Vous songiez à faire des rénovations? Voici de quoi vous convaincre d'appeler un entrepreneur sans plus tarder. Québec offre aux particuliers un bonbon trois couleurs: vert, rouge et noir. Avec la création du crédit d'impôt ÉcoRénov, hier, Québec mise sur l'économie verte pour éviter que l'économie sombre dans le rouge, tout en luttant par la bande contre le travail au noir.

La friandise fait saliver. Les propriétaires qui entreprendront des travaux d'ici le 31 octobre 2014 pourront réclamer un crédit d'impôt de 20%, jusqu'à concurrence de 10 000$ par résidence, qu'elle soit principale ou secondaire.

Le crédit est plus ciblé que l'ancien crédit instauré par Québec au lendemain de la crise financière afin d'encourager les particuliers à faire des rénovations, peu importe leur nature.

Mais la liste des rénovations "vertes" admissibles au nouveau crédit est quand même assez longue: isolation, installation de portes et de fenêtres, remplacement du système de chauffage, aménagement d'un toit vert, réfection d'une fosse septique, et j'en passe.

Par ailleurs, le nouveau crédit sera plus accessible et généreux que l'ancien. En 2009, seules les dépenses au-delà de 7500$ donnaient droit au crédit de 20%. Ce plancher relativement élevé avait découragé beaucoup de ménages de se lancer dans les travaux. Trop d'efforts pour obtenir un cadeau de 2500$ maximum.

Québec semble avoir pris note de leurs doléances. Avec le nouveau crédit ÉcoRénov, seule la première tranche de 2500$ de dépenses n'est pas admissible. Il faudra tout de même dépenser 52 500$ pour obtenir le crédit maximal de 10 000$.

Québec s'attend à verser 100 millions à quelque 23 000 ménages, ce qui représente une aide fiscale moyenne de 4000$. En considérant que chaque famille dépensera environ 24 000$, le crédit soutiendra donc des investissements de plus d'un demi-milliard de dollars.

Mais ce n'est pas tout. Les propriétaires qui veulent remplacer leur vieille fournaise au mazout par un système de chauffage moins polluant pourront obtenir une autre subvention.

Québec a débloqué 15 millions additionnels pour ajouter un autre volet au programme Rénoclimat. Ce programme donne déjà un coup de main allant jusqu'à 12 000$ aux propriétaires qui font des rénovations écoénergétiques (isolation du grenier, installation d'un système de géothermie, etc.).

Désormais, le programme accordera une aide allant jusqu'à 1275$ aux particuliers qui remplaceront leur système de chauffage fonctionnant à l'énergie fossile par un système utilisant une source d'énergie renouvelable, une opération qui coûte environ 4600$, selon le ministère des Finances.

Cela réduira de 27% le coût de conversion, et même de 37% en incluant le crédit de 420$ d'ÉcoRénov. C'est sans compter les économies d'énergie dont les propriétaires bénéficieront ensuite, année après année. Ça vaut la peine!

Québec estime que ces mesures combinées encourageront 31 500 ménages à se débarrasser de leur vieux système de chauffage inefficace d'ici 2017, ce qui permettra de réduire les émissions de gaz à effet de serre.

Certains répliqueront que les familles auraient fait toutes ces rénovations quand même. Il y a un peu de vrai là-dedans.

Mais en offrant le crédit ÉcoRénov pour 12 mois seulement, il y a fort à parier que plusieurs ménages devanceront leur projet ou profiteront de l'aide offerte par Québec pour effectuer des travaux plus coûteux que prévu. Du coup, l'offensive fouettera l'économie de la construction, à court terme.

On avait d'ailleurs observé un miniboom des rénovations, en 2009, grâce aux crédits d'impôt de Québec et d'Ottawa. Leur offensive temporaire avait aussi permis de réduire le travail au noir, avait constaté l'Association provinciale des constructeurs d'habitations du Québec (APCHQ).

Cette fois encore, la nouvelle initiative de Québec, qui s'inscrit dans le cadre de la Politique économique Priorité Emploi, arrive à point nommé pour l'industrie de la construction. En effet, les mises en chantier ont fondu de 23% en 2013. Les travailleurs de la construction qui ont moins de boulot dans la construction de maisons neuves pourront se rabattre vers la rénovation.

Tant mieux pour le marché de l'emploi. Mais ces mesures temporaires ne règlent pas les problèmes auxquels sont confrontées les jeunes familles qui ont bien du mal à acheter leur première maison, à cause de l'ascension des prix des maisons.

Des programmes d'accession à la propriété et d'aide à la rénovation, plus permanents et plus structurants, restent les bienvenus.