Il n'y a peut-être que 10 sièges au Nouveau-Brunswick (six libéraux, trois conservateurs, un NPD), mais si les conservateurs veulent former la majorité, ils pourraient bien avoir besoin des deux qu'ils ont ciblés.

Deux des 15 circonscriptions canadiennes perdues de justesse par les conservateurs se trouvent au Nouveau-Brunswick.

Il y a d'abord Madawaska-Restigouche, circonscription majoritairement francophone qui englobe Edmunston et va jusqu'à Campbellton. Le libéral Jean-Claude D'Amours y a obtenu une avance d'à peine 2,4% sur le conservateur Jean-Pierre Ouellet en 2006. M. Ouellet, ancien ministre de Richard Hatfield, se présente à nouveau.

Dans Saint-Jean, dans le sud de la province, les libéraux l'ont également emporté par une faible marge de 3,6%. L'endroit a historiquement appuyé les conservateurs, aussi le PCC espère vaincre le libéral Paul Zed, qui fait face cette fois à un ancien ministre et chef de cabinet de Bernard Lord, Rodney Weston.

Saint-Jean grouille d'activité, ces temps-ci, avec la réfection de la centrale nucléaire de Pointe-Lepreau, la construction d'un terminal gazier, la construction d'une nouvelle raffinerie de pétrole qui doublera la capacité de celle d'Irving, et la mise en valeur d'une mine de potasse non loin, à Sussex. Une réalité économique aux antipodes du Nord-Est, où l'exode vers l'Ouest canadien vide des villages entiers.

Fredericton a aussi été gagnée de peu par les libéraux, tandis que les conservateurs ont arraché Tobique-Mactaquac par moins de 1% du vote.

Ce sont les quatre points chauds de la province. Ailleurs, autrement, personne ne prévoit de changements dans cette province à dominante libérale. Dans Acadie-Bathurst, la circonscription la plus francophone en dehors du Québec (84%), les libéraux semblent résignés à passer leur tour. Yvon Godin, député du NPD élu avec de fortes majorités depuis 1997, est bien en selle. Élu dans la vague de mécontentement qui a suivi la réforme de l'assurance emploi, «Yvon», comme tout le monde l'appelle, est un député très populaire.

L'ancien syndicaliste, qui a longtemps travaillé dans les mines, a facilement dominé le débat qui l'opposait à ses deux adversaires, la semaine dernière, à la télé communautaire.

Les conservateurs sont représentés par Jean-Guy Dubé, consultant en affaires, qui mise essentiellement sur l'argument de l'accès au pouvoir.

La libérale Odette Robichaud, sténographe judiciaire, est à peu près inconnue et n'est certainement pas de la graine de ministre.

Aussi sympathique soit-elle, c'est loin d'être une candidate-vedette, signe sans doute qu'on ne croit pas M. Godin battable à court terme dans cette région au fort taux de chômage où les syndicats miniers appuient le néo-démocrate.

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