D'abord une bonne nouvelle (elles ne sont pas si fréquentes): le gouvernement Harper fait marche arrière et s'engage à réinstaurer sa subvention de deux millions par année à Montréal International, ce qui règle du coup un dossier empoisonné entre Ottawa et Québec.

Dans le flot des mauvaises nouvelles et des milliards de déficit anticipé, deux millions pour un petit organisme, ça ne change pas le monde, sauf que...

 

Sauf que cela illustre un changement de mentalité au sein du gouvernement Harper, qui avait braqué la communauté d'affaire de Montréal et le gouvernement du Québec, en 2007, en coupant bêtement la subvention versée à Montréal International.

Financée par Ottawa, Québec, Montréal et par le secteur privé, Montréal International a pour mandat d'amener dans la métropole des sièges sociaux d'organisations internationales, comme l'Agence mondiale antidopage, l'une de ses plus belles prises.

Le retrait du fédéral, en 2007, avait provoqué une commotion à Montréal et déclenché une guerre de mots entre les ministres Jean-Pierre Blackburn, à Ottawa, et Raymond Bachand, à Québec.

Le nouveau ministre du Développement économique, Denis Lebel, semble adopter une approche plus conciliante et l'entente devrait être annoncée le 9 juin, selon une source conservatrice bien informée.

Une autre annonce, touchant cette fois le financement de World Trade Center Montréal (organisme de démarchage à l'étranger rattaché à la chambre de commerce de Montréal), devrait suivre dans les semaines suivantes.

Bonnes nouvelles pour Montréal. Bonne nouvelle pour les conservateurs, aussi, qui semblent avoir appris de leurs coûteuses erreurs du premier mandat.

Depuis quelques mois, on sent clairement que les ministres Christian Paradis (Travaux publics) et Denis Lebel (Développement économique) font de louables efforts pour payer les pots cassés. Ils sont plus attentifs, moins frondeurs, notamment avec le milieu culturel et les organismes de développement économique.

Ils communiquent mieux aussi, signe qu'ils sont plus sensibles à leur image. La semaine dernière, les collègues de RDI étaient bien surpris de voir les ministres conservateurs de Québec se porter volontaires pour des entrevues sur presque tous les sujets d'actualité au lendemain du grand rassemblement partisan à Montréal. Voilà tout un changement avec le premier mandat: les élus conservateurs sont «parlables», eux qui fuyaient les médias comme la grippe porcine auparavant.

Bien sûr, il en faudra plus pour que les conservateurs changent le triste sort annoncé par les sondages au Québec, et en particulier à Montréal. Cela dit, on leur a tellement tapé sur la tête pour leurs mauvais coups, ce n'est que justice que de relever le changement d'attitude.

Pressés de lancer les grands chantiers censés relancer l'économie, les conservateurs voudraient bien en faire plus - et surtout plus vite - mais les traditionnelles cérémonies de première pelletée de terre sont retardées en ce moment pour une raison bêtement logistique: les ministres Christian Paradis et Raymond Bachand n'arrivent apparemment pas à trouver des plages communes disponibles à leur agenda respectif!

«Le ministre Bachand est aux Finances, au Développement économique et il est responsable de Montréal, il est trop occupé pour faire des annonces, déplorent des conservateurs au centre des pourparlers. En plus, ces temps-ci, il en a plein les bras avec la Caisse (de dépôt) et avec les FIER...»

Selon les conservateurs, trois ou quatre gros chantiers sont prêts à être lancés à Montréal et n'attendent que... le ministre Bachand.

La rumeur à Québec veut que Jean Charest allège la tâche de son superministre en nommant un nouveau ministre du Développement économique, ce qui serait, à l'évidence, une très bonne chose.

On admet par ailleurs dans les rangs conservateurs que les disponibilités du ministre Paradis sont aussi limitées puisque les membres d'un gouvernement minoritaire sont le plus souvent réquisitionnés aux Communes.

C'est tout de même ironique: les partis de l'opposition accusent les gouvernements Harper et Charest de branler dans le manche (de pelle), mais les retards dans les travaux sont causés, en partie, par les travaux parlementaires.

Le bras politique, décidément, est bien mal équipé pour donner un élan à l'économie.

Mal équipé et même impuissant, à en juger par la réaction cette semaine du ministre fédéral des Finances, Jim Flaherty.

Le pauvre homme avait l'air complètement dépassé par l'ampleur du déficit, qui vient d'exploser de 34 à plus de 50 milliards.

Toute la semaine, les porte-parole conservateurs ont fait de vaillants efforts de diversion en expliquant que les prévisions du déficit sont basées sur des chiffres avancés par des économistes du privé.

Cette défense visait à nous rassurer, mais dans les faits, il s'agit plutôt d'un autre terrible aveu d'impuissance.

vincent.marissal@lapresse.ca