Lorsque le Canadien est éliminé, Yves, nous avons droit, dans nos médias sportifs, à toutes sortes d'allusions et de farces plates sur la saison de golf qui commence. Ces gens-là ne reculent jamais devant un cliché ou une blague facile.

Je devrais dire nous «avions», parce que c'est de moins en moins le cas. Le milieu se renouvelle, et c'est tant mieux.

Et puis le golf est en déclin, Yves, et ce n'est pas moi qui vais m'en plaindre. Je n'ai jamais aimé ce sport. J'ai joué un peu pour faire plaisir à mes amis, mais je n'ai jamais apprécié cette ambiance de country club pour Québécois qui ont réussi, les vêtements de mononcle obligatoires, le luxe de pacotille...

Le golf, c'est les manteaux Kanuk du sport, Yves. On s'affiche, on étale son compte en banque.

De sport glamour qu'il était, le golf est devenu trop cher, trop long, un peu ringard, comme ils disent à Issy-les-Moulineaux.

Ça me fait un peu de peine de te le dire, Yves, parce que j'ai su que tu avais payé le gros prix cet hiver pour reconstruire ton élan.

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Le Canadien est éliminé et nous allons nous souvenir de cette saison comme de «celle où Carey s'est blessé...». Et de ce qui aurait pu être. Ou pas, parce que les Blackhawks et les Kings sont encore plus forts que les Rangers.

Mais nous allons surtout oublier ce printemps, comme tous les autres sans Coupe Stanley. Tiens, je ne m'en souviens déjà plus. J'ai oublié Michel Therrien et sa sagesse quotidienne. J'ai oublié Pierre Houde qui croit qu'en criant, il rend le match plus excitant.

À l'an prochain, les amis.

Il faut dire que j'en ai vu, des printemps et des détails, Yves. J'ai connu l'époque où les téléphonistes de La Presse connaissaient les noms de nos enfants. C'est te dire... Il ne reste qu'une téléphoniste, Carmelle, et pas longtemps par semaine.

Aujourd'hui, je souhaite un joyeux anniversaire à la voix électronique qui me fait répéter les noms. Fran-çois Four-nier... «Je n'ai pas bien compris...»

En souvenir de toutes ces dames adorables qui faisaient tout pour nous dépanner, y compris me réveiller le matin pour un rendez-vous important. Un peu plus et j'enverrais des fleurs, mais je ne saurais pas où.

J'en ai vu, des éliminations du Canadien, Yves, mais ça ne m'a pas appris grand-chose. Tu le sais, nous avons tous les deux été minables dans nos prédictions et nos «impressions».

Mes copains se moquent de moi. Ils me disent qu'ils pouvaient se fier à nous pour savoir qui allait gagner «ce soir». Il suffisait de choisir l'autre équipe. Nous étions dignes de confiance, paraît-il. Bref, un désastre...

Dire qu'on m'appelait l'Oracle de Rosemont à une époque.

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Moi, Yves, lorsque le Canadien est éliminé, j'ai pris l'habitude de sortir mon Harley straight pipes et de pétarader de liberté, cheveux au vent...

Et puis console-toi, Yves, le Grand Prix arrive. On peut y faire de nos vies une épopée de trois jours. Pas de farce.

Glamour, mets-en.

Allez, on se donne rendez-vous au paddock?

On pourrait y exercer nos talents d'analystes...