Vos ados travaillent cet été? Caissière à l'épicerie du coin, plongeur au restaurant, sauveteur à la piscine du quartier... Merveilleux! Pour avoir commencé à travailler vers 13-14 ans comme gardienne d'enfants puis comme aide-monitrice de ski, je crois qu'il n'est jamais trop tôt pour se mettre à l'ouvrage.

Mais en juillet dernier, un épouvantable accident survenu en Alberta a relancé le débat sur l'âge minimum pour occuper un emploi. L'avant-veille de son 16e anniversaire, un garçon qui travaillait dans une entreprise de pierres concassées est mort après avoir été happé par un convoyeur.

Cet événement atroce a remis en lumière le fait que les jeunes Albertains peuvent occuper n'importe quel emploi dès l'âge de 15 ans, quoique le consentement des parents et la supervision constante d'un adulte soient requis pour certains postes.

En Ontario et au Manitoba, les règles sont plus strictes. Il est interdit de travailler dans des secteurs dangereux, comme la construction, la foresterie ou les mines, avant l'âge de 16 ou 17 ans.

Mais au Québec, les règles sont beaucoup plus souples. En fait, le Québec est la province la plus permissive quant au travail des enfants.

Chez nous, il n'y a pas d'âge minimum pour décrocher son premier boulot. Toutefois, plusieurs employeurs imposent leur propre limite. Par exemple, La Ronde emploie les jeunes à partir de 16 ans seulement. À la Ville de Montréal, il faut aussi avoir 16 ans pour être moniteur de camp de jour. Mais les aides-moniteurs peuvent commencer leur «carrière» dès l'âge de 13 ans.

Avant 14 ans, la loi exige que les parents fournissent leur consentement écrit. Et avant 18 ans, la loi interdit de confier un travail disproportionné par rapport aux capacités, une façon vague de s'assurer que des mineurs ne se retrouvent pas dans des postes trop dangereux.

«On mise sur la responsabilité des parents et on s'en remet au bon jugement des employeurs», résume Johanne Tellier, directrice du centre juridique de Montréal pour la Commission des normes du travail.

Les statistiques de la Commission démontrent que le travail chez les jeunes provoque peu de vagues.

Au cours des cinq dernières années, les salariés de moins de 18 ans ont déposé près de 1700 plaintes d'ordre pécuniaire (ex.: heures supplémentaires non payées, non-respect du salaire minimum) et près de 300 plaintes d'ordre administratif (ex.: bulletin de paie incomplet), ce qui représente 2 à 3% du nombre de plaintes totales.

Bien des parents qui se creusent les méninges pour occuper leurs ados durant l'été se réjouissent de voir leur progéniture se mettre rapidement au boulot.

À partir de 13 ans, plusieurs enfants se font tirer l'oreille pour aller dans un camp de jour. Trop bébé! Mais sans activité encadrée, ils risquent de passer l'été devant une console de jeux vidéo. Pas question!

Alors, pourquoi ne pas se trouver de la besogne? En plus de gagner de l'argent, les adolescents qui travaillent accumulent une précieuse expérience qui facilitera ensuite leur entrée sur le marché du travail.

Mais pour certains parents, le travail d'été peut devenir un casse-tête, surtout si l'employeur de junior ne veut pas lui donner congé. L'enfant ne pourra pas suivre sa famille en vacances, mais il demeure trop jeune pour rester à la maison tout seul. Dilemme. Faudra-t-il faire une croix sur les vacances en famille?

D'autres parents craignent qu'un travail rémunéré amène peu à peu leur enfant à se désintéresser de l'école.

Qu'ils se rassurent! Le travail chez les étudiants n'est pas du tout contre-indiqué pour la réussite scolaire. En fait, c'est une question de dosage.

Plusieurs études ont démontré que le fait de travailler environ 10 à 15 heures par semaine a même un effet bénéfique sur les notes. En outre, on compte moins de décrocheurs chez les jeunes qui travaillent un nombre d'heures limité (de 1 à 20 heures) que chez ceux qui ne travaillent pas du tout.

Par contre, les élèves qui travaillent beaucoup (plus de 20 ou 30 heures semaine) ont tendance à avoir de piètres résultats scolaires et sont plus à risque d'abandonner l'école.

À l'approche de la rentrée, tenez-vous-le pour dit: la modération a bien meilleur goût.

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Travail des enfants : Les règles du jeu dans différentes provinces

Québec

Pas d'âge minimum

> Avant 14 ans: Nécessite le consentement écrit des parents

> 16 ans et moins: Pas le droit de travailler durant les heures de classe.

> 17 ans et moins: L'employeur ne doit pas confier un travail qui dépasse les capacités de l'enfant. Il ne peut pas non plus le faire travailler entre 23h et 6h (sauf les camelots, les gardiens d'enfants et les moniteurs de colonies de vacances).

Alberta

Interdit de travailler avant 12 ans

> 12 à 14 ans: Le travail est limité à certains types d'emplois (ex.: commis de bureau, camelots). L'enfant doit toujours être sous la supervision d'un adulte. Pas le droit de travailler plus de 2 heures par jour les jours de classe ou 8 heures par jour les autres jours. Interdit de travailler entre 21h et 6h.

> 15 à 17 ans: Interdit de travailler entre minuit et 6h. Dans certaines industries, le consentement des parents et la supervision constante d'un adulte est requise.

Colombie-Britannique

Avant 12 ans: Nécessite l'autorisation spéciale du ministère du Travail

> 12 à 14 ans: Autorisation parentale requise. L'enfant ne doit pas travailler durant les heures de classe. Il doit se limiter à 4 heures de travail les jours d'école et à 7 heures les autres jours. Maximum de 20 heures par semaine pour ceux qui ont de l'école cinq jours par semaine et de 35 heures semaine pour les autres semaines. Supervision constante d'un adulte requise.

Ontario

Pas d'âge minimum. Mais il est interdit de travailler dans certains secteurs comme les établissements industriels (avant 14 ans), les manufactures (avant 15 ans), la construction (avant 16 ans) et les mines (avant 18 ans).

> Interdit de faire travailler un jeune de 16 ans et moins durant les heures de classe.

Manitoba

Le Manitoba a les règles les plus restrictives au Canada.

> Avant 12 ans: Circonstances spéciales uniquement

> Avant 16 ans: Nécessite une autorisation spéciale du ministère du Travail, sauf pour le gardiennage. Pas le droit de travailler entre 23h et 6h, jamais plus de 20 heures par semaine. Interdit de travailler dans la construction, le secteur manufacturier, etc.

> Avant 18 ans: Interdit de travailler dans la foresterie, les mines, etc.

Sources: Commission des normes du travail des différentes provinces