C'est un oeil au beurre noir pour la FTQ et la CSN. Fini le crédit d'impôt fédéral pour les fonds de travailleurs!

Le crédit fondra à partir de 2015 pour disparaître entièrement en 2017. Une économie de 160 millions de dollars par année pour Ottawa.

L'abolition du crédit frappera de plein fouet le Québec, qui reçoit 85% de cet argent. En fait, le Fonds de solidarité FTQ est, de loin, le plus important fonds de travailleurs du Canada. Et Fondaction de la CSN arrive bon deuxième.

Ces fonds permettent d'obtenir un crédit de 15% tant au fédéral qu'au provincial, un cadeau valant jusqu'à 1500$ pour les Québécois qui investissent le maximum de 5000$ par année. Sans compter la déduction REER.

Mais en se fondant sur des études de l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), Ottawa estime que ces fonds parrainés par des syndicats ne sont plus un moyen efficace pour stimuler le capital de risque. Le fédéral préfère injecter 400 millions d'ici 10 ans dans des fonds de capital de risque dirigés par le privé.

Les fonds de travailleurs n'ont peut-être plus d'intérêt dans les autres provinces. L'Ontario a d'ailleurs aboli son propre crédit il y a quelques années.

Mais au Québec, ils demeurent un outil important. Ils investissent dans de petites entreprises qui ont difficilement accès à d'autres capitaux et ils permettent de maintenir des emplois au Québec.

Depuis 2009, le gouvernement provincial a d'ailleurs bonifié son propre crédit de 15 à 25% pour Fondaction, afin de lui permettre d'atteindre une masse critique plus rapidement.

Le retrait du crédit fédéral va saper les efforts de Québec et porter un coup dur aux fonds de travailleurs qui tentent d'attirer de plus jeunes investisseurs, à grand renfort de publicité.

Disons-le franchement, les fonds de travailleurs, avec leurs pâles rendements, ne sont pas le meilleur placement pour les jeunes qui doivent y laisser leurs économies jusqu'à la retraite.

Mais pour les investisseurs qui sont à cinq ou sept ans de leur retraite, les généreux crédits d'impôt font en sorte que les fonds de travailleurs sont un excellent placement.

Et surtout, il faut souligner que les fonds de travailleurs sont un véhicule d'épargne-retraite essentiel pour beaucoup d'employés de petites entreprises qui n'offrent pas de régime de retraite.

Espérons que ces habitués ne cesseront pas d'épargner pour leurs vieux jours.

Dans un budget qui contenait très peu de bonnes nouvelles pour les particuliers, voici un prix de consolation: le «Super crédit» pour le premier don de bienfaisance!

On compte déjà 5,7 millions de Canadiens qui donnent pour 8,5 milliards par année. Mais pour inspirer de nouveaux donateurs, Ottawa offrira un crédit supplémentaire de 25% aux gens qui donnent pour la première fois.

Normalement, les donateurs reçoivent un crédit combiné fédéral-provincial de 32,5% sur la première tranche de 200$, et de 48,2% sur les 800$ suivants.

Sur un don de 200$, le Super crédit permettra aux nouveaux donateurs de récupérer 107$ au total, soit 42$ de plus qu'un don normal, comme le démontre le tableau préparé par Stéphane Leblanc, fiscaliste associé chez Ernst&Young.

«Cela donnera peut-être le réflexe aux gens de continuer à donner par la suite», dit-il.

Autre bonne nouvelle: Ottawa abolit les tarifs douaniers sur les vêtements de bébé et les équipements sportifs, dès le 1er avril.

Les tarifs sont l'une des raisons pour lesquelles les produits coûtent plus cher au Canada qu'aux États-Unis, selon un récent rapport du comité sénatorial sur les finances.

Les consommateurs devraient économiser 76 millions par année avec l'abolition des tarifs, qui vont de 2,5% sur les bâtons de golf à 20% sur les skis et les planches à neige.

Mais encore faut-il que les commerçants leur refilent le cadeau en abaissant leur prix de vente. Ottawa promet de les avoir à l'oeil.

Le comportement des grossistes et des détaillants sera capital pour la suite des choses. Ottawa, qui est en train de revoir son régime tarifaire de fond en comble, pourrait fort bien abolir les tarifs sur une foule d'autres produits.

Mais l'objectif est de remplumer le portefeuille des familles, pas de gonfler les coffres des entreprises.