PKP, PKP, PKP... Un touriste débarqué ces derniers jours au Québec, en cette deuxième semaine électorale, aurait très bien pu conclure que nous sommes en pleine campagne référendaire... dirigée par Pierre Karl Péladeau!

Jamais candidature n'aura fait autant de bruit dans une campagne électorale au Québec. Et pour cause: un richissime entrepreneur souverainiste, c'est rare. De plus, la personnalité du bonhomme et son bilan à la tête de Québecor ne laissent personne indifférent.

Une telle vague est toutefois décoiffante pour un parti, comme l'a rapidement constaté Pauline Marois, qui a été forcée de parler de référendum, de monnaie, de passeport et même de frontières. Oups, ce n'était pas ça, le plan.

On a aussi vu certains leaders souverainistes, et des syndicalistes souverainistes, accueillir avec euphorie celui qu'ils voient comme le sauveur de la cause.

Du bonbon pour le chef libéral Philippe Couillard, qui veut mobiliser sa base et ameuter les électeurs réfractaires à la tenue d'un troisième référendum.

Pour François Legault, toutefois, c'est le pire des scénarios, lui qui se retrouve encore un peu plus isolé dans le débat.

Outre le débat pré-référendaire, l'arrivée de PKP en politique soulève toutes sortes de questions éthiques inédites au Québec.

Pas de doute, cette semaine fut celle de PKP. On dirait même que la campagne s'est arrêtée. Et pourtant, elle tourne!

Voici le deuxième bulletin hebdomadaire des chefs de la campagne.

Pauline Marois

Le bon coup - Le recrutement de Pierre Karl Péladeau, de loin la plus grosse prise du PQ depuis Lucien Bouchard (pas dans les mêmes circonstances, évidemment).

Le mauvais coup - Le recrutement de Pierre Karl Péladeau, qui a fait dérailler la campagne péquiste dans le fossé pré-référendaire.

Politique 101 - Pauline Marois a travaillé tellement fort pour se hisser à la tête du PQ et au poste de première ministre, elle ne peut se permettre, en pleine campagne électorale, de se laisser glisser dans l'ombre de PKP. Elle doit aussi éviter de tomber dans les pièges pré-référendaires. Un retour au plan de campagne et aux messages prévus s'impose. La question est de savoir: comment encadrer un homme comme PKP, pas habitué à se faire dicter la marche à suivre.

Note: 7,5/10

Philippe Couillard

Le bon coup - La récupération du thème référendaire relancé par l'arrivée de PKP, toujours utile pour fouetter les troupes libérales fédéralistes et les électeurs opposés à un référendum.

Le mauvais coup - L'argu-ment, maintes fois répété par Philippe Couillard selon lequel le PQ veut «détruire le Canada», ça fait un peu épouvantail à moineaux. Il est plus efficace lorsqu'il dit que le PQ n'a pas de plan pour l'économie, mais qu'il en a un pour faire un autre référendum.

Politique 101 - Philippe Couillard (comme Pauline Marois et François Legault) n'a pas commis de gaffe à ce jour dans la campagne, mais il devra accélérer le rythme et résumer son message à deux ou trois idées fortes qui frappent les électeurs.

Note: 7,5/10

François Legault

Le bon coup - Aucun.

Le mauvais coup - La politique «entredeuxchaisiste» de la CAQ vient de rattraper son fondateur. Difficile pour la CAQ de faire entendre sa voix dans un débat traditionnel souverainistes-fédéralistes.

Politique 101 - François Legault n'a pas le choix, il doit miser gros sur les débats, ce jeudi et le 27 mars. Il doit toutefois éviter d'avoir l'air désespéré, de frapper sur tout ce qui bouge et, finalement, de frapper dans le beurre.

Note: 7/10

Québec solidaire

La force de Québec solidaire, c'est la communication, notamment sur les réseaux sociaux. Les autres partis auraient d'ailleurs à apprendre de QS en ce domaine.

Avec seulement deux députés, QS arrive à se faire voir et entendre... même si les solidaires se plaignent du peu de couverture des grands médias.

L'arrivée de PKP au PQ a clairement irrité Françoise David et Amir Khadir, à en juger par leurs commentaires acerbes. PQ = Iran de Khomeini? Vraiment?

Comme disait ce bon vieux Talleyrand: Tout ce qui est exagéré devient insignifiant.

Note: 6,5/10

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