l'opinion de Marc Boulianne intitulée, «L'amiante chrysotile peut sauver des vies».