Au départ, une nouvelle étonnante: Nigel Wright, chef de cabinet du premier ministre Stephen Harper, a fait un chèque personnel de 90 000$ au sénateur Mike Duffy pour l'aider à rembourser des sommes obtenues indûment en allocations de logement. Il n'en fallait pas plus pour relancer l'opposition à Ottawa et ébranler sérieusement, pour la première fois, les colonnes du temple conservateur. Résumé de la dernière session parlementaire à Ottawa en six épisodes.

Le Sénat, de mal en pis

Institution mal aimée, apparemment irréformable, le Sénat croupissait dans l'ennui le plus profond à l'ombre de la Chambre des communes. Puis, une première affaire l'hiver dernier: le sénateur Patrick Brazeau arrêté et accusé dans une sordide affaire de violence conjugale. Arrivent ensuite, ce printemps, des histoires de faux comptes de dépenses et d'allocations touchées en trop par deux conservateurs et un libéral.

Fait divers parlementaire jusque-là, l'affaire devient scandale politique lorsqu'on apprend que le chef de cabinet de Stephen Harper, Nigel Wright, a fait un don de 90 000$ au sénateur Mike Duffy pour le sortir de l'embarras. M. Wright a démissionné, la Gendarmerie royale du Canada (GRC) s'est mis le nez au Sénat et au bureau du premier ministre et le diable est aux vaches chez les conservateurs.

Coincé pour une rare fois, Stephen Harper a dû, en plus, affronter un Thomas Mulcair inquisiteur en Chambre, qui a réussi à pousser le premier ministre dans ses derniers retranchements.

Les conservateurs ont bien essayé de faire dévier les tirs en rappelant que M. Mulcair avait caché pendant des années le fait que l'ex-maire de Laval, Gilles Vaillancourt, lui avait offert une enveloppe, mais l'affaire Duffy est trop lourde et elle a collé. Ce n'est pas fini, d'ailleurs, puisque la GRC est maintenant impliquée.

Par ailleurs, l'arrestation, lundi, de Saulie Zadjel, candidat-vedette et homme de confiance des conservateurs à Montréal, donne d'autres munitions à l'opposition en vue de la prochaine session.

Appels frauduleux, réaction arrogante

Le mois dernier, la cour fédérale a conclu que la base de données du Parti conservateur avait servi à faire des appels frauduleux à des électeurs lors des élections de 2011, sans toutefois aller jusqu'à invalider le résultat dans les circonscriptions visées.

Plutôt que de faire amende honorable, les conservateurs ont triomphé, ne retenant évidemment que la deuxième partie de la décision de la cour. Réaction typique d'un gouvernement arrogant qui remet systématiquement en cause les règles lorsque celles-ci ne leur conviennent pas. Curieux pour des gens si attachés à la loi et à l'ordre...

Il n'a fait que passer...

Peter Penashue, tout le monde a déjà oublié ce nom, mais il demeure un mauvais souvenir pour Stephen Harper. Élu de justesse en 2011 dans Labrador, puis nommé ministre des Affaires intergouvernementales, M. Penashue a dû démissionner pour fraude électorale. Il s'est représenté dans une partielle, mais les libéraux ont repris le siège. Une première victoire pour le nouveau chef libéral, Justin Trudeau, et une grosse tache sur le bulletin de M. Harper.

La révolte des backbenchers

Ce gouvernement manque de transparence et trop de pouvoirs sont concentrés au bureau du premier ministre, qui muselle les députés. Non, cette accusation contre Stephen Harper ne vient pas de Thomas Mulcair ou de Justin Trudeau, mais bien d'un conservateur pur et dur de Calgary, Brent Rathberger, qui a quitté le caucus avec fracas au début du mois. Plusieurs de ses collègues d'arrière-ban lui ont donné raison, sans toutefois le suivre. On verra ce que les militants en pensent, à Calgary, justement, la semaine prochaine à l'occasion du congrès du PCC.

Ce qui est cocasse, c'est que M. Rathberger a repris, presque mot à mot, les mêmes critiques formulées il y a quelques années par Stephen Harper à l'endroit des gouvernements libéraux de Jean Chrétien et Paul Martin.

La (dé)formation de la main-d'oeuvre

Le huitième budget Flaherty s'annonçait sans histoire jusqu'à ce qu'on tombe sur ce projet de réforme de la formation de la main-d'oeuvre et l'abolition du crédit d'impôt pour les fonds de travailleurs (comme le Fonds de solidarité FTQ), deux mesures extrêmement mal accueillies à Québec. Comme si ce gouvernement avait vraiment besoin de se couper encore un peu plus du Québec...

Idle No quoi?

L'année 2013 a commencé sur fond de révolte autochtone, avec le mouvement Idle No More et la grève de la faim de la chef Teresa Spence à Ottawa. Stephen Harper, d'abord indifférent, a été forcé de réagir et a convoqué une grande rencontre avec les chefs nationaux. La promesse d'un suivi et quelques voeux pieux auront permis au gouvernement fédéral de gagner du temps, la mobilisation autochtone s'est essoufflée et l'indifférence a repris ses droits. Quelques chefs autochtones promettent de nouvelles actions cet été, mais pour le moment, le gouvernement Harper s'en est sorti sans trop de mal. Et sans régler quoi que ce soit. Les affaires autochtones au Canada, c'est le jour de la marmotte...

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