La saison de hockey est terminée, et qui avait prédit, en septembre dernier, que le Canadien serait si haut au classement, avec 100 points?

J'étais comme tout le monde, je le voyais en huitième place après avoir bataillé pour se classer «dans le détail». (À propos, est-ce que quelqu'un d'entre vous connaît l'origine de ce terme? Mon père ne disait que le «détail» lorsqu'il parlait des séries éliminatoires. Les vieux commentateurs sportifs de la télé aussi. On les entend, dans les films d'archives, parler du fameux «détail»).

Le Canadien, donc, mérite des éloges, et tous ceux qui ont sacré sur le dos de Plekanec, Gorges, Gionta ou Therrien leur doivent des excuses. Moi, c'était Therrien la plupart du temps, mais ses méthodes vieillottes, basées sur les punitions et les menaces, fonctionnent, que voulez-vous... On peut arrêter le progrès.

Le Canadien à 100 points signifie aussi que ses partisans auront d'énormes attentes. Je les connais. Ils voient déjà loin.

Et si les p'tits gars se faisaient sortir tout de suite par le Lightning de Tampa? C'est possible, après tout. Les fans, ceux qui font des grimaces devant les caméras et qui portent une petite fortune en produits dérivés, tomberaient de haut.

En 1993, le CH avait eu tout le mal du monde à se classer pour le détail. J'étais passé à Las Vegas pour un reportage vers le milieu de la saison de hockey. Manon Rhéaume gardait les buts du Thunder de Las Vegas, et un des casinos cotait le CH à 200 contre un pour remporter le Coupe Stanley. J'ai pensé à mettre un 20$ juste pour rire, et puis je me suis dit que ça serait un 20$ jeté aux ordures. Il n'y avait aucune chance que cela se produise...

Au printemps, je pensais encore à ces 20$ non investis: 20$ x 200...

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Nous partons donc à la guerre, mais cette fois, nous avons plus que des tire-pois, comme disait Jean Perron, le héros de 1986. Lui aussi avait failli rater le détail. Mais bon...

Nous partons d'abord avec celui qui est peut-être le meilleur gardien au monde, le brave Carey, et c'est toujours un énorme avantage. Le hockey des séries est très différent: les entraîneurs resserrent leur défense et, surtout, les arbitres changent leur façon de faire, qui est déjà imprévisible.

Avez-vous remarqué que, de nos jours, si un hockeyeur brise le bâton de son adversaire en donnant un bon coup dessus, il est puni? Dans le passé, l'homme sans arme aurait cueilli un autre bâton et personne n'y aurait pensé.

C'est peut-être à cause du prix des bâtons de hockey, qui ne sont plus en bois. À 300$ pièce, les deux minutes de pénalité sont bien méritées, en effet. On n'arrête pas le progrès.

Le Lightning de Tampa n'est pas une équipe rude ni intimidante. Nous aurons donc droit à du jeu rapide, à de belles actions.

Mais s'il fallait qu'après le Lightning, un adversaire plus rugueux, une bande de brutes, les Bruins de Boston, par exemple, se présente... Cette fois, c'est Marc Bergevin qu'il faudra remercier. Il a vite repéré Brandon Prust, qui est devenu un pion important. Puis Weise, Weaver et Murray, pas des matamores, mais pas des quenouilles non plus. Et puis il y a Moen, White et le toujours redoutable Francis Bouillon, qui en a planté un autre samedi soir.

Vous remarquerez que je n'inclus plus George Parros dans le lot. C'est que je ne supporte plus de le voir se battre. Je crains le drame chaque fois.

Et puis il y a l'attaque. Vous direz que le CH est un club à un trio... Oui, mais l'an dernier, c'était un club à zéro trio. Il y a une progression.

Et vous direz que l'attaque à cinq ne produit plus... C'est pourquoi je recommande deux jours d'entraînement intensif en avantage numérique. Les défauts sont faits pour être corrigés, comme disait Viktor Tikhonov. Ou bien Youri Gagarine, je ne me rappelle plus très bien.

On s'en reparle.

Manny est de retour

Manny Pacquiao, un athlète qui fait honneur au sport de la boxe ainsi qu'à toute la population des Philippines, a remporté son combat revanche contre Tim Bradley. Il a repris sa couronne de champion WBO des mi-moyens.

C'était le triomphe de l'homme modeste, de l'homme posé et réfléchi qui a refusé de répondre à la série de provocations de son adversaire dans les médias.

Bradley l'a traité de vieux et je n'ai pas apprécié du tout. Manny lui a fermé la gueule dans un très excitant combat à Las Vegas samedi soir. Digne du Duran-Leonard au Stade olympique dans les années 80.

Il pleuvait ce soir-là et il n'y avait pas de toit sur le Big O, comme on l'appelait.

Un employé de la Ville avait amassé une petite fortune en vendant des sacs poubelles aux escortes des mafieux autour de l'arène. Pour protéger les robes, mais aussi les bijoux.

Enfin, toujours samedi, Jack McInerney a marqué dès son premier match avec l'Impact. J'ai vu par hasard son arrivée à l'aéroport de Montréal la semaine dernière. Quelques caméras et journalistes l'attendaient. Il a répondu aux questions, mais nous n'avons pas vu l'ombre d'un petit sourire.

Il faut savoir que McInerney est une gloire du soccer américain et qu'il venait de quitter l'Union de Philadelphie pour le Canada et un club qui n'avait aucune victoire en cinq matchs.

Mettez-vous à sa place. Pour les Américains, le Canada est un pays Mickey Mouse...

Je n'aurais probablement pas souri moi non plus.