Blake Geoffrion paraissait pour la première fois devant les médias montréalais et je me suis dit tout de suite: voilà bien un Geoffrion! Ils sont tous très à l'aise devant les caméras.

J'ai connu les deux précédents. Danny, son père, était un joueur moyen qui avait eu le malheur d'arriver à Montréal, en 1979-1980, pendant que son père Bernard était l'entraîneur du Canadien. Un coup de marketing qui avait mal tourné. Nous avions été témoins d'un de ces drames dont le Canadien et ses partisans ont le secret.

Boum Boum n'osait pas trop faire jouer son fils, de peur d'être accusé de favoritisme. Danny en a avait souffert. Il ne jouait pas assez pour faire ses preuves et chaque fois qu'il sautait sur la patinoire, à peine échauffé, la pression était énorme.

Guy Lafleur, en homme de coeur qu'il était et qu'il est toujours, avait pris publiquement la défense des Geoffrion. Mais c'était peine perdue. Danny est vite passé à une autre équipe, les Jets de Winnipeg. La situation était insoutenable pour lui et pour son père.

Mais Danny gardait toujours le sourire quand les caméras se braquaient sur lui. Il était accueillant, il était drôle comme son père, avec un peu de mal à parler français.

J'ai rencontré Bernard seul à seul après sa retraite. Il était de passage à Montréal avec la toujours élégante Marleen - aujourd'hui, on dirait glamour -, la fille de Howie Morenz, qui était très gentille, elle aussi. Boum Boum m'avait accueilli comme un parent dans une chambre d'hôtel du centre-ville. C'était au temps où les chambres d'hôtel étaient très petites. Il avait tassé les meubles pour m'expliquer comment, au Centre Immaculée-Conception, il avait inventé le lancer frappé. Des moments comme ceux-là, on ne les oublie jamais. Même mon père était épaté quand je lui avais raconté cette anecdote, lui qui était farouche partisan des Red Wings de Detroit.

D'autres ont prétendu avoir inventé le slapshot, mais l'histoire a retenu le nom de Bernard Geoffrion, parce que l'histoire retient toujours les noms de ceux qui parlent le plus fort. Il y a des gens qui sont nés pour avoir le devant de la scène.

Boum Boum était déjà américain à cette époque. Il avait choisi Atlanta comme ville de résidence et il trouvait que les Américains, «ils l'ont, l'affaire».

Blake n'entend pas un mot de français, évidemment, ce n'est pas dans les habitudes de la famille. En fait, Boum Boum, qui était crooner dans ses temps libres, était déjà hollywoodien avant de quitter le Québec. Il était apparu en même temps que la télévision et tous les deux étaient faits l'un pour l'autre. Mais c'était surtout un monsieur adorable qu'on aurait aimé revoir et côtoyer.

Enfin, non, je n'ai pas connu Howie Morenz...

Arménie 3, Canada 1

Je me demande toujours comment un pays riche et peuplé d'immigrants français, allemands, italiens et sud-américains peut toujours être aussi nul en soccer.

Si vous lisez le compte rendu de ce match amical qui a eu lieu hier, vous comprendrez entre les lignes que les Canadiens ont eu droit à une leçon. Il y a sûrement une tradition de soccer en Arménie, mais, autant que je sache, ce petit pays pas tellement choyé n'est pas une puissance mondiale.

Et puis, le Canada a l'habitude de perdre contre la Jamaïque et même Trinité-et-Tobago. La honte.

Ça serait bien d'être membre de la phase finale de la Coupe du monde de temps en temps...

Si la tendance se maintient, les gens de l'Association canadienne de soccer vont demander plus de fonds. C'est toujours une question d'argent, selon eux.

J'en doute.

Sac à papier

Est-ce une première? Des partisans du Canadien avec des sacs de papier sur la tête, je ne me souviens pas d'en avoir vu... Peut-être que je dormais. J'aurais raté ceux-là si je ne les avais pas vus dans un journal.

Il était temps, si vous voulez mon avis. Sinon, les Montréalais vont passer pour des abrutis qui ne savent pas lire le score ni le classement.

Je me demande ce que Boum Boum en aurait pensé. Il aurait été déçu, mais il aurait trouvé le moyen de nous faire rire.

Photo: Robert Nadon, archives La Presse

Danny Geoffrion (20) n'a pas connu un passage facile chez le Canadien. Son père Bernard (à l'arrière-plan en haut) dirigeait l'équipe et il ne voulait pas trop l'utiliser de peur d'être accusé de favoritisme.