Débat télévisé oblige, la semaine des chefs a été écourtée, mais elle a tout de même donné lieu à des moments forts, sur lesquels je reviens dans ce troisième bulletin hebdomadaire.

Puisque nous avons abondamment parlé de la performance des chefs au débat de jeudi, je n'y reviendrai pas dans cette chronique, m'attardant plutôt au reste de la semaine.

Pour une deuxième semaine de suite, le thème imposé de la campagne aura été le référendum, malgré les efforts de Pauline Marois pour ramener les débats autour de l'économie, de la Charte de la laïcité et de l'intégrité.

Dans le brouhaha préréférendaire, deux moments forts sont passés presque inaperçus ou, du moins, n'ont pas reçu l'attention voulue: le dépôt du cadre financier du PLQ et le dévoilement du programme de la CAQ. C'est le lot de presque tous les autres engagements des partis, y compris en santé, qui demeure pourtant la priorité des Québécois, selon les sondages.

Parlant de sondages, le plus récent CROP-La Presse, publié mardi, est aussi venu ponctuer la semaine, accordant l'avance au PLQ, créant l'agitation au PQ et plombant encore davantage la CAQ.

Survol des derniers jours riches en rebondissements.

Pauline Marois

Le bon coup - Rappeler à Philippe Couillard qu'on ne peut ratifier la Constitution canadienne sans consulter les Québécois. Débat théorique pour le moment, mais la chef du PQ a réussi à embarrasser son adversaire libéral, qui a dû encore une fois faire quelques pas de reculons pour expliquer sa position.

Le mauvais coup - Lancer une première pub négative (soft, mais néanmoins négative) contre les libéraux, c'est de bonne guerre, surtout que les faits évoqués sont vrais, mais utiliser la photo de la juge Charbonneau (sans son autorisation, évidemment), c'est un manque de respect envers une commission d'enquête dont on souhaite l'indépendance absolue. Le PQ a retiré la photo de la juge, mais l'erreur dénote un début de panique au quartier général.

Politique 101- Pauline Marois doit se sortir de la trappe référendaire. Elle doit revenir sur l'économie, mais son candidat-vedette Pierre Karl Péladeau rappelle, à chacune de ses apparitions, sa sortie tonitruante pour la souveraineté, il y a deux semaines.

Mme Marois peut aussi jouer la carte de la Charte de la laïcité, mais elle ne peut oublier que la moitié des Québécois est contre (et l'autre moitié ne compte pas que des électeurs du PQ).

La chef du PQ aurait avantage à sortir les visages les plus sympathiques et positifs de son équipe, dont Véronique Hivon, Sylvain Gaudreault, Léo Bureau-Blouin et François Gendron, parce qu'à mi-campagne, ça commence à sentir la frustration chez certains ministres sortants.

Note: 7/10

Philippe Couillard

Le bon coup - Maintenir la pression sur les présumées intentions référendaires du Parti québécois. Ce n'est pas toujours très élégant, ça ne vole pas toujours très haut, mais cela semble efficace.

Le mauvais coup - Un deux pour un cette semaine: le cadre financier et le ton.

Pas la peine de déposer un cadre financier si tous les économistes (sauf ceux qui se présentent pour le PLQ) le jugent, au mieux, trop optimiste et, au pire, irréaliste.

Par ailleurs, M. Couillard nous a habitués au calme et à un langage irréprochable. Dire que le «PQ veut fourrer les Québécois» était tout simplement grossier.

Politique 101 - Pour une première campagne en tant que chef, Philippe Couillard se débrouille fort bien. Pas de faute directe grave ou dommageable. Il aurait toutefois à mettre un peu d'ordre dans ses idées (constitutionnelles et identitaires, notamment), parce que l'image du «Philippe-Flop» va finir par coller. Pour le moment, le débat préréférendaire le sert bien, mais maintenant qu'il est le meneur présumé de cette course, c'est lui qui devient la cible et ses adversaires ne lui feront pas de cadeaux.

Note: 7,5/10

François Legault

Le bon coup - Dans les circonstances, la combativité et la bonne humeur de François Legault sont tout simplement admirables. Il a par ailleurs présenté cette semaine un programme électoral solide.

Le mauvais coup - La décision de faire campagne, tous les jours, tout le temps, avec sa femme peut paraître sympathique, mais elle a aussi provoqué cette semaine quelques malaises, dont l'épisode «C'est pas toi qui parles», vu près de 90 000 fois sur YouTube. Pas cute.

Politique 101 - Legault n'a plus le choix: il doit maintenant tout donner, dans les circonscriptions où la CAQ peut encore gagner. Le pouvoir est hors de portée, reste à sauver les meubles. Et à se préparer à toutes les variations de questions autour d'une éventuelle alliance ou participation à un gouvernement minoritaire.

Note: 6,5/10

Québec solidaire

Le bon coup - De toute évidence, QS agace le PQ, à Montréal surtout, où le ministre Jean-François Lisée a passé une partie de la dernière semaine à répondre aux solidaires, pourtant considérés comme quantité négligeable par le PQ pendant longtemps.

Le mauvais coup - Amir Khadir qui parle d'«unité canadienne» à CTV???

Politique 101 - Travailler dans les circonscriptions prenables en surfant sur la performance de Françoise David au débat des chefs. Tout gain, ne serait-ce qu'un siège, sera un triomphe pour QS.

Note: 7/10

Pour joindre notre chroniqueur: vincent.marissal@lapresse.ca